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Le rapport Attila

Par Denis Collin • Actualités • Jeudi 24/01/2008 • 0 commentaires  • Lu 1290 fois • Version imprimable


Le rapport Attila

jeudi 24 janvier 2008, Denis COLLIN

 

Que Denis Sieffert veuille bien nous excuser d’emprunter le titre de son éditorial dans le dernier numéro de « Politis », mais il est si juste que nous n’avons pas pu résister. Comme Sieffert l’écrit : (voir Politis n°986) : « Le talent littéraire en moins, il y a du George Orwell dans ce rapport-là. Une sorte de sociale-fiction qui sème l’effroi. Avec cette différence que l’auteur souhaite ce que 1984 voulait conjurer. »

On sait depuis Schumpeter (et même avant) que la destruction peut-être créatrice mais le rapport concocté par l’ancien « conseiller » de Mitterrand et un aréopage d’experts, tous idéologues enragés (dont un chroniqueur du quotidien vespéral des marchés, « Le Monde ») va très loin sur cette ligne. Il ne s’agit certes pas de détruire le capitalisme, mais bien de ne pas laisser pierre sur pierre de ce qui pourrait constituer, aussi frêle soit-elle, une entrave à la croissance illimité du profit. Détruire les droits des travailleurs (retraite, etc.), détruire petits commerçants et artisans, détruire les formes organisées de la démocratie pour donner libre champ au pouvoir efficace des experts, détruire la planète s’il le faut (voir ses propositions contre le « principe de précaution » censé freiner l’investissement).

Ce technocrate prétentieux (et ses spadassins avec lui) ne s’en tient d’ailleurs pas là. Le président est sommé de prendre toutes les décisions, en bloc. Et derechef, M. Sarkozy, qui a trouvé dans l’ex président bling-bling de la BERD [1] une âme sœur, de féliciter l’auteur en chef du rapport des 316 propositions pour en finir avec les prétendus « archaïsmes » français, c’est-à-dire tout simplement avec la France. Et, chose qui n’étonne même plus, Mme Royal, leader autoproclamée du Parti Sarkocialiste, « salue le rapport Attali » dont elle propose qu’on en étudie les propositions. Peut-on aller encore plus loin dans l’abjection, le mépris du peuple de notre pays, le mépris de la gauche ? On pourrait penser que non. Mais avec Royal, comme avec Sarkozy, tout devient possible.

De Hirsch à Bockel, de Kouchner à Amara, de Besson à Attali, ce sont bien les produits de la décomposition de la gauche qui gouvernent aujourd’hui et fournissent le carburant idéologique du jogger de l’Élysée. C’est cela, la trajectoire de la « social-démocratie » française. C’est sur la même trajectoire que se situent les Lang et autres petits chefs prétendument « socialistes » de plus petite envergure qui volent au secours de Sarkozy le 4 février pour empêcher le référendum sur le traité de Lisbonne. Il ne sert à rien de pleurer sur les malheurs du temps, ni de critiquer Sarkozy sur tout et sur n’importe quoi [2] si on n’est pas décidé à en finir avec le PS et à construire une nouvelle force politique à gauche.


[1] Nommé président de la BERD, banque européenne pour la « reconstruction » des pays de l’Est, Attali s’était signalé par son goût pour les dépenses somptuaires et toutes sortes d’extravagances qui ont conduit à son éviction de cette pompe à phynances digne du père Ubu.

[2] Il y a toute une critique de Sarkozy, sur la personne, sur le style, etc., qui va parfois jusqu’au nauséeux et qui est d’autant plus virulente qu’elle contourne soigneusement l’essentiel, c’est-à-dire le sens de classe de sa politique.


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