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Lettre à mes collègues professeurs

Les projets de Macron et l'urgence du vote pour la France insoumise

Par Denis Collin •  • Lundi 29/05/2017 • 0 commentaires  • Lu 1826 fois • Version imprimable


Chers collègues,

Parmi les nombreux enjeux des prochaines législatives, il y en un qui devrait nous toucher tout particulièrement, celui de l’école et de son avenir. Il nous touche comme professeurs attachés à notre métier, mais aussi comme citoyens soucieux de l’avenir de notre pays et aussi souvent comme parents inquiets du devenir de leurs enfants.

Le président de la république élu le 7 mai comme nous le savons ne l’a pas été sur son programme mais à la suite d’une série d’accidents politiques qui l’ont promu en « barrage » à Mme Le Pen. Néanmoins, c’est son programme qu’il entend appliquer et la nomination de M. Blanquer au ministère de l’Éducation Nationale confirme, s’il en était besoin, les intentions du nouvel exécutif. Dans les orientations du pouvoir actuel, il n’y a pas de nouveauté stupéfiante. Les grandes lignes étaient déjà dessinées dans le gouvernement précédent. Mais cela ne rend pas les choses moins graves. Rappelons ce qui nous est promis :

1) Développement de l’autonomie des établissements et primauté des « projets d’établissements » sur les programmes nationaux, à l’instar de qu’a engagé la réforme du collège de la précédente ministre. Les établissements devront savoir adapter leur enseignement à leur public. C’est la fin programmée de l’éducation nationale, des programmes nationaux et des diplômes nationaux. On aura des programmes et des enseignements pour quartiers riches avec classes bilangues et peut-être même, soyons fous, des langues anciennes et des établissements adaptés aux quartiers difficiles où se pratiquera la « bienveillance » (sous-entendu, « c’est toujours assez bien » pour ces « publics » scolaires-là).

2) Le corollaire de l’autonomie est la transformation des proviseurs, principaux et directeurs d’écoles en « patrons » ayant toute latitude pour recruter les professeurs. La réforme de l’évaluation, dernier mauvais coup de la précédente ministre, ainsi que la réforme des statuts promulguée par le ministre Hamon, a commencé de modifier les cadres juridiques qui permettront cela. Tous les professeurs savent ce que tout cela veut dire en matière de caporalisation du métier et destruction de nos statuts.

3) Fin du baccalauréat réduit à quelques épreuves (quatre?), tout le reste étant obtenu en contrôle continu. Le bac sur le modèle du brevet des collèges. Un tel diplôme sera totalement dévalorisé et ouvrira la voie à la sélection à l’entrée des universités. Lesquelles sont déjà autonomes et concurrentielles et engagées dans des processus de fusion comme les entreprises.

Bref, c’est l’école de la république qui est promise à la démolition, sur l’autel de la concurrence et du marché libre. Rappelons également que M.Blanquer a été le DEGESCO de 2009 à 2012 et que c’est lui a organisé la suppression dans cette période de près de 80.000 postes de professeurs.

Mais, rien de tout cela n’est joué. Pour mettre en œuvre cette politique, le nouveau pouvoir aura besoin d’une assemblée nationale à sa main et c’est ce qui se décidera les 11 et 18 juin prochains. Pour cette échéance, il n’y a qu’une seule force politique qui s’oppose clairement à ces orientations et cette force est « La France insoumise » dont le programme « L’avenir en commun » propose entre autres :

- l’abrogation de la réforme du collège,

- la défense des programmes nationaux et des diplômes nationaux et le refus de l’autonomie des établissements

- un vaste plan de recrutement de professeurs en s’appuyant sur un pré-recrutement après le baccalauréat (sur le modèle des anciennes écoles normales ou des IPES de jadis). Ceci permettrait de motiver des jeunes, notamment issus des classes populaires, pour le métier de professeur.

- une gratuité effective de l’école (cantines comprises) de 3 à 18 ans et un plan de lutte contre les inégalités scolaires.

C’est un programme cohérent dont nous avons besoin d’urgence.

Professeurs conscients de la dignité et des exigences de notre métier, nous ne pouvons nous laisser détourner par les désabusés qui pensent que tout est déjà joué et que nous ne pouvons rien faire, ni par les maîtres de la tambouille politicienne qui disent une chose hier et le contraire le lendemain. Il ne s’agit pas de voter pour un homme mais pour un programme politique qui sera porté par ceux que nous élirons.

Je vous invite donc à faire comme moi et à voter pour les candidats de « La France insoumise » les 11 et 18 juin prochains.

Denis Collin,

Professeur de philosophie. 


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