Les féministes du pays qui se battent depuis des années pour sortir l’avortement de l’illégalité, pour retrouver une période brève de légalisation entre 1936 et 1939, ne croyaient pas que le président puisse se comporter ainsi. Leurs droits ne sont pas de l’ordre de l’opinion personnelle. Les femmes qui sont conduites à l’interruption volontaire de grossesse ne le font pas de gaieté de cœur… et le président s’appuie « sur le traumatisme spirituel » (dit-il en connaissance de cause) que peut représenter cet acte pour les obliger à enfanter ! L’une des féministes, Lilan Abracinskas, de conférences en conférences, démontre que la situation devient insupportable, et le Congrès a fini par voter cette loi car les décès de femmes tentant d’avorter devient un drame national. Et comme toujours, ce sont les femmes les plus pauvres qui sont, parmi les 33 000 avortements clandestins annuels (une approximation), les femmes les plus fragiles. L’avortement clandestin est une activité très lucrative. Mais la hiérarchie catholique ne veut rien entendre ; par contre elle se fait entendre du président de gauche qui n’a jamais cessé de faire appel à la démocratie directe et aux valeurs humanistes ! Par son comportement, la hiérarchie catholique sape sa propre autorité puisque les autres religions (évangéliste et méthodiste) ont annoncé leur appui à la décision du Congrès. De leur côté des féministes ont lancé une campagne avec pour thème : « Assez de rosaires, dans nos ovaires ! ».
En conséquence, les promoteurs d’une loi permettant aux femmes de décider de leur maternité demandent au président, à défaut de vouloir donner son accord à une décision démocratique, de proposer un référendum sur la question, pratique habituelle dans le pays. Mais il refuse ! Tous les sondages indiquent que l’opinion est favorable à plus de 55% à une loi de dépénalisation.
Tous savent que l’enjeu dépasse largement le cas du petit pays coincé entre les géants argentins et brésiliens. L’Uruguay, qui autre fois était appelé la Suisse des Amériques, fut, avec le Mexique, un des premiers pays à voter une loi de séparation des églises et de l’Etat, il y a un siècle, et il pouvait devenir aujourd’hui, avec Cuba, une référence en matière de droit des femmes latino-américaines, celui de pouvoir disposer de son corps étant essentiel, surtout sur un continent où les violences engendrent des maternités de plus en plus précoces. Ni la Bolivie, ni le Venezuela n’ont voté une telle loi. L’Equateur dans sa Constitution démocratique n’a pas pu inscrire la laïcité parmi ses références.
Toute l’Amérique latine souffre de ce contrôle religieux sur les corps et sur la vie politique. Donner la priorité aux droits sociaux sur les droits des femmes, c’est comme vouloir traverser le pacifique à la nage. La priorité aux droits des femmes, c’est l’assurance que les droits sociaux seront solides. Combien de siècles faudra-t-il pour que la gauche le comprenne ? Tout comme les droits écologiques doivent devenir un autre des piliers des droits sociaux.
Ces quelques rappels veulent combattre l’idée véhiculée en France que l’Eglise catholique a fini par accepter la laïcité alors qu’elle s’incline seulement là où les laïques réactivent sans cesse leur combat qui est une action de tous les temps et jamais achevée. 25-11-2008 Jean-Paul Damaggio
P.S. Aujourd'hui le Venezuela vote, hier le Nicaragua a fait de même. Questions cruciales qui s’ajoutent à la plongée vers l’enfer du Mexique. Mais j’ai préféré tourner mon regard vers le petit Uruguay. (Source : La Republica de las Mujeres)
Uruguay : déception des féministes
Plutôt que de jouer la démocratie, Tabaré Vazquez, président du pays, a préféré faire valoir son opinion personnelle. Alors que le Congrès a voté le 11 novembre 2008 une loi pour dépénaliser l’avortement, il a décidé d’opposer son veto à l’application de la dite loi. Il avait prévenu à l’avance puisque cent jours après sa prise de fonction, en 2005, suite à une rencontre avec l’archevêque de Montevideo, il avait mis en garde ses propres partisans : je refuserai toute loi qui porte atteinte à la vie.
