S'identifier - S'inscrire - Contact

Aujourd’hui à l’assemblée, demain dans la rue ? Avec la FI, les gauchistes seraient de retour…

… Ou lorsque sans le savoir « Le Figaro » fait œuvre utile avec une propagande grossière.

Par Jacques Cotta •  • Mardi 04/07/2017 • 2 commentaires  • Lu 74571 fois • Version imprimable


L’élection des candidats de la FI à l’assemblée nationale ferait peser un véritable danger sur la démocratie. Regardez donc ces nouveaux promus qui refusent la cravate ! A lire « Le Figaro », repris en boucle par des commentateurs « inspirés », les arrières petits-enfants de Lénine et Trotski seraient de retour. C’est même le poing levé qu’ils ont fait leur entrée. On aura compris, à la lecture des papiers qui illustrent « la une » de l’hebdomadaire, qu’il s’agit d’une propagande grossière que seuls quelques inquiets pathologiques peuvent prendre au sérieux. Pourtant, les mots utilisés comme les faits relevés, souvent dénaturés, sont étudiés. Il s’agit de marginaliser, de discréditer, de rejeter de toute discussion sérieuse la France Insoumise et ses représentants. Il s’agit d’inventer un argumentaire digne des calomnies proférées à l’encontre de Jean Luc Mélenchon – « la violence », « Fidel Castro », « Le Venezuela » … - durant la campagne électorale. Il s’agit d’un combat idéologique aussi millimétré que grossier aux effets indiscutables. Bien que plus ridicules les uns que les autres, les arguments ont porté dans la dernière ligne droite, lors du premier tour des élections présidentielles. L’idéologie, quelle qu’elle soit, ne mérite jamais d’être balayée d’un revers de main. Il faut l’analyser, la confronter aux faits, chercher les éléments qui permettent de la légitimer ou à l’inverse de la rejeter. Entrons donc dans les « colonnes » du « Figaro ».

Des petits enfants de Lénine et de Trotski…

Il existe deux façons symétriquement opposées de voir la réalité, de la comprendre, d’envisager l’avenir. Le papier phare qui constitue le dossier du « Figaro » constitue un cas d’école. Il développe des arguments qui se veulent définitifs, disqualifiant sans appel la France Insoumise. Pourtant, les mêmes arguments peuvent être utilisés, revendiqués, développés dans un sens absolument opposé, pour convaincre de s’engager dans les rangs du mouvement qui a comptabilisé plus de 19% des voix sur le nom de Mélenchon au premier tour de la présidentielle. La « France Insoumise » refuserait la « démocratie libérale ». La preuve ? Il suffirait de s’en remettre à quelques formules et quelques citations qui pour le « Figaro » ont valeur de démonstration, formules au demeurant bien éloignées de Lénine et Trotski dont le rédacteur de l’article ne connaît visiblement pas grand-chose.

Ainsi la France Insoumise parle-t-elle de la politique annoncée par le président de la république comme d’un « coup d’état social », la qualifie-t-elle « d’illégitime », refuse-t-elle de se soumettre aux ordonnances alors qu’elles « sont autorisées par les institutions de la 5ème république ». Ce qui est insupportable au Figaro est précisément ce qui fonde la France Insoumise, la défense du droit social remis en cause par le nouveau « Jupiter » de l’Elysée, l’opposition inflexible à toutes les tentatives de retour au 19ème siècle. Le « coup d’état » est compris dans les moyens offerts par les institutions anti-démocratiques de la 5ème république, les ordonnances qui permettent de balayer toute discussion au sein de la représentation nationale. Le fond et la forme sont indissociables. Macron Jupiter incarne dans l’arrogance, la suffisance, la prétention la politique contre laquelle la majorité des français se dressera demain comme elle l’a déjà fait dans les temps passés. La légitimité du jeune banquier costumé en Bonaparte est largement entachée par le score dont il peut se réclamer, les 16% d’inscrits sur son nom au premier tour des présidentielles pour un pouvoir personnel absolu, sans partage. Le Figaro légitime sans le vouloir l’orientation de la France Insoumise qui combat pour une constitution souveraine ouvrant la voie à une nouvelle république et permettant de tourner la page de la 5ème, précisément parce que celle-ci contient les ordonnances, le 49-3, l’article 16 entre-autre.

