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Défaite pour la réforme Berlusconi-Bossi

Les nations font de la résistance

Par Denis Collin • Internationale • Mardi 27/06/2006 • 0 commentaires  • Lu 986 fois • Version imprimable


Le référendum des 25 et 26 juin en Italie, préparé par le gouvernement Berlusconi et porté par le leader d’extrême-droite de la Ligue du Nord, Bossi, devait en grande partie défaire non seulement la constitution mais l’Italie elle-même. Renforcement de l’exécutif et abaissement du Parlement d’un côté, régionalisation complète pour la santé, l’éducation, la police, cette réforme devait mettre fin à la République Italienne et, à terme, à l’existence, si durement acquise, de la nation italienne. Par 61,7% des voix, les Italiens ont massivement répondu "NON".

C’est évidemment une défaite pour les instigateurs de la réforme, Berlusconi et Bossi. Bossi avait menacé, en cas de victoire du "NON" , de poursuivre la lutte en dehors des moyens démocratiques. On ne croit pas qu’il va installer des groupes de guerilla dans les rizières de la plaine du Po... Quant à Berlusconi, sa position dans la coalition de droite "Casa delle libertà" (Cdl) est encore un peu plus affaiblie au profit de ses alliés, les démocrates chrétiens d’un côté, les ex-MSI de Fini de l’autre. Inversement, la coalition dirigée par Prodi sort renforcée et se donne des marges de manoeuvres après sa très courte victoire, cependant déjà consolidée par les élections municipales du 29 mai.


Mais la leçon la plus importante dépasse les frontières de la politique italienne. Aujourd’hui, partout en Europe, le développement du capital tend à disloquer les nations. Appuyé par la commission de Bruxelles, acquise de fait, à l’idée d’une Europe des régions, ce mouvement reçoit le renfort de toutes sortes de groupes plus ou moins fascisants, ou, à tout le moins, réactionnaires, en ce qu’ils veulent substituer les "ethnies" et les "liens du sang", le tristement célèbre "Blut und Boden" aux liens politiques qui constituent les nations modernes. En Belgique, c’est l’inquiétant développement du Vlams Belang (ex-Vlams Blok) qui pourrait bientôt diriger la Flandre et la conduire à l’indépendance. En Espagne, les récentes décisions du gouvernemet catalan réduisent encore plus le rôle de l’Etat central. L’émiettement de l’ex-Yougoslavie en une poussière d’Etats impuissants est l’indice d’un terrible retour en arrière. Ce mouvement existe en France, bien que très marginal (Bretagne, Alsace), mais il reçoit les renforts de certains politiciens peu scrupuleux : la tentative de Frèche (ce "socialiste" démagogue de la pire espèce) de transformer sa région en "Septimanie" s’inscrit dans le même courant que celle de Bossi en Italie avec sa soi-disant "Padanie".


Les "fédéralistes" européens de gauche (toutes tendances confondues) voient dans les nations un obstacle à dépasser. Ils répètent que les nations conduisent au nationalisme et à même au fascisme. Les développements récents auraient dû les déciller : la plupart des courants fascisants actuels sont anti-nationaux : La Lega en Italie, le FPÖ de Heider en Autriche (il est anti-autrichien et pan-germaniste), etc.


Inversement, les NON français et hollandais du 29 mai 2005, le NON italien du 26 juin 2006 disent clairement que les nations font de la résistance. Les leaders de la "gauche du non" (une expression fort douteuse que nous ne retenons ici que par habitude), au lieu de faire de la surenchère en faveur de l’Europe fédérale, devraient prendre le temps d’y réfléchir. Cela vaut aussi bien pour PRS que pour les amis de Gérard Filoche ou les comités "anti-libéraux" de tous poils.

Denis COLLIN


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