Les féministes du pays qui se battent depuis des années pour sortir l’avortement de l’illégalité, pour retrouver une période brève de légalisation entre 1936 et 1939, ne croyaient pas que le président puisse se comporter ainsi. Leurs droits ne sont pas de l’ordre de l’opinion personnelle. Les femmes qui sont conduites à l’interruption volontaire de grossesse ne le font pas de gaieté de cœur… et le président s’appuie « sur le traumatisme spirituel » (dit-il en connaissance de cause) que peut représenter cet acte pour les obliger à enfanter ! L’une des féministes, Lilan Abracinskas, de conférences en conférences, démontre que la situation devient insupportable, et le Congrès a fini par voter cette loi car les décès de femmes tentant d’avorter devient un drame national. Et comme toujours, ce sont les femmes les plus pauvres qui sont, parmi les 33 000 avortements clandestins annuels (une approximation), les femmes les plus fragiles. L’avortement clandestin est une activité très lucrative. Mais la hiérarchie catholique ne veut rien entendre ; par contre elle se fait entendre du président de gauche qui n’a jamais cessé de faire appel à la démocratie directe et aux valeurs humanistes ! Par son comportement, la hiérarchie catholique sape sa propre autorité puisque les autres religions (évangéliste et méthodiste) ont annoncé leur appui à la décision du Congrès. De leur côté des féministes ont lancé une campagne avec pour thème : « Assez de rosaires, dans nos ovaires ! ».
En conséquence, les promoteurs d’une loi permettant aux femmes de décider de leur maternité demandent au président, à défaut de vouloir donner son accord à une décision démocratique, de proposer un référendum sur la question, pratique habituelle dans le pays. Mais il refuse ! Tous les sondages indiquent que l’opinion est favorable à plus de 55% à une loi de dépénalisation.
Tous savent que l’enjeu dépasse largement le cas du petit pays coincé entre les géants argentins et brésiliens. L’Uruguay, qui autre fois était appelé la Suisse des Amériques, fut, avec le Mexique, un des premiers pays à voter une loi de séparation des églises et de l’Etat, il y a un siècle, et il pouvait devenir aujourd’hui, avec Cuba, une référence en matière de droit des femmes latino-américaines, celui de pouvoir disposer de son corps étant essentiel, surtout sur un continent où les violences engendrent des maternités de plus en plus précoces. Ni la Bolivie, ni le Venezuela n’ont voté une telle loi. L’Equateur dans sa Constitution démocratique n’a pas pu inscrire la laïcité parmi ses références.
Toute l’Amérique latine souffre de ce contrôle religieux sur les corps et sur la vie politique. Donner la priorité aux droits sociaux sur les droits des femmes, c’est comme vouloir traverser le pacifique à la nage. La priorité aux droits des femmes, c’est l’assurance que les droits sociaux seront solides. Combien de siècles faudra-t-il pour que la gauche le comprenne ? Tout comme les droits écologiques doivent devenir un autre des piliers des droits sociaux.
Ces quelques rappels veulent combattre l’idée véhiculée en France que l’Eglise catholique a fini par accepter la laïcité alors qu’elle s’incline seulement là où les laïques réactivent sans cesse leur combat qui est une action de tous les temps et jamais achevée. 25-11-2008 Jean-Paul Damaggio
P.S. Aujourd'hui le Venezuela vote, hier le Nicaragua a fait de même. Questions cruciales qui s’ajoutent à la plongée vers l’enfer du Mexique. Mais j’ai préféré tourner mon regard vers le petit Uruguay. (Source : La Republica de las Mujeres)
Uruguay : déception des féministes
Plutôt que de jouer la démocratie, Tabaré Vazquez, président du pays, a préféré faire valoir son opinion personnelle. Alors que le Congrès a voté le 11 novembre 2008 une loi pour dépénaliser l’avortement, il a décidé d’opposer son veto à l’application de la dite loi. Il avait prévenu à l’avance puisque cent jours après sa prise de fonction, en 2005, suite à une rencontre avec l’archevêque de Montevideo, il avait mis en garde ses propres partisans : je refuserai toute loi qui porte atteinte à la vie.
