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Emmanuel Macron, les « fainéants », les « cyniques » et les « extrémistes » …

… ou la vulgarité faite président au compte d’une politique d’une violence inouïe.

Par Jacques Cotta •  • Dimanche 10/09/2017 • 0 commentaires  • Lu 3685 fois • Version imprimable


Jupiter à Paris, voici Zeus à Athènes. On pouvait penser que les envolées égocentriques de notre président étaient dues à un moment de liesse, de victoire électorale, de perte des repères. Il n’en n’est rien. « A froid », Macron confirme. Devant l’Acropole d’Athènes, lieu de naissance de la démocratie et de la puissance d’Athènes qui ont marqué les Vème et VIème siècle avant J.C. ou dans les jardins de l’ambassade de France, le président français a usé les symboles pour mieux servir une orientation violente exprimée avec l’once de grossièreté qui revient à l’exercice.

Menaces, injures, mépris...

Fort d’une impopularité qui surclasse ses prédécesseurs, Emmanuel Macron a décidé de mettre un peu de distance entre lui et les français pour une déclaration de guerre renouvelée. Au nom des « réformes » pour lesquelles il se déclare « d’une fermeté absolue », il dénonce les « fainéants », les « cyniques », les « extrêmes ». Certains fustigent la lutte des classes au nom d’un archaïsme paléontologique. Ce ne sont ni quelques « fainéants, extrémistes ou excités » qui réhabilitent ce qui se trouvent au cœur de notre société. Emmanuel Macron s’en charge à loisir. En martelant sa volonté d’aller au bout de sa « réforme du droit du travail », en annonçant la suite avec la « réforme de l’assurance chômage », en se déclarant déterminé pour « réformer la politique du logement et des transports », Emmanuel Macron donne une illustration assez limpide de ce que signifie une politique de classe et fait ce qu'il faut pour réactiver la « lutte des classes » qu’il met à l’ordre du jour. Il est le défenseur des intérêts exclusifs du capital au détriment du travail, les intérêts d’une petite minorité au détriment de toute la société. Jeunes avec les APL, Retraités avec les ponctions nouvelles annoncées sur les pensions, travailleurs avec la flexibilité et l’ubéristion de la société, fonctionnaires avec la réduction des postes et des services publics, voilà les « fainéants, les cyniques, les extrémistes » désignés à Athènes… Emmanuel Macron prend le risque de tout monarque. Il agresse, affronte, violente sans mesurer que tout cela ne peut avoir qu’un temps. Celui de la tolérance de la classe exploitée, jusqu’aux réactions inévitables qu’une telle arrogance et politique ne peuvent que provoquer…

… Et l’Europe, toujours et encore

Derrière l’arrogance et le mépris affichés, c’est la volonté d’une politique de régression généralisée qu’exprime Emmanuel Macron. Le tout sous couvert d’une conception de l’Europe qui date et qui dure. Tout y est, le cynisme en prime. Devant Alexis Tsipras dont on connaît l’engagement au sein de l’U.E., Macron réclame « la reconquête de notre souveraineté européenne », utilisant donc à la mode orwellienne les termes pour leur faire dire l’exact contraire de ce qu’ils signifient. La « souveraineté » n’a de sens qu’en relation avec le peuple et ce qui le rassemble, la Nation. La « souveraineté européenne » ne signifie rien dans la mesure où il n’existe ni peuple européen, ni nation européenne. L’Europe est faite de peuples divers et de différentes nations qui ont toutes leur histoire propre. La souveraineté ne peut être que celle de tous ces peuples, maitres chez eux, des nations, et l’Europe ne peut être que la reconnaissance de ces nations libres décidant de collaborer librement entre elles. La « souveraineté européenne » dont parle le président de la République est celle de la BCE, de la commission, des instances supranationales qui ont la tâche de gérer les affaires du capital financier contre les intérêts des peuples qui constituent l’Europe. Tous les discours sur la « bonne échelle » pour « gérer l’économie », « le terrorisme », « le changement climatique », « la protection contre les flux migratoires », « le terrorisme », ne sont que billevesée.

Il est cocasse d’entendre dans la foulée un « mea culpa » au nom des responsables politiques qui se sont succédés à la tête de l’Etat sur la surdité généralisée face à la parole des peuples concernant l’Union Européenne. En 2005 par exemple lors du référendum en France ? Mais nul n’a été sourd, tout au contraire puisqu’alors le PS et l’UMP, les amis de droite et de gauche de monsieur Macron ont fait entrer par la fenêtre ce que le peuple français avait rejeté par la porte. La constitution européenne votée à Versailles en congrès constitue un des plus grands dénis de démocratie que notre peuple ait eu à connaître dans son histoire. Emmanuel Macron estime que « la défaite de l’Europe est celle de la démocratie ». Il fallait oser…

La détermination présidentielle de « retrouver la voie de la démocratie » est louable. Mais pour être prise au sérieux, elle mériterait un acte démonstratif ici et maintenant. Comment parler de démocratie lorsqu’élu avec un quart à un cinquième du corps électoral sur son nom on s’apprête à liquider la plupart des réalisations sociales qui datent de décennies, jusqu’au conseil national de la résistance ? Comment oser proposer que les peuples européens soient consultés lorsqu’on refuse à la représentation nationale de débattre du contenu d’une loi travail XXL qui liquide les dispositions principales du code du travail ? Comment oser parler de Grèce en indiquant que « le peuple grec a payé très cher ses erreurs », en affirmant donc que le peuple grec ne doit qu’à lui-même les souffrances que lui a imposées depuis des années la Troïka, la commission, la BCE et le FMI réunis, autant d’institutions dont se réclame Macron lui-même ?

En réalité le fond ne fait-il pas que coller à la forme ? Cynisme, agressivité, injures, grossièreté d’une part, violence inouïe de l’autre. La « macronie » dans la parole présidentielle et l’action gouvernementale n’est-elle pas entrée en zone de turbulences sans que nul tout compte fait n’y ait pour le moment vraiment contribué ?

Jacques Cotta
Le 10 septembre 2017

 

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