Ruffin sait écrire et son livre est un portrait d'une totale cruauté. Pas une once de charité pour le président. La vérité sans fard, sans dissimulation et pas seulement la vérité des faits - j'en ai appris pas mal, même s'il n'y a pas de révélation - mais surtout le vérité du portrait moral d'un homme et d'une caste. D'un homme ambitieux et creux, d'un "séducteur" qui se compara un jour à une "prostituée" (ce qui est injuste pour les prostituées), d'un homme mis en scène par d'autres mais dont la machine médiatique nous a raconté une histoire fabuleuse. Le passage que Ruffin consacre à Macron et les études supérieures est ravageur. Comment il a laissé croire qu'il était normalien (après raté deux fois l'entrée à l'ENS) et "philosophe", lui qui n'a jamais rien écrit qui ait quelque rapport avec la philosophie: l'homme ressort de ce passage comme une véritable loque.
Portrait d'un homme et d'une caste. Une caste de grands patrons, "socialistes", "de gauche" pour certains, et qui se goinfrent toute honte bue. Portrait de gens qui ne doivent plus avoir la moindre idée de ce qu'est la conscience morale, de gens "sans scrupule", sans ce petit caillou qui vous fait mal quand vous n'avez pas bien agi. Certains, je les connaissais bien si j'ose dire: nous les avions épinglés, Jacques Cotta et moi dans notre livre de 2001, "L'illusion plurielle": fabiusiens, rocardiens ou "mauroyistes, ils étaient déjà là et ce "nouveau monde" est surtout peuplé de vieux crabes. C'est aussi le portrait d'une caste qui a rompu tout lien avec le pays, qui ignore superbement "le citoyen lambda", "Jojo le Gilet jaune", tous ceux qui "ne sont rien" et dont la parole est l'avance disqualifiée. Cette caste qui finit pas donner des haut-le-cœur et qui finirait par nous faire regretter le bonne vieille droite d'antan.
François Ruffin précise qu'il n'encaissera aucuns droits d'auteur : https://francoisruffin.fr/cette-france-que-tu-connais-pas/
A qui alors iront les profits de sa vente ? Aux colonialistes de la France Insoumise ? Aux anciens élèves décrocheurs de La Providence, son ancien établissement privé catholique d'Amiens fondé par la congrégation des jésuites ? Aux petits chanteurs de la croix de bois ? A la charité bien ordonnée ?
Dans les années 70, ils étaient de bon ton de voler les livres dans les librairies. Un geste symbolique. La cleptomanie des jeunes révolutionnaires désargentés. Si ce livre donne du plaisir et alimente les cartoucherières critiques, alors je n'ai qu'un seul conseil à donner à mon tour dans le dos au député Ruffin. A tous ceux qui veulent le lire : volez-le !
Fraternellement !