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Balkanisation du PS

Par Jean-Paul Damaggio • Actualités • Lundi 28/07/2008 • 0 commentaires  • Lu 2001 fois • Version imprimable


Il a suffi qu’une modification de la Constitution française passe d’une voix (celle du grand Jack Lang) pour que la presse étrangère reprenne des titres du genre « Rififi au PS ». Or, depuis toujours le PS est traversé de luttes de tendances, courants et sensibilités. Sauf que la nature de telles luttes a totalement changé.

Plus loin que le cas Jack Lang, le journal auvergnat La Galipote (ACAP rue du commerce 63910 Vertaizon) nous rapporte en détails l’exclusion, dans le Puy de Dôme, de 21 conseillers généraux PS sur 37 ! La Fédération du PS avait décidé de son candidat au poste de président du Conseil général et des élus PS (20) en ont choisi un autre avec l’aide du PCF et de la droite. Le contrôle de la fédération deviendrait-il plus important que la présence d’autant d’élus ? L’auteur de l’article, Marc Gachon, pense que ce phénomène de luttes au couteau se produit quand le PS est hégémonique. Or, je peux citer le cas de Castres où le PS n’était pas en mesure de reprendre la mairie et où pourtant il se paya le luxe de deux listes ! En fait, à partir du moment où la stratégie politique se rapproche de plus en plus de celle de la droite, les seuls enjeux deviennent des enjeux de personne, donc après les luttes de tendances qui étaient repérables autrefois, on a aujourd’hui des luttes de clans aux accords à géométrie variable. Comme j’ai essayé de le démontrer en d’autres occasions, il s’agit là d’un témoignage de la mutation du capitalisme lui-même. Loin d’un affrontement droite de gauche, il permet la prédominance d’une lutte de territoire propre au féodalisme. A la lumière de l’affaire du Puy de Dôme, je pense comme Marc Gachon que l’événement préfigure le futur congrès du PS. Il démontre que l’essentiel étant le contrôle des fédérations, outil décisif pour peser sur un congrès, les alliances seront donc plus tactiques que politiques. La balkanisation devient une guerre de fiefs où chacun sur son territoire fait son propre ménage pour arriver à l’heure âge dite, avec des divisions en bon ordre.

 

Le PS pourra ainsi poursuivre sa mutation le rendant plus clairement qu’auparavant acteur du système actuel. Comme le Parti démocrate italien, il va en arriver au point qu’il pourra afficher sans crainte son positionnement centriste, sauf qu’il conserve l’épine LCR ou NPA fiché dans son pied, et que par ailleurs Bayrou n’est pas décidé à s’effacer.

La responsabilité de tous ceux qui souhaitent une gauche authentique est de jour en jour plus décisive. Comment reprocher à G. Filoche de rester au PS si cette autre gauche ne construit pas les outils globaux d’une alternative ? Côté PCF, Martelli relance le modèle Die Linke en oubliant que ce parti refuse toute participation gouvernementale avec le SPD ? La nouvelle force à gauche doit, dans les conditions françaises, refuser à la fois le repli de la LCR et le suivisme du Verts et du PCF envers le PS (comme on a pu le vérifier dans l’essentiel des batailles municipales). On ne répondra pas à la balkanisation du PS par une balkanisation de la gauche de gauche.

Des outils théoriques existent, des outils d’organisation aussi, il manque seulement la volonté de poser les problèmes sans en masquer les impasses possibles, et d’avancer clairement sans chercher à faire des échéances électorales les outils de l’unification tant attendue. D’ailleurs le rapport entre la nouvelle force à gauche et le moment électoral devra prendre des voies différentes du passé, le moment électoral devenant de plus en plus piégé par le marketing.

J’ai conscience que ces quelques mots sont une goutte sans doute inutile dans la vaste histoire du rêve alternatif mais peut-on laisser se préparer le congrès du PS sans réagir ?

27/07/2008 Jean-Paul Damaggio


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