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Un petit tour à la poste ...

OÙ VA LA POSTE ? SERVICE, SERVICE, SERVICE COMMENT DÉJÀ ?

Par Bernadette Quentin • Lutte de classes • Samedi 26/11/2005 • 0 commentaires  • Lu 2193 fois • Version imprimable


Les projecteurs sont braqués sur la privatisation des grandes entreprises de services publics, EDG/GDF, la SNCF... Mais après France-Télécom, c’est au tour de la poste dont l’état de dislocation, au quotidien, préfigure l’avenir.

J’habite une ville de 55 000 habitants, Evreux en Normandie, dont les habitants se dénomment Ebroïciens. Tous les jours ma factrice me livre avec constance les courriers recommandés ou pas, les colis petits ou gros, et même parfois des publicités non sollicitées mais heureusement assorties à l’intétieur de lettres T, c’est-à-dire pour les non initiés lettres déjà affranchies, où l’adresse du destinataire figure, donc pas de timbre à coller ni d’écriture à faire, tout est déjà fait. Ce qui permet ainsi de renvoyer à l’expéditeur n’importe quoi à l’intérieur, un tract, une plaisanterie mais surtout permet de sauver l’emploi des postiers, en leur donnant du courrier à distribuer, ce qui devient rare avec le développement de l’internet et ses courriels !

Ma factrice est heureusement équipée d’une Renault jaune. Ce qui lui permet de ne pas subir les frimas et les pluies et brouillards de Normandie. Son prédécesseur plus jeune n’en était pas equipé , qui n’avait à sa disposition qu’un vélo, il n’avait sans doute pas le permis.

Les factures d’impôts, de téléphone ou de gaz ou d’électricité arrivent quand même malgré les incitations des expéditeurs à les demander en réception par courriel et bien souvent n’arrivent que les publicités car plus personne ou presque n’écrit de lettres d’amour ou d’amitié ou d’autres choses.

Les dernières nouvelles de la Poste sont réjouissantes : ma factrice, avec qui je bavarde parfois quand elle a un peu de temps, me dit que tous les facteurs et factrices de la recette principale vont bientôt être rassemblés ailleurs, loin du centre ville, dans un centre de tri sis en zone industrielle et dont la fermeture est imminente.

Je fréquente souvent ce centre de tri postal, situé non loin de chez moi, souvenirs d’un ancien métier de trieuse de lettres à Paris et volonté de ne pas le voir fermé, bien qu’il ne soit ouvert que quelques heures l’après midi au grand public et sociétés de la zone industrielle.

Alors je me renseigne sur les dernières nouvelles de la factrice et c’est confirmé et je demande à la guichetière du centre de tri : mais vous, où irez vous ? Réponse : nous ne le savons pas, le courrier est maintenant trié à Rouen et plus à Evreux, alors il faudra qu’on aille je ne sais où, décisions des chefs et DRH de la Poste !

Comme j’aime que mon courrier arrive bien à l’heure, surtout quand il s’agit d’envoyer un cadeau d’anniversaire, je demande quand même cet après midi que mon envoi soit fait en courrier suivi, cela n’existe plus m’est-il répondu, cela marchait trop bien et le diligo ou distingo qui remplace, on n’en a pas, il faut donc aller ailleurs, au bureau de poste de la ville !

Malgré un temps froid et brouillasseux, j’y vais et là, miracle la Poste a tout ce qu’il faut en stock, dont le distingo qui coûte un peu cher mais permet de suivre sur internet le bon arrivage à temps pour l’anniversaire des quinze ans de mon neveu.

Et je me renseigne : pourquoi pas de stocks de distingo au centre de tri ? Parce que, me répond-on le centre de tri va fermer, alors ils n’ont plus rien en stocks ! Alors je parle de la mutation des facteurs préposés du centre ville dans ce centre de tri de zone industrielle et on me répond, ça c’est pas fait, et c’est pas prêt de se faire !

Mais la guichetière du bureau de poste très avenante et heureuse que je m’intéresse au travail de la Poste, m’apprend encore de biens meilleures nouvelles si réjouissantes !

Le centre de tri paquet, construit à grands frais il y a quelques années, va aussi fermer. En son temps il avait fait le désespoir des riverains aux petites maisons particulières et de la Clinique proche, tout cela à cause d’une débauche de gros camions dans leurs quariers, je les comprends ! Enfin 10 ans après il va fermer, qu’importent les frais pourvu qu’ont ait l’audace !

Et le 1er janvier 2006, la poste change, de métier et de logo, d’organisation. Les services financiers deviennent une SA, la Banque postale, filiale de la poste — une manoeuvre bien connue — et de nouveaux travaux « pas chers » devront être exécutés pour les guichets et bureaux du centre ville, exigences des banques concurrentes ! Pour les guichetières et guichetiers, nouveau métier en vue, et du service des ressources humaines ils auront l’assurance que tout ira bien s’ils ou elles arrivent à s’adapter ! De plus de nombreux bureaux d’agences « banque postale » fermeront en zone rurale en plus des maternités, des hôpitaux, ainsi la France rurale sera verte ( !) et les retraités seront encore mieux traités dans les campagnes et villes moyennes.

Inutile de rappeler que de longues files d’attente existent à la Poste au moment où se perçoivent le RMI, les allocations familiales, ainsi que toutes sortes de choses si peu importantes par les temps qui courent si vite... et des files d’attente aussi au moment où il faut payer avec frais de mandats l’EDF, le téléphone, les tiers provisionnels, etc, tout le monde ne possédant pas de carnet de chèques (interdits bancaires), ou même simplement l’écriture et la lecture (comment remplir un chèque ?), ce que la guichetière ou le guichetier eux ont l’avantage de posséder mais leur métier ne sera plus celui-là, que les DRH de la Poste appellent « assistanat ».

Directive Bolkensten ou pas, le service public est en voie de disparition, comme l’EDF, Le GDF, la Santé, le Sanitaire et Social et l’EN et France Télécom a montré la voie la première grâce à une réforme nommée Quilès, un socialiste ? On se doute de ce qu’il restera de personnel et de social dans notre 5ème « république », les exemples à suivre sont ceux de France Telecom, les suppressions massives d’emplois, les mutations d’office, les maladies nerveuses, etc...

Vous avez dit service public ? Reste que les impôts des tranches aisées ou moyennes baisseront, reste que ceux qui emploient à domicile ou cotisent à un parti ou syndicat ou déclarent leurs impôts par internet ou font un don à leurs enfants ou petits enfants ou donnent à des associations humanitaires gagneront toujours des faveurs !

Sommes nous revenus aux anciens temps ? Il faudrait sans doute rétablir le suffrage censitaire ?


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