La SPD a réalisé aux dernières élections les pires résultats de son histoire et des élections anticipées lui promettaient bien pire encore. Ce parti, lessivé par Schröder et par la « grande coalition » n’est plus que l’ombre de lui-même et on voit mal pourquoi il ne suivrait pas vers l’abîme le chemin du PS français, du PASOK grec ou de la gauche italienne. Mais cette désagrégation de la « gauche » ne signifie par la mise hors-jeu de la classe ouvrière. Leçon précieuse que l’on pourra bientôt vérifier en Italie.
Ce serait donc une faute de tirer un trait sur la lutte des classes pour se concentrer sur des luttes « post-classistes » : défense des pauvres, sortie du nucléaire ou toutes sortes de luttes « intersectionnables ». La décomposition de la gauche ne doit pas être vue comme la fin de la classe ouvrière. Sans doute, le « vieux mouvement ouvrier » est-il à bout de souffle. Sans aucun doute, les vieux partis de gauche sont en train de quitter sans gloire la scène historique. Mais la lutte de classes continue d’être le soubassement de toute la vie sociale pour une raison évidente : nos sociétés sont aujourd’hui et plus que jamais dominées par le mode de production capitaliste et le moteur du capital est l’extraction de la plus-value, l’extorsion du travail gratuit. Les luttes du type Notre Dame des Landes, les luttes des « minorités », les luttes contre la discrimination peuvent avoir leur légitimité, mais elles n’atteignent pas le système lui-même ; elles peuvent et sont aisément récupérées et réintégrées dans le fonctionnement d’ensemble de la machine du capital. Même les luttes écologistes réduites à l’environnementalisme ordinaire peuvent être absorbées – le capitalisme vert se développe et une prise en compte sérieuse des questions écologiques pourrait fournir un nouveau champ d’accumulation du capital. Mais la lutte irrécupérable fondamentalement, c’est la lutte des ouvriers pour le salaire et pour la limitation du temps de travail.