J’avais cru que nos quotidiens s’en tiendraient, pour évoquer le sujet, à la bataille parlementaire, or, voilà que non, ils descendent dans la rue et quelle rue !
L’intervention des riches lobbies de l’industrie pharmaceutique a mis en place une campagne mensongère et des relais citoyens qui tiennent compte de sa défaite aux présidentielles nord-américaines. Elle porte le fer au plus près des habitants, comme Obama l’avait fait pour gagner un à un les soutiens nécessaires. Sauf que si cette bataille est en cours, c’est qu’il existe des forces tout aussi importantes qui soutiennent le projet ! La journaliste de Libération n’a rien à dire sur ce point par plus qu’elle ne fait l’inventaire des liens entre Républicains et lobbies.
Des milliers de manifestants à Washington, et à présent des interventions dans des centaines de villes, vont répétant que cette réforme ne peut plus attendre. Un site internet est né du côté gouvernemental (celui que donne Libé) mais aussi du côté des citoyens :
Ce site donne à la fois le texte du projet de loi, des « fliers » (je ne savais pas d’où venait ce mot en vogue chez nous) pour défendre le projet, des questions réponses qui montrent jusqu’où l’adversaire va, pour susciter le mécontentement. Cette semaine, sur l’hebdo US Today, Nancy Pelosi (première femme présidente du Congrès) et Steny Hoyer (le responsable du groupe du Parti démocrate), publient un texte pour rappeler les raisons et les moyens du projet. Les Démocrates sont à l’offensive autant que les Républicains et ils marquent des points avec une nouvelle Commission du Congrès qui se range du côté de la réforme.
Mon souci n’est pas ici de défendre la réforme mais d’indiquer seulement qu’une bataille populaire fait rage dans les deux camps, une bataille historique au regard des efforts passés.
Que dit Nancy Pelosi ? Alors que l’adversaire parle d’atteinte au droit de choisir, elle répond que, tout au contraire, il s’agit enfin de pouvoir donner à chacun le droit de choisir entre une assurance privée, et une assurance publique NATIONALE ! Il faut, ajoute-t-elle, que chaque Américain puisse être assuré, même s’il perd son travail. Elle a employé le mot « anti-américains » pour désigner les adversaires de la réforme, et aussitôt les tensions sont montées d’un cran.
Médecine préventive et médecine curative
Aux USA la médecine préventive est le parent pauvre du secteur médical qui préfère intervenir après la maladie qu’avant, sous prétexte d’économie (où en est notre médecine du travail ?). Or, et c’est un des milliers de faits que les adversaires de la réforme nient, l’obésité par exemple, ce problème national, a besoin d’actions préventives, et parmi elles, le gouvernement prépare une taxe contre les produits sucrés, taxe qui en retour alimenterait le budget de la Sécurité sociale. Ceci étant, le projet reste loin de la création d’une politique gratuite de dépistage du cancer du sein par exemple. Pourquoi ? Toujours au nom de la liberté qui a bond dos !
Face à la menace de grippe le vaccin fait figure de mesure préventive tandis que les anti-virus servent à soigner, souvent quand le virus s’est propagé. Chaque médecine à son rôle suivant les situations, mais aux USA la seconde domine toujours.
Le dur débat autour de la loi permet donc d’aborder globalement les questions. Prenons le cas de l’assurance des médecins contre les erreurs médicales. Le montant de cette assurance augmente de façon faramineuse, le médecin reporte sur les patients le prix de cette assurance. Au bout d’un moment, le patient est à chaque fois la vache à lait, ce qui laisse en bonne santé… les assurances privées. En France, le Crédit Agricole, que je connais bien, est devenu, comme les autres banques… une assurance. Et nous sommes loin du cas des USA !
15-08-2009 Jean-Paul Damaggio
P.S. J’ai écrit au moment de l’élection d’Obama que je surveillerai l’autre grande réforme qu’il a en projet, la légalisation de 10 millions de sans-papiers. La promesse tient toujours de déposer le projet de loi avant la fin de l’année 2009 avec en perspective une autre lutte sociale décisive en 2010. Obama vient de réitérer cette promesse à la rencontre entre lui, le président du Mexique et le premier ministre de Canada, ces deux derniers témoignant de leurs positions très conservatrices.