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Et Italie écologie ?

Par Jean-Paul Damaggio • Internationale • Jeudi 08/04/2010 • 0 commentaires  • Lu 2206 fois • Version imprimable


Les résultats des élections italiennes furent éclipsés par les bombes dans le métro de Moscou. Heureusement Denis Collin a eu l’utile idée de nous en donner un aperçu avec ses riches commentaires. Pour ma part je voudrais revenir sur des aspects plutôt marginaux et en premier sur la question des Verts. J’étais en Italie au moment du dernier congrès de ce parti où contre toute attente le modèle « Cohn-Bendit » renversa la majorité. Malheureusement pour les Verts l’effet électoral fut totalement désastreux ! Une grande partie de l’aile gauche battue quitta les Verts et décida de continuer son rapprochement avec Socialisme Ecologie et Liberté (SEL) de Nichi Ventola qui a conservé la présidence de sa région des Pouilles (un militant qui vient de l’extrême-gauche). Le SEL récupère les maigres forces des Verts italiens soit 18 sièges (2%) tandis que la Fédération des Verts en perd 14 et n’a plus, dans toute l’Italie, que deux élus (0,5%) ! Dans la région de Marche le SEL a fait alliance avec Rifondazione communista où ils ont obtenus 7 % (sans doute ont-ils été rejeté par la gauche qui y reste triomphante)

 

Alors que le combat écologiste semble international par excellence, nous vérifions aisément que le phénomène Europe Ecologie est un phénomène franco-français, or c’est un courant qui pour l’essentiel rejette la question nationale ! En conséquence il faut chercher au sein de notre pays les raisons qui ont fait se rencontrer un électorat et l’appel à « sauver la planète ». Cohn-Bendit l’a bien compris il s’agit seulement sous l’habit écolo de réussir ce que Bayrou a raté.

Il y a un phénomène italo-italien : c’est le mouvement du juge Di Pietro, L’Italie des valeurs (IDV), qui avec un gain de 39 sièges obtient le meilleur gain de tous les partis (juste devant la Ligue du Nord qui gagne 32 sièges surtout dans le Nord mais qui a 12,5% alors que l’IDV arrive à 7%).

En Italie on vote à la fois pour une coalition et ensuite pour des partis à l’intérieur des coalitions ce qui permet d’analyser le rapport de force général entre les deux courants dominants mais aussi les évolutions internes à ces courants. Donc on constate que face aux trente sièges de perdus pour le Parti Démocratique (PD), les 39 sièges gagnés par l’IDV sont le signe d’une recomposition à gauche d’autant que l’extrême gauche en perdant 38 sièges se retrouve avec seulement 10 élus et continue en conséquence son auto-destruction. Di Pietro, ancien juge de l’opération Mains propres des années 90, est parfois considéré comme le populiste de gauche quand Bossi de la Ligue du Nord serait celui de la droite, et leur succès pourrait être mis sur le dos d’une évolution générale du pays vers toujours plus de populisme. Je ne partage pas exactement cette analyse. Le succès de son mouvement, né de rien, correspond davantage au vide que laisse le PD et son discours toujours plus sage, conventionnel et ordinaire. L’Italie qui lutte, et elle existe cent fois plus qu’on ne l’imagine, ne peut se retrouver dans une stratégie toujours plus centriste du PD (il avait pourtant organisé des primaires pour choisir son dirigeant et devait en tirer un dynamisme tout neuf) et l’IDV devient alors un vote refuge. Dans la plupart des régions il a fait alliance avec la gauche mais pas en Calabre.

Si le cas Di Pietro est un phénomène italo-italien, il n’en demeure pas moins que son combat met le doigt sur un point global qui reste un point aveugle de la gauche : comment penser politiquement les mafias ? Et cette question vaut celle sur « sauver la planète » !

8-04-2010 Jean-Paul Damaggio


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