Les féministes du pays qui se battent depuis des années pour sortir l’avortement de l’illégalité, pour retrouver une période brève de légalisation entre 1936 et 1939, ne croyaient pas que le président puisse se comporter ainsi. Leurs droits ne sont pas de l’ordre de l’opinion personnelle. Les femmes qui sont conduites à l’interruption volontaire de grossesse ne le font pas de gaieté de cœur… et le président s’appuie « sur le traumatisme spirituel » (dit-il en connaissance de cause) que peut représenter cet acte pour les obliger à enfanter ! L’une des féministes, Lilan Abracinskas, de conférences en conférences, démontre que la situation devient insupportable, et le Congrès a fini par voter cette loi car les décès de femmes tentant d’avorter devient un drame national. Et comme toujours, ce sont les femmes les plus pauvres qui sont, parmi les 33 000 avortements clandestins annuels (une approximation), les femmes les plus fragiles. L’avortement clandestin est une activité très lucrative. Mais la hiérarchie catholique ne veut rien entendre ; par contre elle se fait entendre du président de gauche qui n’a jamais cessé de faire appel à la démocratie directe et aux valeurs humanistes ! Par son comportement, la hiérarchie catholique sape sa propre autorité puisque les autres religions (évangéliste et méthodiste) ont annoncé leur appui à la décision du Congrès. De leur côté des féministes ont lancé une campagne avec pour thème : « Assez de rosaires, dans nos ovaires ! ».
En conséquence, les promoteurs d’une loi permettant aux femmes de décider de leur maternité demandent au président, à défaut de vouloir donner son accord à une décision démocratique, de proposer un référendum sur la question, pratique habituelle dans le pays. Mais il refuse ! Tous les sondages indiquent que l’opinion est favorable à plus de 55% à une loi de dépénalisation.
Tous savent que l’enjeu dépasse largement le cas du petit pays coincé entre les géants argentins et brésiliens. L’Uruguay, qui autre fois était appelé la Suisse des Amériques, fut, avec le Mexique, un des premiers pays à voter une loi de séparation des églises et de l’Etat, il y a un siècle, et il pouvait devenir aujourd’hui, avec Cuba, une référence en matière de droit des femmes latino-américaines, celui de pouvoir disposer de son corps étant essentiel, surtout sur un continent où les violences engendrent des maternités de plus en plus précoces. Ni la Bolivie, ni le Venezuela n’ont voté une telle loi. L’Equateur dans sa Constitution démocratique n’a pas pu inscrire la laïcité parmi ses références.
Toute l’Amérique latine souffre de ce contrôle religieux sur les corps et sur la vie politique. Donner la priorité aux droits sociaux sur les droits des femmes, c’est comme vouloir traverser le pacifique à la nage. La priorité aux droits des femmes, c’est l’assurance que les droits sociaux seront solides. Combien de siècles faudra-t-il pour que la gauche le comprenne ? Tout comme les droits écologiques doivent devenir un autre des piliers des droits sociaux.
Ces quelques rappels veulent combattre l’idée véhiculée en France que l’Eglise catholique a fini par accepter la laïcité alors qu’elle s’incline seulement là où les laïques réactivent sans cesse leur combat qui est une action de tous les temps et jamais achevée. 25-11-2008 Jean-Paul Damaggio
P.S. Aujourd'hui le Venezuela vote, hier le Nicaragua a fait de même. Questions cruciales qui s’ajoutent à la plongée vers l’enfer du Mexique. Mais j’ai préféré tourner mon regard vers le petit Uruguay. (Source : La Republica de las Mujeres)