A de rares exceptions près, les médias complices ne donnent à entendre qu’une seule voix à longueur de journée : celle de l’Europe financière, celle de la mondialisation. Avec ce rouleau compresseur propagandiste et les institutions bonapartistes de
la Ve République, la démocratie n’est plus que de proclamation, elle n’est même plus la « démocratie bourgeoise » du XXe siècle qui s’accommodait de grandes conquêtes républicaines et ouvrières telles que l’Etat-nation, les communes, les syndicats indépendants et le paritarisme… Avec la complicité des bureaucraties ouvrières les classes politiques française et européennes se sont constituées en caste au-dessus des peuples, une caste assurée de ses positions pourvu qu’elle assure dans chaque Etat la bonne application de la gouvernance mondiale capitaliste, laquelle ne vise à plus rien d’autre que dégager des dividendes sur tout ce qu’il reste aujourd’hui : la peau de la bête humaine (abaissement du coût du travail, destruction des droits sociaux, privatisation de tout…).
Lourde est la responsabilité de ces hommes et de ces femmes politiques qui entraînent les peuples dans la misère et la violence. Et sans tomber dans le catastrophisme, il n’est pas anodin de voir un économiste politiquement correct comme Martin Wolf écrire dans Le Monde de ce jour : « C’est la brutale austérité des années 1930-1932 qui amena Adolf Hitler au pouvoir et non l’hyperinflation ».
Dans l’élection présidentielle à venir, nous voyons se mettre en place le dispositif du non-choix avec une acuité particulière liée à la crise financière. Cette crise, nous le savons, est instrumentalisée sinon voulue par la Finance afin de faire accepter aux peuples la spoliation de leurs acquis (industries, services publics, droits sociaux, etc…). C’est pourquoi, comme en 2005, la classe politico-médiatique française se serre les coudes pour assurer l’élection d’un président garantissant la politique ultra-libérale et fédéraliste de l’Union Européenne.Dans cette situation où les institutions de la Ve République mêlent étroitement leur destin à celui du capitalisme mondialisé et pourrissant, n’est-il pas temps de proposer aux Français une autre alternative démocratique que cette sinistre farce présidentielle ?
Au moment où les spéculateurs et leurs amis politiques sont sur le point de nous faire partager le sort de nos voisins grecs et espagnols, l’heure n’est elle pas au rassemblement de tous les républicains sociaux sincères dans un gouvernement de salut public ? Au-delà de leurs nuances, des hommes tels que Arnaud Montebourg ou Jean-Pierre Chevènement n’ont-ils pas aujourd’hui le devoir de s’allier pour sauver les fondements de la France républicaine et sociale : souveraineté populaire et économique, laïcité, services publics, industries nationales, défense nationale indépendante, démocratie communale, cantonale, départementale ?
Avant que ne soit élu un président aux ordres de la finance mondialisée pour détruire la France comme ils détruisent la Grèce, n’est-il pas temps de lancer un appel à tous les républicains sociaux de bonne volonté pour qu’ils se rassemblent au plus vite dans un gouvernement de salut public et pour une constituante souveraine contre les diktats de Bruxelles ?
Pierre Delvaux