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Brésil, la victoire annoncée de Jair Bolsonaro

Les élections brésiliennes est-ce du Trump bis ?

Par Jean-Paul Damaggio • Internationale • Mercredi 24/10/2018 • 0 commentaires  • Lu 2189 fois • Version imprimable


Après Obama, ce fut la victoire de Trump.

Après Dilma Roussef, Bolsonaro annonce une politique à la Trump.

Dans un premier temps le Parti des Travailleurs a été éliminé par, ce que certains ont appelé un coup d’Etat judiciaire. C’est oublier trop vite qu’il a été conduit par le vice-président Michel Temer choisi par Dilma Roussef pour capter une part de l’électorat de droite ! Une présidentielle au Brésil ce n’est pas seulement un candidat mais une alliance.

Quelle alliance a permis à Bolsonaro d’accéder à la première place ?

Le colistier à la vice-présidence est le général à la retraite Hamilton Mourão. Bolsonaro lui-même est un ancien militaire.

En conséquence pas de surprise si le discours est musclé.

Il s’agit de retrouver l'ordre idyllique des dictatures tropicales, qui a laissé un héritage de milliers de victimes au Brésil !

Comment est-ce possible ?

C’est le bilan d’un échec évident du PT mais aussi des partis de droite.

Là nous retrouvons Trump qui a laissé sur place non seulement les démocrates mais aussi les classiques dirigeants du Parti républicain !

Il faut réfléchir à cette double situation : si une politique se voulant plus ou moins à gauche (le PT était plus à gauche qu’Obama) échoue, l’électorat ne joue plus l’alternance en se tournant vers la droite !

Au premier tour, il y a eu 10 millions de votes blancs et nuls (un pourcentage très élevé de 9% des suffrages exprimés) et environ 30 millions d’abstentions. Autrefois il s'agissait de gens de droite mais à présent les blancs sont de gauche. Cela signifie que Bolsonaro a obtenu moins de 42% des suffrages exprimés et un peu plus de 33% du soutien des 147 millions de citoyens habilités à voter. Un point qui disparaît chez les commentateurs et je ne le donne pas pour relativiser le succès de Bolsonaro. L’extrême-droite joue alors sur du velours.

Avec Bolsonaro, l'agression verbale et la menace d'élimination physique, d'exécution sommaire ou de la peine de mort constituent sa colonne vertébrale. La même chose avec les criminels, une excroissance sociale, comme avec les homosexuels, qu'il qualifie d'aberration naturelle, en plus d'une immoralité. Il ajoute la menace d'exécution pour ses adversaires politiques, pour le moment ceux du Parti des travailleurs. Dans leur taxonomie, les femmes constituent un genre comparable à la faiblesse. Le machisme en tant que vision du monde et politique d'État est latente.

Et les propositions sociales ?

Avec un langage binaire et primitif, sous la maxime qui veut que tous les acteurs d’un système diffamé soient éliminés, Bolsonaro propose une renaissance de son pays avec un seul acteur, lui-même, solution définitive aux maux de la cinquième puissance mondiale, son territoire, sa population et la taille de son économie, dans une atmosphère de tension où la majorité des répondants ont répondu qu’elle était disposée à démanteler la démocratie représentative.

Peut-être pourrait-on saisir l’occasion pour réfléchir à nouveau à l’effet « Jeux Olympiques » ?

De Rio à Bolosonaro ?

Les sévères interventions militaires dans les quartiers pauvres pour les “nettoyer” des trafiquants afin d’assurer une fête olympique sans incidents, alliées à des défenses portant un coup aux mesures sociales pourraient aider à comprendre l’évolution d’un pays.

Saisir aussi l’occasion pour mesurer l’effet des fausses nouvelles qui deviennent un instrument classique à l’heure du vote. Pour l’élection de Trump il a été beaucoup épilogué sur l’intrusion russe. Pour l’élection de Bolsonaro l’intrusion des USA semble moins faire la Une. Cette conjonction de phénomènes (l’utilisation aux USA et au Brésil des fausses nouvelles) pose cette question : pourquoi et comment marquent-elles les esprits ? Là aussi contrairement à une image classique, ce ne sont pas les réseaux sociaux qui imposent leurs lois mais bien les médias dominants se servant des réseaux sociaux. Ils imposent cette loi à la fois économique et politique : que le plus fort gagne ! Et les moyens importent peu par rapport aux fins ! Voici ce qu’est une fausse nouvelle : une information qui, parce qu’elle circule par la bande, fait que le citoyen croit la posséder contre les médias dominants. Alors que dans les faits elle en est une variante !

J-P Damaggio

P.S. Cet échec va-t-il faire réfléchir Laurent Joffrin ?


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