Le « Figaro Magazine » prend cet angle d’attaque car ses rédacteurs ont bien compris que le « coup d’état social » qu’ils soutiennent est indissociable des institutions de la 5ème république, des ordonnances sur lesquelles comptent le pouvoir pour tenter d’éviter toute riposte d’envergure nationale. C’est pourquoi ils inversent la charge de la culpabilité. Ils indiquent que la France Insoumise n’aurait d’autre but que de « faire monter la pression pour la rentrée ». Pour preuve la déclaration de Jean Luc Mélenchon au soir du deuxième tour des présidentielles : « j’informe le nouveau pouvoir que pas un mètre du terrain du droit social ne lui sera cédé dans lutte ». Mais qui est source de désordre, qui fait monter la pression. La France Insoumise qui demeure fidèle à son programme – ce qui en effet doit choquer l’éditorialiste du Figaro prompt à passer de Fillon à Macron, parfois en faisant le détour par Hollande ou Le Pen- ou Macron-Jupiter qui s’apprête fort de ses 16% à mettre en vigueur une super loi travail que les français ont déjà rejetée par millions l’an dernier. Si « des désordres pires qu’en 2016 » sont en préparation, le seul responsable en est le pouvoir qui sait pertinemment que la politique qu’il mène, en phase avec les recommandations de l’union européenne- est source d’affrontements et de violences, dans la mesure où pour des millions il s’agit d’une question de vie sociale, ou de mort.

Tout le reste n’est que formules langue de bois. « La haine du capitalisme » qu’entretient la France Insoumise « nourrie par l’extrémisme et le radicalisme » en est un bon exemple. En réalité aujourd’hui comme dans l’entre-deux tours des présidentielles, La condamnation de la France Insoumise sous la plume de l’éditorialiste du « Figaro » relève essentiellement du refus d’allégeance à Emmanuel Macron. Et donc à sa politique.

Mais il faut prendre au sérieux cette prose qui appelle le nouveau pouvoir à mettre en œuvre tous les moyens qui sont à sa disposition pour aller au bout d’une politique de liquidation sociale générale. L’hebdomadaire s’inquiète sur l’état des forces. « 5000 gendarmes, 70 escadrons, 3000 policiers, 45 unités de CRS, 500 policiers supplémentaires de la direction de l’ordre public et de la circulation, 8000 de plus des compagnies départementales d’intervention, cela sera-t-il suffisant ? ». Le ton est donné. « Il faut des moyens nouveaux » souffle l’hebdomadaire. « l’Etat d’urgence constitutionalisé », « les mesures d’éloignement », « les mises à résidence »… Mais tout cela a déjà été testé sous le gouvernement Hollande. Alors ? C’est le cri du cœur de la réaction de tout temps que pousse le « Figaro ». Après avoir évoqué « l’utilisation des canons à eau » et les « arrestations préventives », voilà enfin évoquée la mesure attendue. « Les policiers auront-ils le droit comme ils le demandent d’utiliser les balles de défense » ? En terme plus direct, c’est le droit de tirer que réclame la réaction contre les manifestants, les travailleurs, les ouvriers, salariés, retraités et jeunes défendant leurs simples intérêts. C’est le droit d’imiter les versaillais contre les communards. Sans l’affirmer directement, le « Figaro » tire une leçon de l’histoire plus récente. La politique d’Emmanuel Macron s’inspire largement de celle que Margareth Thatcher a imposé en Grande-Bretagne dans les années 80. Pour y parvenir, la « dame de fer » a usé des armes, fait tirer sur la foule, assassiné les mineurs notamment en grève générale. C’est cela qu’envisage aujourd’hui certains partisans de Macron, favorable à en découdre, une fois pour toute…

…aux émeutiers des villes et des campagnes

Il faillait pour les besoins de la cause assimiler la France Insoumise aux « activistes fauteurs de troubles et de désordre qui veulent organiser le chaos » quitte à « instrumentaliser les migrants ». Le thème des migrants est « payant » pour les calomniateurs de la France Insoumise car la situation ne peut sur ce plan que s’aggraver. Il faut donc démêler là aussi le vrai du faux, argumenter, montrer qu’en réalité tous ces « inquiets » soutiennent une politique qui poussent à une migration toujours plus importante et à des désordres sans fin.

