Les futurs bacheliers scientifiques n'auraient donc nul besoin d'étudier le long processus d'élaboration de la nation dur un plan historique, non plus que sur le plan géographique la manière dont les hommes, leurs aïeux,ont façonné leur pays. Au moment où ce gouvernement juge urgent de lancer un débat sur l'identité nationale, que nous jugeons d'ailleurs stupide et inutile et auquel nous ne prendrons pas part, cette mesure va priver la jeunesse française des moyens de se faire une idée raisonnée de l'évolution de leur patrimoine national que constituent leur sol et la genèse de leur pays, mais aussi de la place de la France dans le monde et des liens que son histoire lui a permis de nouer avec les autres pays, souvent au prix de conflits meurtriers mais aussi grâce aux échanges culturels, artistiques , religieux, qu'elle a tissé avec eux tout au long es siècles.
Commencer à considérer l'histoire et la géographie comme quantité négligeable c'est amorcer un repli identitaire dangereux qui rapidement conduira à l'appauvrissement de notre culture et à notre isolement.
Le gouvernement dans sa hâte à casser la République et la démocratie , dans sa vision à courte vue qui privilégie l'immédiateté du saccage au temps long de l'histoire et de la réflexion constructive, rompt le pacte républicain et jette à la poubelle les valeurs héritées de Valmy, d'Hugo, de la Commune, des morts de Verdun, de 1936, de 68. Ce gouvernement insulte aussi tous les enseignants d'histoire-géo d'hier et d'aujourd'hui, l'héritage des Lavisse, Vidal de la Blache, Elisée Reclus ou encore Lucien Febvre.
" La Géographie n'est autre chose que l'Histoire dans l'espace, de même que l'Histoire est la Géographie dans le temps" ( Elisée Reclus)
"L'Histoire ? Un moyen d'organiser le passé pour l'empêcher de trop peser sur les épaules des hommes" ( Lucien Febvre)
Jean-Pierre Falies
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À cette liste de nos grands historiens, il faut ajouter Marc Bloch, honteusement exploité par Guaino et sa marionnette Sarkozy - qui évidemment n'a sans doute jamais lu Marc Bloch - puisque, selon plusieurs témoins, confesse n'avoir jamais lu jusqu'au bout le livre qu'il a signé et consacré à Georges Mendel.
En tout cas, par ces temps sombres, on ne peut que recommander la lecture de "Cette étrange défaite", de son "Apologie pour le métier d'historien" et tant d'autres ouvrages, sans oublier son travail magistral sur "La Société féodale".
DC