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Air France : un tournant !

Lorsque la lutte des classes prend une tournure plus directe, rien ne sert aux responsables de s’offusquer. A moins de vouloir camoufler ses propres responsabilités, mieux vaut s’interroger…

Par Jacques Cotta • Actualités • Mardi 06/10/2015 • 0 commentaires  • Lu 3104 fois • Version imprimable


Les images ont fait le tour du monde. Des membres éminents de la direction de la compagnie "Air France", chemise arrachée, contraints sous la pression d’une partie du personnel de quitter un CCE sous la protection sommaire de vigiles appartenant à une société privée.
 
A la veille du sommet sur « le dialogue social » organisé par le gouvernement de François Hollande et Manuel Valls dont le but est d’enchaîner les organisations syndicales, principalement la CGT et FO, en les intégrant ouvertement à la bonne marche de la politique gouvernementale, de leur ôter tout semblant d’indépendance, les images d’une direction pourchassée par des employés mécontents font désordre.

Pour comprendre le déroulement de faits qui risquent de ne pas demeurer anecdotiques et de se répéter, il est urgent de s’interroger sur les causes de telles réactions.

Au lendemain de ce fameux CCE d’air France, le ministre Vidalies a réclamé sur les chaines de télévision « des sanctions pénales ». Un peu plus tard, le premier ministre Manuel Valls, dans les locaux de la compagnie d’aviation, a traité les auteurs de tels actes de « petits voyous » et réclamé lui aussi des « sanctions exemplaires ». Quant au président de la république, il a déploré la « dégradation » du dialogue social et regretté qu’une telle « image de la France » ait été délivrée.

Rien parmi toutes ces déclarations sur les raisons qui poussent des salariés à n’en plus pouvoir !

Nos gouvernants savent pourtant pertinemment que l’origine de tels débordements se trouve dans l’annonce faite par la direction d’Air France de milliers de licenciements et dans le désarroi et le désespoir que cela provoque au sein du personnel. Et comme si de rien n’était, ils gomment cette réalité pour substituer la morale -"la violence c'est pas bien"- sans dire un mot de la vérittable violence sociale, à la politique.  Voir l’action de quelques voyous lorsque le CCE est envahi par des dizaines de drapeaux syndicaux, de FO et de la CGT notamment, c’est ne pas vouloir comprendre que la réalité est celle d’une « intersyndicale » à la base plus que celle d’un commando incontrôlé.

Air France risque fort de marquer un tournant dans les relations sociales qui vont se nouer prochainement. Face aux tentatives d’enchaîner les organisations syndicales à la politique gouvernementale, la base indique une volonté contraire. Cela prend une importance d’autant plus particulière qu’il ne s’agit évidemment pas d’une simple question d’aviation. Dans tous les secteurs le gouvernement de François Hollande et Manuel Valls, appliquant les directives de l’Union européenne lorsqu’il ne les devance pas, doit s’attendre à des réactions dont le cours est imprévisible.

Tout berger le sait : on ne peut espérer tondre un troupeau de moutons jusqu’au sang sans entendre un bellement. 
De même, on ne peut vouloir mettre à genou un peuple, ses salariés, ses jeunes, ses retraités, ici comme cela a été testé en Grèce, sous la direction des gouvernements conciliants avec l’UE, sans s’attendre à des réactions déterminées.

Jacques Cotta
Le 6 octobre 2015

 

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