Les révélations sur la « Panamean connection », aussi extraordinaires qu'elles paraissent ne nous apprennent pas grand-chose sur le fond. On feint de découvrir le rôle des banques françaises! On nous prend vraiment pour des c…
On sait depuis longtemps que le banditisme (trafics d'armes, de drogue, de chair fraîche, etc + escroqueries, rackets, pots de vins et autres cambriolages) c'est plusieurs pourcents du PIB mondial (on évoque entre 2 et 5 %, mais c'est nécessairement un ordre de grandeur et rien d'autre, à comparer aux 4,4 % consacrés à l’éducation). Comment une telle masse peut-elle être recyclée sans de puissantes lessiveuses dont le commandement central est situé dans un protectorat américain (du Nord). On sait que dès qu'un président panaméen ne marche pas droit, les marines le délogent et on met un autre « fils de pute » comme le disait élégamment un président des USA. Quant aux révélations elles se sont faites avec l'aval et l'aide des services spécialisés de Washington.
Le problème est que tout ce système n'est pas une tumeur sur un corps sain mais quelque chose d'absolument nécessaire au fonctionnement du mode de production capitaliste (tout comme les lieux d'aisance sont nécessaires dans la maison). Les terribles contestataires qui disent "il faut interdire la spéculation", sont des plaisantins. La spéculation est l'âme même du mode de production capitaliste.
Je n'ai rien dit de la fraude fiscale parce que là le comble de la tartufferie est dépassé. Matin, midi et soir, les chroniqueurs stipendiés, les économistes (sic) et les politiques demandent plus de déréglementation, moins d'impôt, plus de liberté pour ces pauvres riches brimés par un vain peuple envieux; il ne faut tout de même pas s'étonner si certains cherchent à mettre en pratique ce que tous prônent en théorie. Ce qui m'étonne, c'est finalement que les fraudeurs soient si peu nombreux ! En outre, ces fraudeurs ne sont pas des gangsters; ils n'ont ni cagoule, ni AK47. Ils s'en remettent simplement à leurs conseilleurs fiscaux et aux banquiers, professions qui ont pignon sur rue. Inutile de dresser des listes. Il suffit (si j'ose dire) de changer les lois.
Pour Montesquieu, le principe de la république est la vertu, non la vertu chrétienne, mais la vertu civique, c’est-à-dire le dévouement à la chose publique, la capacité de chaque citoyen à faire passer l’intérêt général avant son intérêt propre. Comment les citoyens peuvent-ils acquérir une telle disposition ? Il est nécessaire qu’ils soient éduqués par de bonnes lois et que la vie sociale entière soit réglée par ces principes-là. Cela est-il possible dans une société dont le ressort est la concurrence généralisée (la guerre de chacun contre chacun que Hobbes avait devinée dans le capitalisme naissant) et où l’égoïsme le plus froid est érigé en vertu suprême. ?
Le journal de BORIS VICTOR : Les dernières publications de LA SOCIALE - vendred : "05/04/16 - Le barnum médiatique des révélations et les questions politiques sérieuses"