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Crise et pourriture de la cinquième république...

Jusqu'où et jusqu'à quand?

Par Jacques Cotta • Actualités • Jeudi 28/08/2014 • 0 commentaires  • Lu 3171 fois • Version imprimable


Les processus qui ont conduit à la démission du gouvernement Valls 1 et les réactions qui ont été enregistrées tant du côté du PS que de l’UMP indiquent qu’un nouveau pas est franchi dans la crise de la 5ème république mettant à jour son caractère totalement anti démocratique. A défaut d’une constituante ouvrant la voie d’une sixième république, la situation pourrissante repose sur le pouvoir absolu d’un monarque élu… Trois faits relèvent cette réalité :
  • Premièrement : Un ministre parle et se fait éjecter sans autre forme de procès !

Les déclarations d’Arnaud Montebourg mettant en cause la politique voulue par François Hollande et Manuel Valls dans la foulée de l’Union Européenne, condamnant « l’orthodoxie allemande », aurait en toute logique démocratique dû susciter un débat, d’autant qu’en toile de fond la crise économique et  sociale annonce une rentrée « agitée ». Il aurait par exemple été possible de discuter au grand jour la validité de la politique suivie, l’austérité subie par le plus grand nombre, la situation faite aux services publics et au bien commun, les avantages tirés par les puissances financières et la satisfaction donnée au Medef, la soumission aux exigences de l’Union européenne lorsque les décisions du gouvernement Hollande-Valls ne devancent pas l’appel… Il aurait été aussi possible de tirer le bilan, y compris de ceux qui aujourd’hui sont les frondeurs officiels au sein du parti socialiste… Mais il aura suffi de quelques minutes pour que le couperet tombe sans autre forme de procès… Aucune discussion, aucun débat démocratique n’a lieu dés lors que la politique suivie est mise en cause.

  • Deuxièmement : Le monarque a tranché !

« Le Président Hollande, excédé par les critiques émises par son ministre de l’économie, a demandé la démission du gouvernement » indique un communiqué de l’Elysée. C’est donc la logique extrême de la 5ème république bonapartiste qui s’affirme. Contrairement à la constitution de 58 qui sous l’impulsion donnée alors par Michel Debré indique que le gouvernement est responsable devant l’assemblée nationale habilitée à lui refuser toute confiance, c’est là le président lui-même, monarque issu de l’élection présidentielle, qui décide seul d’en finir avec le gouvernement en place pour en nommer un autre. Ainsi, c’est la représentation nationale, ce sont les députés qui se retrouvent exclus de toute possibilité de débattre. La faible dose de parlementarisme existant dans la constitution de la 5ème république se trouve ainsi niée et balayée par François Hollande qui s’arroge tous les pouvoirs dont celui de vie et de mort sur le gouvernement en place. En ce sens c’est à un véritable coup d’état auquel s’est livré le président de la république.

  • Troisièmement : La 5ème république bafouée par l’UMP.

Alors que certains demandent la dissolution, d’autres caciques de l’UMP refusent la cohabitation et exigent la démission de François Hollande. La encore, refus d’utiliser le peu de liberté que laissent les institutions de la cinquième république et le semblant de démocratie qui pourrait s’exercer, l’organisation de nouvelles élections passant par un débat national incontournable.

Il est de bon ton au nom de la stabilité de vanter les mérites de la cinquième république et de condamner tout retour au parlementarisme. Pourtant, c’est la démocratie qui est en jeu. La stabilité du système n’est due qu’à l’élection présidentielle, clé de voute des institutions, qui assure la présence d’un monarque aux pleins pouvoirs. Le parlement dans ce cadre n’est dans le meilleur des cas que la couverture d’un système de fait autoritaire, dont citoyens et élus sont exclus, et qui génère crise sur crise en se soumettant notamment à la politique voulue par le capital et par l’Union européenne. La cinquième république permet l’alternance en interdisant toute alternative politique. « Gauche » et « Droite » n’y ont plus de sens, la politique suivie par les uns étant identique, sinon pire, que celle voulue par les autres. Le parlementarisme, dans des situations comme celle que nous connaissons, permettrait certes toutes les combinaisons, mais au grand jour, dans un débat de fait incontournable.

La cinquième république synonyme de pleins pouvoirs donnés au monarque élu ne peut être que génératrice de crises. La démocratie exige qu’une page soit tournée, vers une sixième république et un processus constituant permettant d’en débattre et d’en décider le contenu.

Jacques Cotta
Le 27 août 2014
 

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