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Faux-bourg, quartiers, banlieues et gilets jaunes

Par Jean-Paul Damaggio • Actualités • Lundi 18/11/2019 • 1 commentaire  • Lu 1719 fois • Version imprimable


Depuis toujours le peuple est repoussé loin du centre, dans des faubourgs et des banlieues. Mais à l’heure des métropoles les classes dominantes ont désigné leurs partenaires : les quartiers (dits parfois sensibles). En retour des éléments des quartiers, fiers de cet honneur, jouent «le jeu». L’objectif ? Rendre invisible l’essentiel du pays en faisant en sorte que d’une façon ou d’une autre les métropoles forment le pays !

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Ce duo implique un double bénéfice :

-d’un côté le pouvoir expérimente dans de tels secteurs la mort des services publics, et de toute vie sociale.

-de l’autre les alliés objectifs du pouvoir dans les quartiers s’en prennent aux services publics pour suppléer à leur absence en devenant la référence, par l’organisation d’une économie parallèle.

Dans ce monde mondialisé où les métropoles doivent donner le la, les «quartiers» sont une face contestataire des dites métropoles, contre la France périphérique. Dans une région de 8 millions d’habitants même quand la métropole pèse un demi-million, elle reste socialement «marginale» (et même rejetée par ceux qui la fuient) et pourtant elle est conçue comme l’élément «moteur», pour dire «moteur» de sa propre domination !

Les métropoles, en féodalités d’aujourd’hui font des présidents de Région les seigneurs organisateurs !

Comme l’idéologie dominante ne manque pas de ressort elle s’insurge contre cette France des tribus qu’elle met en place, contre cette atomisation de la vie, une approche qui pourrait rejoindre mon portrait du capitalisme féodal, sauf que les féodalités concernent les forces dominantes, et moins la France périphérique qui elle, globalisation oblige, est partout dans le même cadre.

Pour compléter cet effort de l’idéologie dominante, observons comment, à propos des gilets jaunes, elle a tenu à mettre en avant l’absence des «quartiers» dans cette révolte. Christophe Guilluy le dit bien dans un entretien à Marianne : «Mais, n'en déplaise à beaucoup de commentateurs du mouvement qui ont voulu voir un mouvement de «Blancs», la population des ronds-points était à l'image des sociétés occidentales, devenues plurielles. Et, si les «minorités» n'étaient pas majoritaires, elles qui vivent en moyenne moins dans la France périphérique, elles étaient bien présentes, à l'instar de la petite classe moyenne maghrébine. Simplement, elles n'étaient pas là avec leur identité en étendard, mais avec les mêmes revendications. Pourtant, tout a été mis en place pour effacer cette dimension majoritaire.»

Je peux totalement confirmer cette observation.

Dans la construction officielle des «quartiers» il faudrait croire qu’ils rassemblent toute la population immigrée, alors qu’elle est partout !

Pour moi, il a été frappant de constater qu’à Toulouse Salah Amokrane élu municipal dans le cadre de la liste Motivé-e-s en 2001, et se vivant comme représentant des «quartiers» n’a pas souhaité participer aux élections régionales de 2004 sur une liste défendant les mêmes idées que la liste Motivé-e-s, préférant chercher une alliance avec les «Quartiers» plutôt qu’avec les habitants de sa région ! La Fédération des Quartiers qu’il voulait créer n’a pas fonctionné car contrairement à l’idée qu’ils sont tous dans la même galère, ils sont en fait dans des liens spécifiques avec chaque tribu de leur propre métropole. Il est aujourd’hui avec Génération.s.

 

La France des tribus ce n’est pas la France des ronds-points même si des ronds-points ont négligé le rond-point voisin. Il s’agit de tribus de féodaux en marche pour développer sans cesse la mise en concurrence des territoires. Le capitalisme dans sa généalogie ne perd pas en route les acquis précédents. Avec le capitalisme concurrentiel libéral il a élargi la mise en concurrence, avec CME il a gardé l’intervention de l’Etat mais en faisant reculer le politique, et avec le capitalisme de la séduction il a fabriqué sa machine médiatique. Aujourd’hui il éclate toutes les vieilles solidarités !

 

D’un côté nous avons la communauté nationale dont les gilets jaunes ont été les porteurs (je ne connais pas de mouvement aussi national), et de l’autre le parti de l’étranger, même si l’étranger n’est plus tel ou tel pays mais l’univers des multinationales. Pour ce dernier parti, la France se limite aux dix métropoles capitales de Régions dont leurs quartiers sont la justification ! Depuis longtemps le capitalisme cherche, à chaque époque, à trouver sa justification dans la promotion d’adversaires, dont ils dessinent le cadre de leur contestation. J-P Damaggio


 


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Commentaires

Américanisation par Anonyme le Lundi 18/11/2019 à 20:34

Il y a quelquechose que j'ai remarqué dont on parle très peu mais qui me semble essentiel : le phénomène majeur dans les banlieues ce n'est pas l'islamisation mais c'est l'américanisation. Il n'y a qu'à voir comment les jeunes de banlieues sont accros aux réseaux sociaux (Twitter, facebook, ...), au séries américaines, à la télévision, à toute une imagerie du banlieusard (polo, casquette, survet') qui est la quintessence du fétichisme de la marchandise.. (ils sont autant américanisé que les jeunes bourgeois des métropoles).

La faute majeure est celle du PCF qui tenait les banlieues rouges fut un temps puis qui s'est peu à peu embourgeoisé jusqu'à ce que son idéologie devienne complétement celle des bourgeois libéraux de gauche (il y a qu'à voir la tête du dirigeant actuel Ian Brossat qui est bourgeois des pieds à la tête, il est loin le temps où les dirigeants du PCF était des ouvriers !).

Vous avez raison dans l'article de rendre hommage aux minorités des provinces et des villages qui ne font qu'un avec le peuple et sont bien loin des délires communautaristes des banlieusards (communautarisme là aussi Made in US). Leur seul existence dément tout le faux débat qui s'est mis en place entre l'extrême-droite et les gauchistes.

Toute la question est de savoir si les beaufs vont reconquérir la gauche ou si celle-ci restera aux mains des bourges urbains.



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