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Le traité d’Aix la Chapelle, la négation de la Nation et de notre souveraineté…

… Ou comment Emmanuel Macron et Angela Merkel tentent de résister à leur déclin annoncé.

Par Jacques Cotta • Actualités • Vendredi 25/01/2019 • 1 commentaire  • Lu 2258 fois • Version imprimable


Les élections présidentielles ont démontré le caractère profondément antidémocratique de la Ve République permettant au gagnant du premier tour avec un nombre très minoritaire de voix d’être assuré de la victoire au second, dès lors que son adversaire est la candidate du Front National. Ainsi, avec seulement un quart des votes exprimés sur son nom -soit seulement un cinquième des inscrits- Emmanuel Macron s’est retrouvé porté à la tête de l’état face à Marine Le Pen, dont la présence assurait de fait son élection. Les plus optimistes pensaient que les élections passées, la démocratie reprendrait le dessus. Mais c’est aujourd’hui la vie politique dont le caractère démocratique est bafoué, dénié, refoulé, dès lors que la présidente du Rassemblement National a pris la parole. Le traité d’Aix-la-Chapelle vient confirmer cette terrible réalité. Il suffit en effet que Marine Le Pen dénonce « l’abandon de l’Alsace Lorraine » ou que son acolyte Nicolas Dupont-Aignan affirme que « la France laisse sa souveraineté à l’ONU au profit de l’Allemagne » pour qu’une levée de boucliers politico-journalistique viennent évoquer les « fake news » et en appellent sur un ton terroriste à l’arrêt de toute interrogation sur le sujet. La moindre critique du traité d’Aix-la-Chapelle reviendrait à endosser les positions des leaders du RN ou de DLF.

De Bruno Le Maire…

Sur un plan directement politique, c’est Bruno Le Maire qui se fait le remarquable relayeur de la parole macronienne. Sur les ondes, il n’a pas manqué de fustiger les paroles mettant en cause le traité, sans toutefois revenir sur quelques affirmations étayées qui y sont opposées. Sans non plus entrer dans une explication sans doute difficile sur la méthode qui a présidé à la signature de ce nouveau traité.

Le traité d’Aix la Chapelle entre l’Allemagne et la France a été ratifié sans qu’aucune présentation n’ait été faite devant le peuple. Ce n’est qu’à quelques jours de sa ratification que l’évènement a été évoqué. Et c’est pratiquement clandestinement, dans la fastueuse salle du couronnement de l’hôtel de ville, sous sa superbe croisée d’ogives, que cinquante-six ans jour pour jour après le traité de l’Élysée ratifié par De Gaulle et Adenauer en 1963, qu’Emmanuel Macron et Angela Merkel sont venus ratifier sans mot dire un texte qui avait été annoncé depuis longtemps, sans jamais que son contenu n’ait été révélé.

Sans doute est-ce le contexte politique difficile dans lequel se débat le président de la République, dont les scores d’impopularité face aux mobilisations populaires qui se répètent de semaine en semaine bat tous les records, qui a empêché l’exécutif de plastronner comme il est d’usage sur ce genre de sujets. En septembre 2017 dans son discours sur l’Europe à la Sorbonne, Emmanuel Macron plaidait déjà pour « une impulsion franco-allemande décisive et concrète » et proposait de ratifier un nouveau traité le 22 janvier 2018. Manque d’originalité et alignement discipliné sur les intérêts politiques et économiques qui dominent la « construction européenne », Emmanuel Macron reprenait les idées déjà énoncées par l’ex chancelier allemand Gerhard Schröder -grand pourfendeur des acquis sociaux en Allemagne dont le régime des retraites, la flexibilité, la précarité, etc…- et par Alain Minc -dont on connait les propositions « progressistes » qui l’animent- qui dans une tribune en 2016 en appelaient à un élargissement du texte signé en 1963.

…A Laurent Joffrin

Et dans la presse, c’est Joffrin qui signale la fin de la discussion avant même qu’elle n’ait été ouverte. La méthode est subtile. Dans une première et longue partie du papier qu’il consacre le 22 janvier au sujet, il reprend une série d’assertions qui sonnent juste. Il est question de « trahison consommée », de « forfaiture », de camouflage par « les médias officiels aux mains de l’oligarchie », de réalisation du « rêve du grand Reich » … Laurent Joffrin aurait-il changé?

Il grossit le trait pour mieux dévaloriser toute interrogation légitime. « Strasbourg sous le feu des canons allemands », « les provinces de l’est qui ont coûté à la France tant de millions de morts » qui « reviennent vers le Boche sans qu’on ait même tiré un coup de fusil, sous la férule de l’empire germano-européen », « la Marseillaise sera-t-elle bientôt, dans les écoles de l’est, remplacée par Deutschland Uber Alles, et des menus alternatifs, équivalents germaniques des menus halal déjà imposés dans les territoires perdus de la République, seront proposés aux enfants, avec saucisse de Francfort et choucroute obligatoire ». Pour aboutir à « la dictature germanique » dénoncée par Jean-Luc Mélenchon.

