A la différence d’Yves Montant, il n’avait pas rallié Reagan ni vanté les bienfaits de la crise. Ni stalinien, ni reaganien, il gardait son cap et suivait sa voie, solitaire et solidaire, entourée d’une poignée d’amis et de comparses.
Je l’avais entendu sous un chapiteau, lors d’une fête de la rose aux couleurs d’union de la gauche, à proximité de son refuge ardéchois. Il chantait La rose au poing. Etre populaire sans bêtifier ni flatter mais en élevant, avec Aragon.
Jean Ferrat était une voix, une moustache, un sourire. Il incarnait les valeurs humanistes de la France, lui le fils d’immigrés russes. Il chantait l’aspiration à la liberté, derrière les mariniers du Potemkine.
Jean Ferrat est une borne témoin d’un temps qui semble lointain à notre époque braillarde, efféminée (davantage que féminine ou féministe), cynique, résignée.
Immodestement soit dit, on aimerait croire au Paradis pour le plaisir de se retrouver, entre mécréants, avec des types de son acabit.
Salut, Jean !
Gabriel Galice, 26 avril 2010
Au revoir les enfants, mais reste acquis et encore un peu fiable que ce soit ici ou là, donc aussi chez les Suisses, qu'à l'heure d'internet et du portable les cartes et les lettres, bien qu’acheminées plus ou moins vite et parfois en fausse direction puis réacheminées correctes dans nos boites à lettres, par la Malle postale font de la Résistance ! Voici une petite lettre-carte sans facture, sans images, sans sons ni timbre vocal ou oblitéré pour le bonjour et au-revoir final toujours vivants que ce soit en écoute vinyle ou CD ou …
J’arrive où je suis étranger..Rien n’est précaire comme VIVRE…Il vivra, les chants des poètes restent immortels…
Une très grande et élégante révérence tirée la veille d'une élection où pourtant il comptait encore aller voter
Tout comme la Suisse médiatique n’avait pas omis le 18 décembre, soit une semaine avant la fête de la nativité
De dire au revoir à Renée Lebas, silence assourdissant! la réaction journalistique française s’est, elle, fait attendre
Je ne peux plus rentrer chez moi... La fête est finie…Tique taque…Mon ami réveille-toi…L’heure éblouissante…
Mais aura-t-elle pu rentrer enfin chez elle la grande dame Renée Lebas ?
Tire, tire l'aiguille...File la laine...Les deux tourterelles... Marjolaine..Si Paris m'était donné… File le temps et qu’y faire !
Février 1938 Robert Desnos un peu bien avant Le Requiem des innocents dont lui et celles et ceux de Terezin quel que soit leur âge: Je chante ce soir non ce que nous devons combattre/Mais ce que nous devons défendre./Les plaisirs de la vie./Le vin qu'on boit avec les camarades./L'amour./ Le feu en hiver./La rivière fraîche en été./ La viande et le pain de chaque repas. Le refrain que l'on chante en marchant sur la route./Le lit où l'on dort./Le sommeil, sans réveils en sursaut, sans angoisse du lendemain./ Le loisir./ La liberté de changer de ciel/Le sentiment de la dignité et beaucoup d'autres choses/Dont on refuse la possession aux hommes./ Josef Bor Le requiem de Terezin et un concert inouï en compagnie du Requiem de Verdi, Tremens factus, p.83 et la suite…