Que des groupes mènent une activité de « harcèlement » contre la police est vraisemblable. Mais en affubler la France Insoumise est absurde. Cela ne sert qu’à dégager les véritables responsables de leurs propres responsabilités. Emmanuel Macron, élu depuis quelques semaines, porte déjà sa pierre à l’édifice. Son intervention concernant le Mali, sa première initiative en direction des armées, les interventions militaires de la France à l’extérieur des frontières ne peuvent que renforcer les conditions qui poussent des centaines de milliers à quitter leur pays pour fuir la misère, les bombes, les destructions et la mort. La question que tentent de camoufler les rédacteurs du « Figaro » est donc assez simple : qui est responsable des désordres liés à la présence de centaines de milliers de migrants ? Les groupes mis en cause, ou les tenants d’une politique qui pousse des masses toujours plus importantes à prendre la route ou à risquer leur vie sur des radeaux de fortune ?

La question est évidemment politique à tout point de vue. Dans le domaine de la dénonciation comme des solutions. Et met le pouvoir au centre de la discussion.

La migration économique est la conséquence des pillages organisés des ressources naturelles et alimentaires par des puissances impérialistes qui n’y voient que richesses et profits, la migration politique est celle de populations dont les nations ont été détruites, anéanties par les efforts des gouvernements américains et de ses alliés de l’OTAN qui par la même occasion ont créé le monstre Daesh, les migrations sont celles de populations qui ne l’ont pas demandé et ne trouvent aucun plaisir à parcourir tant bien que mal nos routes à la recherche d’une aide éphémère.

Pour éviter les centres sauvages sur lesquels s’appuient les rédacteurs du « Figaro » pour décrire une situation d’apocalypse, de non droit, d’insécurité, d’insalubrité, il suffit que l’état assume ses responsabilités, traitant tout homme qui se présente à sa frontière comme un humain et non comme un ennemi, contrairement aux accords de Dublin qui sous l’égide de l’Union Européenne transforment la Grèce et l’Italie en lieu de détention pour les réfugiés et immigrés. Il existe des principes sur le simple plan humanitaire et politique que Macron Collomb bafouent aujourd’hui, comme Hollande Cazeneuve hier.
  • A/ Le droit de demander asile partout, dans le pays de son choix, et dans l’attente de l’instruction des dossiers qui permettra à l’état de décider souverainement, assurer des conditions d’accueil décentes.
  • B/ Ceux qui peuvent prétendre au statut de réfugiés politiques doivent en bénéficier.
  • C/ Mais la jurisprudence française permet également d’autoriser à devenir résidents français des étrangers qui, sans être personnellement persécutés pour leur activité politique, peuvent craindre pour leur vie s’ils retournent dans leur pays. Tous les ministres de l’intérieur jusqu’aux années 2000 – M. Pasqua inclus, pas vraiment un tendre sur le plan sécuritaire– avaient donné des directives dans ce sens à l’administration.
  • D/ Quant à ceux qui ne peuvent satisfaire à ces critères, il est du devoir de la république de garantir leur vie en mettant sur pied des centres d’accueil, avec des logements « en dur », des sanitaires, l’intervention de médecins et la prise en charge des enfants, cela pour le temps nécessaire à l’étude de leur dossier.
  • E/ Les mineurs isolés doivent être mis sous la protection de l’état conformément au droit français.
  • F/ Le regroupement familial doit certes être contrôlé et lorsqu’il est avéré le droit au regroupement familial doit être exigé.
Mais la question politique trouve sur son chemin l’orientation du gouvernement Macron qui se révèle être le véritable fauteur de trouble. La question des migrants est indissociable de questions qui concernent en réalité la société toute entière, la grande majorité de nos concitoyens.

