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Alstom-Siemens ou la volonté consciente de détruire l’industrie française...

... Lorsque Macron vend le patrimoine français

Par Jacques Cotta • Actualités • Mercredi 04/10/2017 • 0 commentaires  • Lu 3323 fois • Version imprimable


Quelques jours seulement après l’affaire Alsthom – Siemens qui durant une petite journée aura défrayé la chronique, il n’est plus question dans le débat public de ce qui pourtant aurait dû être considéré comme un événement de première importance. Le silence qui s’est abattu est à la hauteur du dérangement causé dans les hautes sphères politiques et économiques. En effet, l’affaire Alstom est démonstrative d’une politique consciente qui vise la liquidation de notre industrie. L’affaire Alstom est de plus annonciatrice d’une débandade généralisée qui malheureusement dépasse la seule industrie ferroviaire.

Des faits transparents

A en croire la version officielle, Alstom Siemens, deux champions du ferroviaire, seraient donc destinés à unir leurs forces pour donner naissance à un champion européen pour le train, le métro ou encore la signalisation, susceptible de concurrencer le chinois CRRC, premier mondial du secteur. Tout y est, des arguments apparemment de bon sens, pour tenter de convaincre du bien-fondé de la « fusion ». Mais les faits sont tout autres.

Officiellement le mariage serait équilibré. Le modèle suivi serait celui d’Airbus, une véritable réussite européenne, reconnue par tous, souverainistes compris. Un airbus du rail, qu’y aurait-il donc à redire ? Si cela était vrai, il faudrait en effet féliciter l’initiative. Mais la « fusion » Alstom-Siemens n’a rien à voir avec cela.

Airbus était un groupe à parité égale entre français et allemands. Une parité préservée au niveau du capital avec le développement de l’entreprise. Le parallèle avec Airbus pourrait être sérieusement tenu si l’état français était maintenu comme actionnaire de poids aux côtés des allemands. Mais il n’en n’est rien. L’Elysée soutient en effet la fusion, mais le gouvernement français se retire. Ainsi, Siemens apporte des activités ferroviaires payées en actions et s’affirme de fait comme l’actionnaire de référence. Siemens aura les clés de la bourse et donc décidera de la stratégie économique et industrielle.

Les apparences ne peuvent faire oublier cette réalité.
  • « Le siège sera en France », une preuve d’intelligence et de savoir vivre des allemands qui pourront ainsi joindre l’utile –la prise d’Alstom- à l’agréable –des visites à Paris pour venir prendre des décisions conformes aux intérêts des actionnaires.
  • « Le premier PDG sera français », la preuve que dans le domaine économique et industriel, on trouve aussi des « collabos » serviles de bonne volonté.
  • « Les ouvriers français auront du boulot », dans un avenir proche en Allemagne dans le meilleur des cas. Ils pourront toujours user de la flexibilité et à terme faire preuve de mobilité.
Et la majorité du capital revient à siemens, qui donc aura le dernier mot pour décider. A terme, cette entreprise qui décidemment n’a rien de commun avec un « airbus du rail », se retrouvera naturellement sous pavillon allemand. Le sort qui attend Alstom est celui d’Alcatel avec Nokia, des chantiers navals avec Fincanteri (un airbus de la mer sans doute), ou de la branche hydro d’Alstom avec General Electric.

Déjà se profile la suite. Les appétits sont aiguisés. Pourquoi pas Airbus –le vrai- passant sous pavillon allemand comme l’agence spatiale européenne ? Cette réalité économique s’inscrit dans une réalité politique, et démographique, avec laquelle il est difficile de tricher. Les allemands sont un peuple vieillissant dont l’objectif est le paiement des retraites qui impose une stabilité monétaire et un euro à un niveau contraire aux intérêts du travail, et une rentabilité du capital contradictoire aux intérêts élémentaires des travailleurs.

Macron, l’UE, et la souveraineté nationale

Ainsi tous les arguments selon lesquels la désindustrialisation de la France serait une simple fatalité contre laquelle il n’y aurait plus rien à faire se trouvent mis à mal. Et c’est sans doute cela la leçon principal de l’abandon d’Alstom. La désindustrialisation est le produit d’une politique consciente qui au nom d’intérêts du capital financier fait du travail sa première victime. Le service des actionnaires, des banques et des puissances financières est contradictoire avec l’intérêt général. Il est commun d’entendre l’argument selon lequel nous ne pourrions éviter les méfaits de la mondialisation car nous ne savons plus fabriquer ce qui se fait ailleurs. Outre le fait qu’on peut toujours si on le décide prendre le chemin inverse et refabriquer ici ce que nous avons fait durant des décennies, cette difficulté est le produit des décisions politiques qui ont été prises depuis les années 70 par tous les gouvernements, de « gauche » comme de « droite ».

Les propos gouvernementaux ne peuvent cacher la responsabilité actuelle du gouvernement Macron Philippe. Sylvie Goulard, ex collaboratrice de Romano Prodi à la commission européenne, ex ministre de Macron avant que les déboires de Bayrou et de ses amis ne la poussent vers la sortie, se vante d’avoir « inspiré Emmanuel Macron sur sa politique européenne ». « Notre économie est trop faible… Il faut savoir changer de terrain de jeu… Le vrai terrain est celui de l’union européenne… Il faut donc construire une souveraineté européenne ».

Voilà donc le cœur du problème, celui de la souveraineté. La « souveraineté nationale » serait une notion archaïque lorsque la « souveraineté européenne » serait preuve de modernité. Outre l’absurdité de la notion même de « souveraineté européenne » dans un cadre où il n’existe ni peuple européen –mais des peuples distincts qui ont leur histoire propre en Europe- ni de nation européenne –mais des nations en Europe- la souveraineté européenne à l’image d’Alstom Siemens montre son véritable contenu. Il s’agit de la souveraineté des actionnaires et des intérêts privés au détriment des peuples qui se retrouvent asservis et contraints.

La seule voie cohérente que dégage l’affaire Alstom, contre la soumission à l’Union Européenne et à la dictature des marchés, et celle précisément de la souveraineté des nations libres, décidant de coopérer librement entre elles, dans le sens d’un intérêt partagé. C’est ce que dégage Airbus, et c’est contre quoi la liquidation d’Alstom vient se dresser, montrant à l’occasion les talents du chef de l’Etat, Emmanuel Macron, en tant que représentant de commerce et vendeur des intérêts et du patrimoine français à l’étranger.


Jacques Cotta
Le 3 octobre 2017

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