En réponse à l’article d’Alberto Asor Rosa (Il manifesto 8 août 2010) publié sur ce site je veux bien avancer quelques observations.
1 ) Je ne suis pas surpris que dès le point 1 la stratégie de Nicchi Vendola soit remise en question. « On s’étonne que même Vendola gâche sur un mot d’ordre de ce genre, le consensus sur son nom, peut-être pas du tout mérité mais sûrement pas injustifié. ». En effet, non seulement Vendola appelle à des élections anticipées mais en plus il se propose pour diriger une coalition et il arrive à un étrange consensus sur son nom qui fait même trembler l’ineffable Massimo D’Alema. A tel point que Paolo Flores d’Arcais a envoyé une lettre à Vendola et Di Pietro pour que dès à présent ils se serrent les coudes en vu de cette élection anticipée. L’objectif est de prendre de vitesse la stratégie éventuellement centriste du Parti démocrate de Bersanti.
2 ) Asor Rosa s’en prend ensuite à l’autre alternative qui montre le bout de son nez : un gouvernement technique qui serait dirigé par Tremonti l’ami de Fini capable par ses positions sociales affirmées depuis longtemps de faire l’union avec la gauche. « Et nous, nous les gens de gauche, qu’en tirerions-nous? Rien, moins que rien. »
3 ) Le raisonnement conduit après les deux thèses opposées à une proposition de solution : «Je l’appellerais « gouvernement de reconstruction démocratique » et de cette définition je ferais découler tout le reste. » Pas seulement un gouvernement technique mais un gouvernement acteur capable d’expérimenter une alternative concrète. Tout le monde le sait, en France, en Italie comme ailleurs : il faut la proposition d’un nom pour conduire une telle opération et suivant ce nom la direction des opérations peut vivre ou mourir. Il ne s’agit pas de s’en remettre à un nouveau sauveur mais il n’y a pas de gouvernement sans premier ministre.
4 ) Après des propositions de bon sens Asor Rosa échoue que la question du nom : « Dans cette situation, je ne sais qui serait disposé à assumer la charge pas insignifiante du tout d’un « gouvernement de reconstruction nationale » : je sais qui aurait le devoir de le faire. Devraient le faire, toutes ensembles, les forces qui composent actuellement l’arc constitutionnel et qui auraient décidé (si elles l’ont décidé) une rupture verticale et de non-retour par rapport à l’expérience de Berlusconi et du berlusconisme, de l’extrême gauche au centre modéré, en fonction respective et réciproque de garantie programmatique et des comportements ». A partir de là, il parle dans le vide.5 ) Il s’étonne de l’écart entre le discours de Fini et la pratique concrète politique. « Mais en somme : l’objectif final de l’opération entière ne devait-il pas être la construction d’une droite libérale moderne ouverte jusqu’aux acquis historiques idéaux et aux mœurs d’une certaine gauche – la tolérance, une législation humanitaire, les droits de l’homme et de l’environnement – et dans la déclaration lue par Fini le 30 juillet on affirme que les valeurs imprescriptibles de la nouvelle formation sont « l’amour de la patrie, la cohésion nationale, la justice sociale, la légalité – presque un programme de centre-gauche plus que de centre-droit – et ensuite on fait venir en aide, ors de cette logique, on ne sait si c’est pour des raisons tactiques ou stratégiques, deux formations typiques du vieux modérantisme clérico-catholique comme celles de Casini et Rutelli ? »
6 ) J’en reviens donc au débat Vendola, Di Pietro, Paolo Flores d’Arcais ce dernier proposant une stratégie pour « detronizzate il tiranno ». Il en appelle donc à des élections démocratiques, le problème crucial étant qu’elles soient démocratiques (étrangement au Mexique, au même moment c’est la même revendication de la gauche). En conséquence Paolo Flores d’Arcais fait porter toute sa réflexion sur les conditions à revendiquer pour que l’élection ne soit pas une farce : règles sur la télé pour assurer le pluralisme, nouvelle loi électorale sur le conflit d’intérêt… Même si elle est perdue cette bataille serait la dignité de la gauche. Sur ce point nous retrouvons les propositions de programme de Asor Rosa. Mais alors pourquoi s’adresser en priorité à Vendola et Di Pietro ? Moins que le gouvernement technique, le gouvernement de reconstruction démocratique, Paolo Flores d’Arcais pense à un gouvernement institutionnel en attendant les élections, or il sait très bien que les grands partis vont surtout discuter « partage des postes » alors que peut-être les plus petits…
Beaucoup d’agitations qui amusent le Parti démocratique car en fait c’est lui et lui seul qui a la solution entre les mains vu son poids politique ! Sauf que de solution, il n’ose en avancer une… sauf celle qui incite à ne pas brusquer les événements, ce que Berlusconi n’est pas décidé à accepter.D’où la stratégie de Vendola du petit parti Gauche et liberté qui a lancé sur son nom une opération copiée sur celle d’Obama. Il sait que le leader à opposer à Berlusconi sera choisi par des primaires et il se place dans les primaires. D’un côté il n’a aucune chance car considéré comme trop du Sud, trop communiste et trop homosexuel. D’un autre, il aura un soutien indirect de Berlusconi heureux de mettre un pavé dans la mare de son opposition. Aussi avec l’aide des médias, avec son audace il espère bousculer le jeu politique et assurer de toute façon un contre-poids à la tendance «alliance au centre » qui ronge la gauche.
Septembre sera très chaud en Italie. Berlusconi serre les boulons, le « traître » Fini table sur la mort prochaine de son allié d’hier et la gauche patauge. Ce laboratoire mérite toute notre attention, Sarkozy est en effet l’ami de Berlusconi mais l’édition italienne de son livre des présidentielles de 2007 a été préfacé par Fini.A suivre. 12-08-2010 Jean-Paul Damaggio