Depuis que François Hollande a décidé de reprendre à son compte la déchéance de la nationalité, on assiste à un débat qui a évacué, comme si la chose était devenue secondaire, la question de l’état d’urgence. Ainsi de Jérôme Guedj à Pierre Laurent en passant par Jean Luc Mélenchon, les « frondeurs » du parti socialiste, les responsables du front de gauche et du parti de gauche qui sur les bancs de l’assemblée nationale ont approuvé l’état d’urgence ou qui depuis gardent un silence assourdissant, participent ensemble à un concert de désapprobation sur la déchéance. De leur part donc, malgré nos sollicitations, aucun engagement sur l’appel des 333 pour la levée de l’état d’urgence. Etat d’urgence et déchéance de la nationalité : s’agirait-il donc de deux questions distinctes, indépendantes l’une de l’autre, ou la position apparemment contradictoire de cette partie de la « gauche » aurait-elle sa propre cohérence en camouflant l’essentiel de la politique mise en place par le gouvernement socialiste ?
Où est donc en effet la cohérence de ceux qui s’insurgent sur la déchéance et ne mouftent pas sur l’état d’urgence ?
- Sans revenir dans le détail, il est bon de rappeler que l’état d’urgence comprend une série de mesures très pratiques dont un renforcement sans précédent du caractère autoritaire de la 5ème république, une atteinte aux libertés démocratiques, syndicales, associatives et politiques démontrée à maintes occasions -répression des manifestants lors de la COP21, mises à résidence de militants pour interdire toute contestation, « encadrement » des protestations contre la répression syndicale à Air France par exemple- un pouvoir accru des forces de polices, un droit de perquisition de nuit étendu hors de tout contrôle judiciaire….
- A l’inverse la déchéance de la nationalité est affirmée comme une mesure symbolique. En effet tout le monde s’accorde pour reconnaître que la perte de la nationalité est une menace qui ne peut avoir d’effet sur un terroriste déterminé à perdre sa vie en se faisant lui-même exploser. Ce qui n’amoindrit en rien la gravité extrême de cette mesure empruntée au front national, à l’UMP ou encore à Pétain. La déchéance de nationalité des binationaux devenue le fer de lance de la politique de François Hollande et de Manuel Valls est une remise en question fondamentale de la citoyenneté, de la nation, des règles mêmes de notre république en établissant deux catégories de français. Au point d’ailleurs que certains au sein du parti socialiste, conscients de cette « difficulté », étaient partisans d’étendre la mesure à tous les français, et d’autres d’ailleurs pris dans leur élan, devenaient partisans d’introduire la possibilité de frapper ainsi tous les français pour des actes dépassant les simples faits de terrorisme.
Dans la logique « Hollandienne », la déchéance de nationalité vient s’inscrire dans le prolongement exact de l’état d’urgence. Comme pour l’état d’urgence il s’agit pour Hollande et son entourage de faire quelques calculs électoraux minables en tentant de capter des voix à l’extrême droite et à la droite pour devenir le candidat officiel du système qui opposé au second tour des présidentielles de 2017 à Marine Le Pen aurait une victoire assurée. Outre que ce pronostic est bien hasardeux, la liquidation du parti socialiste s’inscrit dans cette perspective. Son élimination aux dernières régionales dans ses bastions historiques –Nord et Bouches du Rhône longtemps appelés « Bouche du Nord » - a en effet sanctionné une débâcle annoncée.
Pourquoi dés lors les nouveaux « oppositionnels » de gauche – « frondeurs » ou « gauche de la gauche » - n’affirment-ils pas, comme le font les milliers de signataires sur l’appel des 333 qui se retrouveront au meeting à Paris le 23 janvier, que l’urgence est précisément « la levée de l’état d’urgence » ? Pourquoi n’indiquent-ils pas que la meilleure façon de mettre en échec la politique anti républicaine de Hollande qui oppose des français les uns aux autres, exprimée dans la déchéance de nationalité, est sa mise en échec sur l’état d’urgence qui préside à toute sa politique sécuritaire ? La raison ne se trouve-t-elle pas précisément à l’ombre de l’état d’urgence ? Et dans des calculs assez similaires à ceux que fait le président de la république.
Pour la plus grande partie de cette « gauche » d’opposition, l’obsession des postes domine. Le parti communiste en a fait la démonstration aux dernières élections régionales en fusionnant ses listes avec le parti socialiste au détriment du parti de gauche dont l’heure finale a sonné… Les frondeurs, les premières couleuvres passées et digérées, sont déjà prêts à se remettre à table pour avaler cette fois des boas constrictors… Et Jean Luc Mélenchon silencieux fait sans doute un calcul similaire –et plus personnel- dans la perspective de 2017 où « le sens des responsabilités » devrait imposer qu’aucune voix dissonante ne se fasse entendre dés lors qu’il est question de sécurité.
Sans doute y a-t-il des nuances parmi cet aéropage. Mais l’unanimisme des responsables politiques de cette gauche de la gauche se retrouve dans l’absence partagée sur l’appel des 333 pour la levée de l’état d’urgence. Nul parmi eux n’a saisi l’occasion de se lier aux milliers qui déjà ont signé et qui le 23 janvier se retrouveront porte de Charenton…
Mais plus que les calculs politiques aussi minables les uns que les autres, n’est-ce pas la politique menée à l’ombre de l’état d’urgence qu’il s’agirait de ménager? Car pendant que les discours se mènent sur la déchéance de nationalité, le gouvernement Hollande Valls est engagé dans une offensive sans précédent. La réforme du code du travail en est un des exemples les plus criants qui vient s’ajouter aux mesures qui depuis plus de deux ans concernent le travail, le salaire, les retraites, la sécurité sociale et les services publics, la remise en cause des statuts, les cadeaux successifs consentis au capital au détriment du travail, les lois Macron et la déréglementation générale…
C’est cette politique que l’état d’urgence vient protéger. Et c’est pourquoi l’exigence de levée de l’état d’urgence concentre l’opposition à la politique gouvernementale. C’est pour cela aussi que les calculateurs de toutes tendances préfèrent sans doute cantonner leurs critiques à la déchéance de nationalité sans affronter ce qui pourrait compromettre des alliances futures avec les responsables socialistes qui mènent la politique la plus réactionnaire que nous ayons connue depuis des décennies.
bonjour et meilleure année!
pour moi, il est clair des le début, aussi vrai qu'il faut chercher d'abord :
- à qui profite le crime et
- quels sont les interets financiers en jeu
d'ou il résulte qu'il s'agit de faire passer au plus vite deux lois exigées par Bruxelles
- les budgets 2016, y compris ceux de la protection sociale et des collectivités locales
- une loi "travail" aka un nouveau code du travail
de la résultent comme dans des poupées russes:
- déploiements policiers-attentats
- états de guerre
- état d'urgence
- campagne sur la déchéance de nationalité