Hier à une réunion locale France insoumise une dame a posé cette questions : « il faut de l’éolien, de la méthanisation mais quand on propose l’installation de telles initiatives on se heurte au refus de populations. »
Et souvent les refus s’appuient… sur des considérations écolos : ne pas détruite le paysage, ne pas polluer l’air par de mauvaises odeurs etc.
Les contradictions du combat écolo sont réelles, historiques et profondes aussi, les bons esprits qui répètent que Mélenchon est devenu écolo pour capter les voix vertes, dénigrent plus qu’ils ne réfléchissent.
Il s’agit de passer de l’écologie politique (Les Verts) à une politique écologique, et en conséquence «d’une transition écologique» à «une planification écologique».
Et aussitôt la machine à dénigrer Mélenchon crie au scandale au mot « planification » qui n’est rien d’autre qu’une forme de dictature !
Le succès de Mélenchon tient à la création de France insoumise et toute la question n’est pas Mélenchon mais le devenir de France insoumise et donc de la gestion des contradictions du combat écolo.
En France l’écologie politique s’est développée à cause du mépris exprimé par la gauche contre l’écologie.
Le PCF aurait pu adopter un virage écolo à la fin des années 70 mais le lobby EDF en son sein, a veillé à écarter cette éventualité, et quand, dans la foulée du combat de Juquin, toute cette tendance s’est retrouvée hors du PCF les productivistes de ce parti ont pu s’en donner à cœur joie (j’ai encore entendu dans une réunion PCF il y a un mois que le nucléaire est l’énergie la plus écolo !).
Le PS, plus astucieux, a su manipuler les Verts pour mieux contrebalancer la place du PCF dans la gauche. Résultat, en 2012 il y a eu plus de députés Verts que PCF, alors qu’à la présidentielle Mélenchon a fait 11% et Eva Joly 2%.
Bref, comment résoudre la question de départ, à savoir l’installation des éoliennes ?
Bref, comment répondre aux détracteurs des panneaux solaires rappelant qu’ils sont fabriqués dans des pays aux salaires de misère et bien peu recyclables ?
La planification écologique ne peut pas être le remède miracle, ni « le pôle public de l’énergie ».
D’abord, et c’est la contradiction fondamentale entre France insoumise et les Verts : l’avenir est dans la reconstruction de stratégies nationales étatiques, et pas dans un alignement sur une Europe aux fortes tendances libérales.
Ensuite, ce point étant éclairci, la politique a besoin de retrouver une cohérence d’ensemble. Les soucis de relance de la démocratie croisent les questions écolos, qui croisent les questions de santé, qui permettent une relance des questions sociales. A qui veut dénoncer Mélenchon je suggère donc de poser des questions en lien, non pas avec du dénigrement, mais en lien avec cette philosophie : comment va fonctionner ce pôle public de l’énergie ? Quand on se souvient qu’EDF est à l’origine du tout nucléaire quelle confiance faire à cette entreprise ? Si les écolos sont contre l’Etat français et pour l’Europe il y a de justes raisons.
Installer des éoliennes passe donc par une nouvelle articulation du local et du national, et par un vaste effort pédagogique. Le succès de Mélenchon à la présidentielle tient à l’effort pédagogique qui a été le sien et qui doit aussi être celui de tous les militants de France insoumise. Mais la pédagogie n’a de sens et de réalité qu’à partir d’institutions nouvelles, audacieuses. Les mini centrales hydro-électriques, la méthanisation, l’éolien ont toujours eu des problèmes causées à la fois par les lois de l’Etat et les pratiques d’EDF. Tout commence par réévaluer le prix actuel de l’électricité en intégrant le coût des démantèlements des centrales et de la gestion des déchets radioactifs.
Oui, mais où est le social si l’électricité augmente ? Pour l’eau l’avenir en commun propose une idée déjà ancienne défendue par Paul Ariès : un tarif très bas pour le premier mètre cube et des tarifs plus forts pour les mésusages. Pour l’électricité on peut penser au même dispositif.
En effet si l’écologie reste une affaire de classe moyenne pouvant se payer un confort écolo, et c’est la contradiction majeure dans le contexte actuel, alors France insoumise subira le sort des Verts en créant plus de découragements que de mobilisations.
Pour le moment je me retrouve donc d'accord avec Denis Collin, ma voix ira à La France insoumise d'autant que contrairement aux commentateurs, ce n'est pas le nombre de députés qui importe, mais la capacité à passer devant le FN en nombre de voix. J-P Damaggio