Pendant les années 60 les luttes pour les droits civiques des Noirs des USA firent le tour du monde avec des leaders charismatiques. Avec les années 2000, les luttes des latinos pour leurs droits civiques restent cantonnées dans des images fugaces (j’ai consacré plusieurs articles sur ce sujet). Pourquoi ce décalage ?
La couleur c’est plus visible ?
Ne disons plus les Noirs mais les gens de couleur sauf que pour les latinos, quelle est leur couleur ? Loin de moi l’idée de minimiser la lutte pour la sortie de l’esclavage, la lutte contre la fin de la ségrégation, la lutte pour la dignité et l’égalité de tous les humains, luttes véhiculées par Martin Luther King et ses amis. Je souhaite seulement constater que les actions des années 60 s’épaulaient les unes les autres tandis qu’aujourd’hui, les luttes sont fragmentées par des médias qui les manipulent à souhait. Or, dans le contexte USA, les latinos bousculent les schémas établis.
Les latinos par centaines de milliers dans les rues
L’écart entre les deux luttes n’est pas seulement un écart d’époque. Les Noirs, malgré le rêve marginal de retour en Afrique, étaient pour l’essentiel des citoyens des USA qui ne pouvaient que le rester, et devaient le rester avec plus d’égalité. Par ailleurs, le thème de la couleur permettait d’éclipser le thème « lutte sociale ». Les latinos sont dans un contexte totalement différent. Ils ne sont pas Etasuniens et travaillent deux fois : pour vivre, et aider la famille laissée au pays ! Ce dernier point est crucial. Quand le président du Mexique soutient les latinos des USA, alors qu’il maintient sous le joug le peuple de son pays, il s’inquiète surtout de la baisse possible des rentrées financières envoyées par les immigrés dans son pays. D’une part les sommes sont colossales et d’autre part, si les latinos des USA revenaient au Mexique, le pays déjà au fond du gouffre serait obligé de creuser encore plus, pour s’enfoncer (bien sûr le Mexique n’est par le seul pays concerné). La lutte sociale est au cœur des combats latinos et contre elle peut se développer le racisme social d’autant que les latinos en question ne s’établissent pas tous aux USA. Ils vont et viennent et on pourrait leur demander de repartir sans revenir.
Obama a oublié sa promesse ?
La lutte consiste à obtenir la légalisation de 10 millions d’illégaux. Je ne dis pas de sans papiers car il n’y a pas de papiers à l’intérieur des USA : le permis de conduire que l’ont peut obtenir même sans parler la langue, même si on est illettré, sert de référence essentielle (toute personne qui voyage a par contre un passeport). En 2006-2007 le Congrès a failli voter une loi légalisant les personnes installées depuis plus de 5 ans, non par humanisme mais par réalisme économique. Toute économie parallèle est non seulement une perte de rentrée financière pour l’Etat, mais un risque de gangrène générale pour l’économie. Obama avait promis de déposer une nouvelle loi avant la fin 2009. Les tracas et reculs de sa réforme de santé a retardé le projet et ce retard lui revient en pleine figure. L’immigration est « compétence fédérale » or l’Etat d’Arizona, face à l’évolution de la situation et pour régler quelques menus comptes avec Obama, a décidé de criminaliser les illégaux. Des centaines de milliers d’opposants sont revenus dans les rues (beaucoup plus que pour défendre la réforme de santé) mais le rapport des forces n’est plus celui de 2006. D’une part la crise économique fait monter le racisme (les étrangers dehors) et d’autre part les pouvoirs croissants des Cartels de la Drogue côté mexicain font craindre leur installation en Arizona. Obama a désapprouvé la loi mais est-il oui ou non le président ?
Globaliser à nouveau les luttes
La lutte des latinos se situe en conséquence à un carrefour social majeur qui devrait inciter les forces démocratiques à globaliser à nouveau l’action citoyenne. Il ne s’agit pas de défendre une communauté mal traitée mais de défendre un rapport au travail (les latinos font les travaux les plus durs et les plus mal payés), un rapport au politique (la décision passe par une loi), un rapport à la conjecture (s’ils ne gagnent pas aujourd’hui, la chute sera d’autant plus dure pour TOUS).
4-05-2010 Jean-Paul Damaggio
Juste un petit mot avec un hors sujet de maux de mai mais là sans le grand film de Peter Watkins : La commune de 1871 en 1h et 15' avec en intro la photo d'un bel Homme dont l'anniversaire de mai n'a pas fait grand bruit que ce soit dans le Landerneau ou chez les Latinos ou ailleurs, La Trêve de P.L. et aussi Trèves, ville ancienne historique, des fouilles archéologiques et ethnologiques s' y poursuivent encore et toujours.. mais moi j’ai dit bizarre ? car une des plus récentes des m aisons natales est bien souvent fermée, signe des temps ? ou/et plutôt souvenirs des fins d'années 90 où la porte du musée de « recherches » était cadenassée à double-tour, alors avec les jeunes enfants, nous avions faute de mieux, arpenté les rues de la belle vieille ville aux pierres noires sous un froid de canard déchaîné et une pluie glacée avant le retour en France. Tout ça n’empêche pas Nicolas qu’la La Commune n’est pas morte dans les mémoires et le dur vécu des Peuples un peu partout dans ce maudit monde infernal décrété ou devenu GTI soit Global, Total et Impérial, pas pour toujours ? Les repères des grands espaces géographiques humains, indiens ou pas, se rétrécissent, plus question de distances insurmontables ? Le dernier n° hors-série de 28 p. que j’ai de la Libre Commune d’Oaxaca est celui de juin-décembre 2006, je n’ai pas suivi la suite. En conclusion provisoire Vive la Sierra Leone, vivent Free town et les villes et villages libres où qu’ils soient situés dans la planète bleue et excuser si possible les grains de Grossel « alréens : soit Lumières » écrit en bon français.