Après, il faut citer l’équilibriste, le premier ministre Salomón Lerner dit Siomi, celui qui va devoir faire vivre ensemble une majorité de ministres venus de la gauche, à côté de Castilla et quelques centristes amis de l’ancien président Toledo.
Le MEF est en première ligne par la place centrale qu’il occupe pour la mise en œuvre de la plus importante promesse de campagne : la taxation des compagnies minières.
Déjà deux positions se distinguent : celle du ministre de l’énergie, Herrera Descalzi, plus énergique ; et celle de Castilla plus conciliatrice. Pour ce dernier la taxe en question ne peut être proposée qu’avec l’accord des dites compagnies, donc elle doit rester raisonnable.
Pourquoi leur accord est-il si important ? Les projets représentent 40 millions de dollars…
Il ne faut donc pas remettre en cause la compétitivité des futures installations par des taxes trop lourdes, les compagnies étant par ailleurs conscientes qu’elles doivent aider au développement social du pays. La taxe se justifie par les superprofits des compagnies vu l’augmentation des matières premières. C’est là un débat bien connu des Boliviens…
Le problème c’est qu’au Pérou les habitants, avant l’élection d’Ollanta, ne réclamaient pas plus de retombées des nouveaux projets industriels mais leur refus clair et net car ils apportent plus de dégâts qu’autre chose. La nouvelle configuration – les taxes devant servir à aider le peuple – peut-elle changer la donne ?
Les défis que doit affronter Ollanta sont multiples et ne concernent pas que le tarif du gaz pour les plus pauvres qui souffrent du froid de l’hiver péruvien et qui vivent dans les montagnes. Sans des mesures fortes l’émigration vers la côté ca s’accroître et va déstabiliser toujours plus les villes qui s’y trouvent dont Lima la capitale où avant l’énergie, la question cruciale est celle de l’accès à l’eau potable pour des millions de personnes.
Celle dont le peuple attend beaucoup est Aída García Naranjo dite « Mocha », ministre de la femme et qui, tout en étant dirigeante du Parti socialiste, vient aussi de l’association Ciudadanos por el Cambio, groupe lié à l’autre association Transparencia qui, ensemble, apportent beaucoup de techniciens au gouvernement Ollanta.
Le premier ministre vient de l’association Transparencia (le site internet est fermé mais pas celui de Ciudadanos por el Cambio) qu’il présidait, association qui après la chute de Fujimori a eu en charge l’étude des dossiers troubles pour tenter « la vérité et la réconciliation ». D’autres ministres étaient liés à cette association : Rafael Roncagliolo le secrétaire général, Rudecindo Vega le secrétaire technique et Francisco Eguiguren le membre du directoire. Quant à Ricardo Giesecke il est le fils d’Alberto Giesecke, le fondateur avec son épouse Cecilia Israel, de la dite association (soit 5 ministres sur 18).
Ollanta a mis lui-même deux amis personnels aux postes clefs de la défense et de l’intérieur.
On constate donc que le gouvernement est beaucoup plus un gouvernement issu de la « société civile » (des intellectuels le plus souvent formés aux USA) que de la classe politique, ce qui n’a rien de surprenant vu le très faible réseau du parti du président. Il faudrait faire le lien avec la répartition des pouvoirs au sein des élus, à savoir au Congrès, pour comprendre comment vont s’articuler les rapports entre techniciens et représentants directs des citoyens. Le système Ollanta construit à partir des forces du pays ne peut en aucun cas suivre le modèle brésilien, équatorien, vénézuélien ou uruguayen. L’installation de la gauche dans les pays d’Amérique latine renforce plus qu’elle ne les réduit, les nationalismes. Même si les problèmes à affronter se ressemblent, même si les compromis avec les grands groupes industriels sont similaires, le poids des individualités dans l’élaboration des solutions donnent des tonalités spécifiques. Dossier à suivre.