L’accueil des migrants pose la question de l’emploi d’abord, donc la nécessité d’une politique de réindustrialisation, contrairement à ce que nous subissons depuis plusieurs dizaines d’années avec la destruction de centaines de milliers d’emplois industriels ordonnés par l’union européenne. La rupture donc avec les traités européens qui organisent la misère industrielle, et à défaut la sortie de l’union européenne pour rompre avec cette politique de misère sociale que le nouveau président Macron a la responsabilité d’appliquer jusqu’au bout.

Les partisans du pouvoir actuel, soutien des puissances financières et bancaires, cherchent à opposer les faibles aux plus faibles, les pauvres aux plus pauvres. Cette orientation, fond de commerce du Front National, est largement reprise dans les colonnes du « Figaro ». Les chômeurs profiteurs au détriment des travailleurs, les bénéficiaires du RSA fauteurs de déficits, les malades responsables du trou de la sécurité sociale, etc… On connaît la chanson. Ne manquait que le couplet du migrant privilégié. Nous y sommes. La vraie question est ailleurs évidemment, unifiant l’ensemble des exploités, à un titre ou un autre, l’ensemble des victimes d’un capitalisme financier pour lequel la vie des plus faibles est réduite à une simple variable d’ajustement. La question posée est celle des services publics et des fonctionnaires rétablis dans leur mission, leur maintien, leur reconquête et leur développement, contrairement à la « concurrence libre et non faussée » et au combat acharnée de l’union européenne pour leur réduction et leur privatisation, contrairement à la volonté macronienne de supprimer 150 000 postes de fonctionnaires, et de réduire les services publics. La question posée est aussi celle de nos frontières utilisées à bon escient pour ce qui concerne les flux financiers, un protectionnisme ciblé, la défense de l’emploi. La question posée est celle du CETA et au TAFTA qui fait du commerce le but ultime de toute existence humaine. La question posée est celle d’un véritable plan pour le logement… La question posée est celle de la politique du pouvoir jupitérien d’Emmanuel Macron au service du Medef et de l’union européenne, tout simplement.

En guise de conclusion

L’inquiétude réelle du « Figaro » est exprimée sans détour. L’effondrement du parti socialiste dégage « un boulevard pour la France Insoumise ». Jean Luc Mélenchon est en passe d’acquérir « la position officielle de principal opposant au gouvernement Macron ». Un peu plus loin, le rédacteur précise : « de principal opposant structuré ».
Là est le point de départ de l’affolement généralisé qui permet de comprendre toutes les outrances. La crainte de voir l’engouement créé dans la campagne électorale en véritable engagement organisé, structuré. Vu et lu sous le prisme de l’insoumission, le « Figaro » fait là aussi œuvre utile. Il dégage et exprime clairement ce qui devrait dans les mois qui viennent mobiliser les énergies des insoumis, soucieux de voir le mouvement prendre toute sa place dans la bataille sociale et politique qui s’annonce.

Jacques Cotta
Le 4 juillet 2017

 

Partager cet article


Commentaires

Dommage pour la forme, oui pour le fond. par Baron Di-Ablokor le Mercredi 05/07/2017 à 15:08

 Beaucoup - mais alors BEAUCOUP - trop de fautes, de mots oubliés, de ponctuation innapropriée, de sens doubles, de phrases difficiles à entendre correctement faute de bonne forme et formulation. Vraiment dommage et dommageable à la cause, au fond (que je sais partager avec vous M. Cotta) et un terrible problème quand le fond est justement si vrai. N'y a-t-il donc pas de correcteurs sur ce blog ? Peut-être un poste bénévole à pourvoir ?


Re: Dommage pour la forme, oui pour le fond. par Implicite le Lundi 10/07/2017 à 18:33

Très bon article, merci.



Archives par mois


La Sociale

Il Quarto Stato