Cependant, il existe bel et bien un racisme qui vise les humains pour ce qu’ils sont. Bien qu’en net recul, ce racisme existe toujours dans notre pays. Par exemple, le racisme vise les Noirs parce que la couleur de leur peau est tenue comme une marque de leur être. Une Africaine que je connais bien et ses enfants métis ont eu à subir le racisme, les vexations, même à l’école et même de la part de certains professeurs. Et pourtant, elle est chrétienne et ses enfants n’ont pas plus de religion que ça… Un Noir du Sénégal, musulman, ne sera ni plus ni moins discriminé qu’un Noir chrétien du Congo. Et un Libanais chrétien sera éventuellement considéré comme un « bougnoul » comme les autres, indépendamment du fait qu’il ne soit pas musulman. C’est aussi le racisme qui vise les Juifs et conduit bien des familles à déménager pour que leurs enfants ne sont pas stigmatisés parce que « Feujs ».
La première accusation, donc, que l’on peut lancer aux promoteurs de l’escroquerie de « l’islamophobie »[1], qui identifient race et religion, c’est qu’ils pervertissent la lutte antiraciste et apportent de l’eau au moulin des racistes « canal historique ».
En second lieu, le prétendu antiracisme des escrocs de l’islamophobie ne vise pas des authentiques agressions contre les musulmans, celles dont le ministère d’intérieur nous indique qu’elles sont au plus bas, alors qu’explosent les agressions antisémites – agressions dont une bonne partie vient de ces soi-disant discriminés par l’islamophobie. Ce que les escrocs de l’islamophobie désignent sous ce terme d’islamophobie, ce sont, d’une part, les réactions aux provocations qu’ils organisent - pensons à l’affaire du burkini – et d’autre part la critique de l’islam – comme dans la fameuse affaire des caricatures de Mahomet. Autrement dit, ils veulent, premièrement abolir les lois républicaines qui règlementent les lieux publics ainsi que la loi de 2004 sur les signes ostentatoires à l’école qui n’est, elle-même, que la reprise d’une circulaire de Jean Zay datant de 1936. Les fameuses « mamans voilées » ne sont que les agents (conscients ou non) de ces provocations pour réintroduire le voile à l’école. D'autre part, ils veulent que soient criminalisées toutes les pensées hostiles à l’islam. Ils n’ont rien contre les caricatures montrant le pape en train de sodomiser une bonne sœur (ils sont donc tolérants) mais n’acceptent pas la plus petite blague sur le prophète et le soi-disant Allah…
Le fond de l’affaire va donc au-delà simplement de la question laïque et des règles de cohabitation entre conceptions du bien dans une société pluraliste, pour parler à la manière de Rawls. Ce qui est en cause, c’est tout simplement la liberté de penser. Bref si on suit ces gens, ils vont finir par brûler derechef le Traité théologico-politique de Spinoza (heureusement, ils ignorent sans doute jusqu’à son existence).
On le voit, toute cette prétendue lutte contre l’islamophobie n’a aucun rapport avec le racisme et la lutte antiraciste. C’est une opération politique de prise de contrôle des habitants musulmans – ou réputés musulmans – de ce pays par une organisation politique internationale, les Frères musulmans opérant sous divers faux nez. On voit clairement se dessiner les manœuvres qui conduiront un jour ou l’autre à la réalisation du scénario du livre de Michel Houellebecq, Soumission. À moins que la résistance ne s’organise et que les intellectuels, les professeurs en premier lieu s’engagent pour la liberté de penser et que les républicains s’attachent à arracher les faux nez des Frères musulmans.
Denis COLLIN
[1] Je reprends la formule de Charb qui avait écrit une Lettre ouverte aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes. Peu de temps après avoir écrit ce texte, Charb était exécuté par le commando islamiste qui massacra la rédaction de Charlie Hebdo.