L’offensive des promoteurs des « nécrotechnologies » comme les a baptisés JP Berlan (directeur de recherche à L’Inra de Montpellier) se poursuit. Monsanto, la Firme américaine qui a sans doute le plus à gagner dans l’immédiat à l’invasion des OGM en Europe, vient de faire saisir en deux fois 36000 euros à la Confédération Paysanne.
C’est la conclusion provisoire d’un des nombreux procès intentés contre la Conf’ et ses défenseurs (Noël Mamère vient lui aussi de se voir signifier une saisie suite au fauchage des Ogm).
Au-delà de ces apparences, quel est le rapport de forces ?
D’un côté les multinationales appuyées par les gouvernants états-uniens ainsi que ceux d’autres rares pays : pour l’Europe, l’Espagne principalement, mais aussi maintenant le Brésil de Lula. Elles bénéficient d’un large soutien des milieux scientifiques qui n’osent pas mordre la main qui les nourrit, les recherches étant le plus souvent financées par les fonds privés des dites multinationales. Celles-ci ont également celui des gros producteurs de denrées agricoles américains, brésiliens et argentins.
De l’autre, des populations massivement soit neutres soit hostiles envers des technologies dont elles n’ont aucun intérêt à retirer. Si la facette « OGM médicaux » est si facile à vendre, il n’en est pas de même pour les Ogm alimentaires qui n’apportent aucun avantage : ni amélioration des qualités gustatives ou autres, ni baisse de prix.
Les derniers rebondissements sont contradictoires : d’un côté cette saisie de la Conf’, de l’autre, deux jugements successifs viennent de prononcer la relaxe pour des faucheurs d’OGM reconnus en « état de nécessité absolue », la France n’ayant pas légiféré suite à la directive de Bruxelles sur la « coexistence » entre les cultures normales et les OGM.
C’est le premier procès gagné, même si un appel est en cours. L’influence des multinationales semble marquer le pas malgré tout dans les milieux scientifiques, et donc en conséquence parmi les politiques. Les clivages politiques sont transversaux : des personnalités comme Corinne Lepage à droite ont largement contribué à orienter le débat contre les OGM alors que Claude Allègre, qui n’en est pas à sa première erreur, l’orientait dans la gauche socialiste en leur faveur. La gauche socialiste semble se rendre compte que ses prochains électeurs sont plutôt anti-OGM et commence à prendre position à leur côtés. Laurent Fabius s’affiche avec José Bové et marque ainsi le PS dans une posture qu’il n’avait jamais eu depuis le début du combat anti-OGM.
Les premiers effets négatifs en matière agricole commencent à apparaître : le nombre de traitements nécessaires à la culture de soja dans les zones où celui-ci est très largement cultivé (Argentine) augmente à une vitesse vertigineuse, les résistances des « mauvaises » herbes aux herbicides de Monsanto se développant très rapidement sous le climat argentin.
Les dégâts sociaux sont patents : l’invasion des OGM n’ayant d’intérêt que pour développer l’agrobusiness, les petits paysans sont les premières victimes de Monsanto. Comme prévu.
Ensuite, les premiers résultats inquiétants de l’utilisation des OGM et du côté approximatif de ces chimères tombent :
1. Une étude confidentielle produite par une firme met en évidence des malformations aux reins de souris nourries avec du maïs OGM alors que les autres ne présent pas cette anomalie (voir reportage de Canal+ sur ce sujet)
2. L’introduction d’un gène de pois dans un haricot rend celui-ci allergène alors que ni le pois de départ ni le haricot ne présentent cet inconvénient.
3. Le seul intérêt incontestable est de permettre aux producteurs de produire plus de denrées avec le minimum de personnes, donc de faire baisser les prix. Bien sûr, les zones dans lesquelles l’industrialisation de l’agriculture sur les mêmes échelles n’est pas possible (Europe, Asie) ne rivaliseront pas longtemps avec ces agricultures là.
Les grands gagnants sont les vendeurs de semences et les quelques opérateurs céréaliers sur le marché mondial : Cargill, Dupont, Louis-Dreyfuss..
Tous les autres n’ont qu’à perdre à la généralisation des OGM.
Alors il est temps là où vous êtes de rejoindre les collectifs anti-OGM de votre région, de contacter vos députés qui doivent prochainement légiférer en faveur des OGM avec une loi sur la « coexistence ». Bref de continuer le combat avec les seuls armes qui sont les nôtres : notre nombre et notre légitimité.
Philippe COLLIN