S'identifier - S'inscrire - Contact

Bilan général des élections en Espagne

Par Jean-Paul Damaggio • Internationale • Mardi 26/05/2015 • 0 commentaires  • Lu 2172 fois • Version imprimable


Il y avait des élections municipales et des élections dans les autonomies (régionales).

Le mode de scrutin est à la proportionnelle depuis la mort de Franco engendrant d'un côté, un nombre considérable de partis politiques ayant des élus (50 partis), et de l'autre un bipartisme pour ceux qui préfèrent le vote dit "utile". Contrairement à ce qu'on entend, le bipartisme a toujours été malmené par les autonomies. Il est rare que PP et PSOE aient eu la majorité absolue. Il a fallu le plus souvent des alliances avec les Catalans centristes de CiU par exemple. Comme dans tous les pays européens ce bipartisme est en recul pour quels résultats ?

La situation espagnole dans les mairies et les autonomies va donc poser fortement la question de négociations avec Podemos et Ciudadanos qui viennent d'entrer dans la cour des grands.

1 ) La disparition d'Izquierda Unida

Izquierda unida est né en 1986 presque 20 ans avant le Front de Gauche. J'ai suivi les problèmes de ce parti charpenté autour du PCE. Il y a eu des hauts et des bas mais l'arrivée de Podemos efface clairement ce courant même si, encore aux dernières européennes, les scores étaient bons. Depuis un an, la montée en puissance de Podemos a fait qu'en Andalousie où IU gouvernait avec le PSOE le nombre de sièges d'IU est passé dernièrement de 12 à 7 sièges. Avec les Régionales de 2015 le mouvement reste présent seulement dans quatre régions : Asturies, Navarre, Aragon et Castilla y Léon (total 9 sièges). Il y avait 35 sièges sortants.

Sur les 119 sièges gagnés par Podemos 26 viennent de l'électorat IU.

Pourquoi IU n'a pas réussi à faire ce que Podemos représente quand on découvre que les objectifs sont similaires ?

2 ) Les problèmes de Podemos sont son avenir

Podemos a réussi à remobiliser un électorat déçu sur cette base simple : "tous pourris". Podemos considère qu'il y a d'un côté la caste et de l'autre le peuple donc plus aucune référence au rapport droite/gauche même si Podemos s'inscrit dans l'histoire passée de la gauche.

Sauf qu'à présent comme pour IU hier, Podemos est confronté à la question des alliances avec… le PSOE ?

Si à Madrid comme à Barcelone, pour les municipales, Podemos et ses alliés sont devant le PSOE, ce n'est nulle part le cas pour les régions. Aussi le PP demande à ce que le parti arrivé en tête puisse gouverner la région.

Pour diriger l'Aragon il y a le PP à 27%, le PSOE à 21% et Podemos 20%. Une alliance PSOE et Podemos peut diriger aussi.

3 ) Ciudadanos trouble la situation

Pour contrer la montée de Podemos un nouveau parti est né pour capter les déçus de la droite, avec Ciudadanos. Ce parti, comme Podemos, a assuré qu'il ne s'allierait avec personne.

Mais prenons le cas de Murcia : le PP, 37%, le PSOE, 24%, Podemos 13 % et Ciudadanos 12%. Si Ciudadanos s'allie avec le PP ils peuvent gouverner la région.

Les prochains jours vont-ils, par le principe des alliances, relancer le clivage droite/gauche ?

Et si c'est le cas, le PSOE ne va-t-il pas gagner une nouvelle légitimité ?

4 ) L'essentiel c'est en décembre

Podemos avait décidé de ne pas participer en tant que Podemos dans les municipales vu son jeune âge. En conséquence il y a eu des partis locaux comme Aragon se puede (23 élus) pour représenter la mouvance. Même pour Madrid, il n'y a aucun élu classé dans Podemos mais ils le sont dans Ahora Madrid.

Inversement dans les régionales il y a seulement quatre partis qui pèsent et dans ce cas Podemos représente clairement le courant qui le porte. Pour le dire autrement, la naissance de Podemos au cours des élections européennes de juin 2014 a donné du courage à des tas d'initiatives locales, initiatives qui en retour alimentent Podemos. Et si je n'ai pas écrit le mot "indignés" c'est qu'il existe à mes yeux une différence radicale entre le mouvement social et le mouvement politique. Les difficultés des uns ne sont pas celles des autres. L'indignation a ses justes raisons, trouver des alternatives, des solutions durables est une autre paire de manches.

5 ) Conclusion

Comme en Grèce, mais dans des conditions différentes (si le PASOK s'est effondré ce n'est pas le cas du PSOE), cette élection démontre le souhait des électrices et des électeur de sanctionner les politiques en place. De là à dire que le système est battu, il y a un pas difficile à franchir d'autant que le phénomène a été le même au Brésil avec l'arrivée au pouvoir du PT et dans tant d'autres cas. En conséquence, il faut suivre avec intérêt (ou même avec enthousiasme) cette ouverture vers un futur meilleur mais sans se voiler la face quant à la contre-offensive des maîtres du jeu.

Jean-Paul Damaggio

 


Partager cet article


Commentaires


Archives par mois


La Sociale

Il Quarto Stato