Tandis que l’armée israélienne s’acharne sur la population gazaouie au prétexte d’éradiquer les installations militaires et les tunnels de l’insaisissable Hamas, tu présentes ton dernier film, Ana Arabia,(« Je suis une Arabe ») utopie pacifique de coexistence entre Israéliens et Palestiniens sur fond d’histoire d’amour.
L’histoire, tirée d’un fait réel, est tournée dans un quartier où se côtoient, s’aiment parfois, Juifs et Arabes. Fidèle à toi-même, tu mêles tendresse et violence, poésie et politique, esprit et chair, chagrin et espoir.
Tu eus l’audace, mon cher Amos, d’intituler Terre promise un film et un bordel israélien exploitant brutalement des femmes amenées d’Europe centrale, de confier le rôle d’un rabbin à un acteur palestinien dans Kadosh.
Fils d’un juif fuyant en 1933 l’Allemagne nazie, réfugié à Bâle, tu t’exilas dix ans à Paris après l’opprobre jeté par les autorités israéliennes sur House et Journal de campagne. Imperturbable, serein, tu gardes le cap de ton idéal de justice et de paix.
La jeune génération de cinéastes israéliens critiques s’inscrit dans ton sillage. Eux et toi, vous êtes la lucidité d’une population aveugle conduite par les autorités sourdes d’un pays autiste. Vous êtes la conscience d’une société inconsciente, son implacable miroir.
Commentant la guerre à Gaza (http://next.liberation.fr/cinema/2014/08/01/des-accords-imparfaits-sont-toujours-mieux-qu-une-guerre-parfaite_1074343), tu dénonces le manque de courage politique. « L’an prochain, on commémorera le 20e anniversaire de l’assassinat de Rabin, je suis très tenté de faire un film autour de ça. J’étais dans l’avion qui l’amenait à Washington pour signer les accords de paix. L’effort était réellement sincère. Sans faire de fétichisme, Rabin est le premier homme politique qui a reconnu dans ses mémoires qu’Israël avait chassé les Palestiniens en 1948. Il a fait ce qu’un vrai leader politique doit faire avec son peuple : lui parler sans mentir. »
Merci. Shalom !
Gabriel Galice, Berne, le 5 août 2014