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Feu Général Giap

Lettre bernois 63

Par Gabriel Galice •  • Jeudi 07/11/2013 • 0 commentaires  • Lu 2024 fois • Version imprimable


Chère Fleur de cerisier,
Je t’adresse mes profondes condoléances. Avec la disparition, à l’âge de 102 ans, du Général vietnamien Vo Nguyen Giap, un pan d’histoire se noie dans tes larmes.

Vainqueur de l’empire français, puis de l’empire étasunien, nourri de l’art chinois de la guerre et du génie tactique de Bonaparte, Giap sut vietnamiser la guerre. Il puisa dans le génie militaire national les techniques acquises au long d’une occupation chinoise millénaire, il s’instruisit de ses défaites et, au nom du peuple, sacrifia de nombreux combattants, il combina la guerre d’usure et l’effet de surprise.

La victoire vietnamienne de Dien Bien Phu contre l’armée française, in fine appuyée par la logistique étasunienne, illustre le décalage entre les certitudes des stratèges français et les convictions du Général vietnamien. Les Français avaient judicieusement choisi le site et même largué du napalm.

L’erreur des Français fut de tenir les Vietnamiens pour incapables d’acheminer des canons sur les hauteurs. L’armée vietnamienne utilisa des armements ou engins russes et chinois mais aussi de robustes vélos Peugeot, tous véhicules qui transportèrent des pièces d’artilleries démontées et du ravitaillement.

Faisant feu de tout bois, Giap avait combattu les Français et les Américains mais sa méfiance suprême concernait l’empire chinois, le plus durable occupant du Vietnam, le voisin immédiat.

Chère Fleur de cerisier, telle une feuille d’automne, il tombe. Avec ce lecteur de La Fontaine, Voltaire et Romain Rolland, la France perd un de ses meilleurs ennemis, le Vietnam son dernier héros et le monde un modèle de patriote.

J’embrasse tes pétales, chère Fleur de cerisier.

Ton Guillaume tel qu’au soleil couchant : songeur.

Berne, le 31 octobre 2013

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