L’argument central le plus entendu dans cette plaidoirie collective fut utilisé entre autres par le rédacteur de « Marianne », Renaud Dély sur France 5 : « C’est une phrase antisémite mais Georges Frêche n’est pas antisémite !... » Cette singulière nuance fut reprise par une bonne part des commentateurs politiques qui hantent nos soirées télévisuelles (c’est sans doute pour leur capacité à de telles subtilités que ces chroniqueurs se voient disputés par toutes les émissions politiques de tous les médias). A entendre Renaud Dély, il nous faudrait donc accorder plus d’importance à ce que ne disent pas les hommes politiques plutôt qu’à ce qu’ils disent. Cela peut être vrai dans des cas bien particuliers mais en faire une généralité relèverait purement et simplement du sophisme, d’autant plus difficile à recevoir concernant le sujet qui nous occupe. S’il est un fait de société où le poids des mots est déterminant, n’est-ce pas le racisme ? Sur quoi d’autre se fonde-t-il qu’une certaine désignation de l’autre ?
Les paroles de Georges Frêche seraient donc une maladresse, une bêtise. « Voter pour ce mec en Haute Normandie me poserait un problème. Il a une tronche pas très catholique !... ». La juxtaposition des deux phrases est trop lourde de sens pour pouvoir être hasardeuse. L’évocation de la France profonde (en l’occurrence la Haute Normandie) opposée à la « tronche pas très catholique » de Laurent Fabius ne relève pas que de l’élucubration de comptoir, surtout dans la bouche d’un tel homme politique, aussi cultivé que roué. Cette rhétorique de la droite française antidreyfusarde a, malheureusement, toujours trouvé un écho dans toute une partie de la Gauche au prétexte d’un lobby capitaliste et sioniste dominant le monde.
Georges Frêche connaît aussi bien l’Histoire de France que sa région. Etant moi-même Languedocien, je connais certains discours de Montpelliérains de gauche sur les pieds-noirs d’origine juive qui constituent une bonne partie de la bourgeoisie de l’Hérault (entre autre, le milieu médical et paramédical) avec des phrases commençant par : « Ce n’est pas une histoire d’antisémitisme, mais… ».George Frêche sait sur quel velours il joue dans sa région. Il l’avait déjà prouvé dans le passé et l’indéniable popularité qu’il en tire révèle un ténébreux visage de la France (malheureusement confirmé par un récent sondage dans lequel 73% donnent tort au PS de présenter une liste contre lui).
Si les ressorts du phénomène sont clairs au niveau local, ils posent question au niveau national dans la complaisance observée chez de nombreux commentateurs des milieux politique et médiatique. Pourquoi ne peuvent-ils admettre l’évidence ? Pourquoi faut-il sauver le soldat Frêche ? Serait-ce parce qu’il incarne avec son amie Ségolène Royal la modernité européenne ? N’est-il pas en France le champion de la décentralisation ? le bâtisseur de métropoles ? le promoteur des eurorégions ? Après la défaite de Lionel Jospin, après le déclin de Ségolène Royal, la chûte de Georges Frêche en Languedoc-Roussillon ne risque-t-elle pas de porter un coup de trop à l’eurogauche française, à un PS assurant une alternance maastrichtienne ?
A l’heure où est écrit cet article, des négociations difficile se tiennent entre socialistes et écologistes pour une liste commune. De son côté, le Front de gauche a annoncé d’emblée qu’il ne ferait pas liste commune avec le PS au premier tour et Martine Aubry n’a pas insisté pour les faire changer d’avis. Il n’y a pourtant aucun doute que la fusion des trois listes PS-Europe écologie-Front de gauche assurerait la victoire. Une victoire de la gauche avec une majorité noniste serait-elle plus redoutée à Paris que la victoire de la droite ?
Pierre Delvaux , le 4 janvier 2010
2 février 2010 par Mathias Reymond
Région Languedoc Roussillon à l'encontre de Sylvain Pastor, conseiller régional Vert, qui, lors de la dernière réunion, a défendu le combat mené par la coalition contre l'implantation d'Agrexco sur le port de
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