Exactement comme dans beaucoup d’autres cas, la colonisation a forgé une identité nationale des colonisés (pensons à l’Algérie). Les Palestiniens ont émergé comme sujet historique tout aussi fondé à revendiquer ses droits que la nation algérienne face à la colonisation française. Si on voulait leur appliquer les critères génétiques (ou pseudo-génétiques) que les Israéliens s’appliquent à eux-même, on pourrait faire remarque que les Palestiniens ne pas des Arabes (autre mystification) mais sans doute les authentiques descendants de Hébreux de l’Antiquité convertis par les envahisseurs arabes qui ont détruit l’empire romain d’Orient. Mais laissons-là cet argument. L’abus de la mémoire historique a trop souvent des fins idéologiques.
Si on se place du point de vue du droit international, la reconnaissance de l’État d’Israël va de soi … mais dans les limites de 1948. Tous les territoires annexés depuis l’ont été en dehors de toute légalité internationale. Aucune résolution internationale n’a reconnu l’occupation de la Cisjordanie et l’accord est à peu près général sur la formule « deux États », se reconnaissant mutuellement. Si la perspective est claire, elle semble cependant plus loin de toute réalisation qu’elle ne l’a jamais été. D’un côté, Israël, depuis l’assassinat de Rabin par un extrémiste israélien, s’est radicalisée. Les tendances racistes, hostiles à tout accord avec les Palestiniens se sont développées et le « camp de la paix » s’il reste important ne dispose d’aucune représentation politique sérieuse. Tout cela a été encore aggravé par la politique de Trump qui a décidé d’installer l’ambassade des USA à Jérusalem, pendant que Vladimir Poutine entretient avec Netanyahu les relations les plus amicales. D’un autre côté, les principaux États arabes de la région (Égypte et Arabie Saoudite) ont ouvertement abandonné les Palestiniens à leur triste sort, au profit d’une alliance stratégique avec Israël contre l’Iran. On est arrivé au point où nombreux sont les Palestiniens qui ne croient plus possible la construction d’un État palestinien et seraient prêts à être intégrés à Israël avec le statut des Arabes israéliens…
Le Hamas, on le sait, a été, à l’origine propulsé par l’Arabie Saoudite qui l’a financé et, en sous-main, par les services secrets israéliens qui se sont servi de ce groupe pour éliminer l’OLP (organisation non confessionnelle) et le Fatah. L’islamisation de la résistance palestinienne est une bonne affaire pour tous ceux qui cherchent des prétextes pour refuser ma constitution d’un État palestinien. Comme les talibans ou Alqaida, le Hamas fait partie de ces leurres utlisés par les puissances impérialistes pour garantir un « chaos soutenable » au Proche et Moyen Orient.
Pouvons-nous faire quelque chose ? Appliquons d’abord le vieux principe d’éthique médicale : d’abord ne pas nuire ! Ne pas jeter d’huile sur le feu. Refuser de se laisser embrigader dans les croisades meurtrières des uns et des autres et rappeler les questions de droit. Aider par tous les moyens tant les courants palestiniens laïcs que les partisans israéliens de la paix. S’en tenir là, c’est déjà bien.