Laurent Joffrin se saisit du traité d’Aix-la-Chapelle pour ramener « les valeureux souverainistes » et les « vigilants patriotes » au rang du Rassemblement National. Dans le débat, il opère comme les institutions dans les élections. Toute interrogation, toute critique serait donc d’office discréditées. Et comme nul n’est jamais mieux servi que par soi-même, l’éditorialiste de Libération utiliser le traité d’Aix-la-Chapelle pour tenter, en plein mouvement des Gilets Jaunes, de réhabiliter « les médias tenus en laisse par l’oligarchie cosmopolite des Drahi, des Dassault et des Niel, justement dénoncée jusque dans les rangs de La France insoumise ou encore par Natacha Polony… ». Le « cosmopolite » accolé à « l’oligarchie » indique bien l’intention de l’auteur.

Mais que veulent-ils cacher ?

Dans l’article 8 du traité il est indiqué que « l’admission de l’Allemagne au conseil de sécurité de l’ONU est une priorité de la diplomatie franco-allemande » et que la France et l’Allemagne « agiront de concert afin de promouvoir aux Nations Unies les positions et les engagements de l’UE face aux défis et menaces de portée mondiale ».
Il faut donc considérer que les diplomaties française et allemande sont liées, scellées par l’Union Européenne. Quel aveu ! Mais quel est donc le sens d’une telle volonté, dans une union européenne rejetée par les peuples, contradictoire avec l’exercice de la souveraineté des nations? Et quels sont les « défis et menaces de portée mondiale » qui permettraient à la France et à l’Allemagne de faire prévaloir les positions de l’UE qui se définit précisément pour n’avoir aucune position, sinon celles qui sont favorables aux intérêts du capital financier ?

Dans son article 13, le traité prévoit de donner aux euro-districts, de grandes entités administratives européennes, des « compétences appropriées » et des « ressources dédiées ». Il est question de « bilinguisme », de « comité de coopération transfrontalière » … Mais concrètement, de quoi s’agit-il sinon d’avancer dans le projet d’une Europe des régions qui passe par le démantèlement des nations au nom évidemment de l’efficacité, de la coopération ?

La volonté affichée dans ce traité est l’instauration d’une zone économique franco-allemande dotée de règles communes et une harmonisation du droit des affaires entre les deux pays comme une étape décisive pour l’espace économique européen. Mais quid alors des autres nations dans et hors l’espace européen avec lesquelles la France peut et doit coopérer librement ? Le lien au capital financier qui ordonne l’Union Européenne est réaffirmé dans les détails. Ainsi l’article 24 du traité indique qu’un « membre du gouvernement d’un des deux États prend part, une fois par trimestre au moins et en alternance, au conseil des ministres de l’autre État », et l'article 20 engage les deux États à « favoriser la convergence entre les deux États et à améliorer la compétitivité de leurs économies », via le Conseil économique et financier franco-allemand.

Le traité des estropiés

Ce traité d’Aix la Chapelle veut approfondir la politique de destruction de notre souveraineté. Il constitue une agression contre les nations et les peuples. Il subordonne notre politique et note diplomatie aux intérêts allemands. Paradoxalement ce sont deux chefs d’états très fragilisés qui s’y risquent. En France, Emmanuel Macron malgré toutes les gesticulations, ne peut échapper aux Gilets jaunes qui tranquillement l’observent dans un grand débat qui n’a de taille que le mot. En Allemagne, la chancelière n’est plus qu’une dirigeante en fin de règne dans un pays également confronté à une véritable crise politique. Le tout sur toile de fond du Brexit qui n’en finit plus…
On comprend mieux les raisons pour lesquelles les tenants du pouvoir et les éditorialistes en vue tentent tout pour décrédibiliser questions, oppositions et discussions sur les frasques gouvernementales qui menacent la nation en niant sa souveraineté.

Jacques Cotta
Le 25 janvier 2019 

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Commentaires

ils ont eu droit à un comité d'accueil de gilets jaunes franco-allemands par Serge_Gomond le Samedi 26/01/2019 à 08:59

 ils ont eu droit à un comité de gilets jaunes franco-allemands (les Allemands avaient revétus pour la circonstance le fameux gilet jaune), et les Allemands avaient appris (ou repris) le mot d'ordre qu'une grande majorité de français ne se lassent pas de crier à chaque rendez-vous avec le peuple: "macron démission!" 



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