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Mal et moindre mal

Par Denis Collin •  • Jeudi 04/05/2017 • 0 commentaires  • Lu 1670 fois • Version imprimable


 "Politiquement, la faiblesse de l'argument du moindre mal a toujours été que ceux qui choisissent le moindre mal oublient très vite qu'ils ont choisi le mal." (H. Arendt) Le drame est qu'on politique, il semble que nous en soyons toujours réduits au moindre mal, c'est-à-dire au mal. Le drame supplémentaire, c'est qu'il n'est pour toujours évident de déterminer où est le moindre mal. En 1938, le moindre mal était d'avaliser l'occupation de la Tchécoslovaquie par Hitler: cela valait évidement mieux que la guerre... Et Pétain lui-même s'est présenté comme moindre mal par rapport à l'occupation totale de la France par les nazis (ce fut la fameuse théorie de "Pétain bouclier"). Il serait bon que les donneurs de consigne férus d'histoire se rappellent aussi quelques-uns de ces événements historiques avec leur confrontation entre le moindre mal et le plus grand mal.

Mais réfléchir est devenue une mauvaise manie. Dimanche prochain, nous allons tous pousser un lâche soupir de soulagement car Macron aura écarté le danger Le Pen. Et tout sera oublié. Comme d'habitude. Les 10 millions d'électeurs qui auront voté FN seront renvoyés à leur néant croira-t-on dans les bureaux capitonnés des ministères et dans les salles de rédaction, mais évidemment il n'en sera rien. Le ventre d'où sort la bête immonde sera fécondé de nouveau par les politiques qui défaisant toutes les solidarités, brisant toutes les protections sociales vont jeter de nouvelles recrues dans les bras du FN jusqu'à l'arrivée d'un vrai fascisme ou d'une autre forme de réaction violente.

Parmi les "barragistes" fanatiques qui nous enjoignent de voter pour le camp de bien, dénoncent les abstentionnistes et les partisans du vote blanc comme des quasi-nazis déguisés, la pire espèce est non celle des électeurs Macron du premier tour qui ont l'avantage de la cohérence, mais celle des gens de gauche (Hamon, Poutou, Arthaud) qui n'avaient absolument rien à faire de Mme Le Pen avant les 23 avril, qui n'étaient obsédés par le barrage à Mélenchon sur qui ils ont concentré leurs tirs. Ceux-là, les diviseurs, ceux qui ont propulsé indirectement Le Pen au second tour (elle n'a que 600000 voix de plus que Mélenchon), ceux-là donc devrait garder le silence et se cacher honteux plutôt que continuer à pilonner la France Insoumise comme ils le font frénétiquement.

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