Quasiment 10 milliards d'économies à réaliser en 2015 ! C'est à l'ordre du jour du Conseil des Ministres de ce Mercredi.
Mais avant d'en dire deux mots, il faut prendre conscience de la relativité des chiffres.
La Sécurité Sociale (avec ses trois branches : maladie, famille et retraite) a un budget SUPÉRIEUR à celui de ... la France. Son déficit est grosso modo de 13 à 14 milliards par an. Donc c'est infinitésimal (même si 13 milliards représentent beaucoup d'argent) au regard de ce que sont les sommes que cette institution gère (plus de 2.200 milliards d'€ par an).
Par contre nos gouvernants (Droite et "Gauche" confondues) ont amené l'Etat à un niveau de déficit hallucinant ... 2.000 milliards d'€ alors que la richesse nationale produite par an est aussi de 2.000 milliards d'€. Donc le taux d'endettement de l'Etat est de ... 100% ! Ce qui est très loin d'être le cas de la Sécu.
Et pourtant, les mêmes gouvernants font des gorges chaudes pour les 13 milliards de déficit de la Sécu, alors qu'ils sont responsables des 2.000 milliards de dette de l'Etat.
C'est la première chose à avoir en tête, afin de ne pas se faire abuser lorsqu'on aborde le sujet.
On pourrait écrire des pages entières sur la Sécurité Sociale et sa place centrale dans notre société et ce qu'on appelle le "modèle social français". Je ne vais pas le faire ici. Simplement il me parait utile d'en rappeler la "règle" de base qui revient à un choix de société "solidaire".
Ce principe est fort simple : les biens portants payent pour les malades et les actifs payent pour ceux qui sont en retraite. Il y a donc une logique de solidarité entre générations qui est à la base de ce système. Notons d'ailleurs au passage que de tous côtés on nous incite à abandonner ce système pour passer aux assurances individuelles. C'est un des plus vieux rêves du patronat et des milieux financiers qui bavent devant cette fabuleuse galette.
Une seconde chose mérite d'être dite : la Sécurité Sociale est financée par les cotisations sociales. Les libéraux et autres patrons disent "les charges". Mais ce ne sont nullement des "charges" puisqu'il s'agit de la part des salaires, prélevée à la source, et qui devrait être donnée aux salariés si elles n'était pas versée sous forme de cotisations sociales.
Depuis des décennies, le patronat se fait faire des cadeaux par les gouvernements successifs, sous forme d'exonérations de cotisations sociales. Dès lors, comment faire fonctionner un système comme la Sécu en lui supprimant des rentrées de cotisations (pour contenter le patronat) qui provoquent un déficit et ... que ceux qui ont décidé ces exonérations viennent reprocher à la Sécu d'être en déficit. C'est incroyable, mais c'est ainsi.
A titre d'exemple, les dernières inventions de Hollande-Valls exonèrent de cotisations sociales, notamment, tous ceux qui sont au SMIC (ce n'est qu'un exemple) ... pour financer leurs cadeaux au patronat (Pacte de Responsabilité). Ils y a d'autres mesures du même genre.
Et l'on entend ces mêmes braves gens nous dire ensuite : "la France vit au dessus de ses moyens, par exemple la Sécu est en déficit. Donc il faut un plan d'austérité pour remettre tout cela en ordre".
Et le Conseil des Ministres de se pencher sur les coupes sombres à faire pour corriger le tir et combler le dit déficit ... qu'ils ont eux-même créé.
Enfin, un dernier élément mérite d'être signalé. La "révolution" plus exactement la "CONTRE Révolution" que le PS et le Gouvernement s'apprêtent à faire s'agissant de la politique de la famille.
Depuis son origine, la branche famille de la Sécu, fonctionne sur le principe de l'universalité des prestations. En clair, toutes les familles quel que soit leur revenu ont des prestations identiques.
Et c'est parfaitement juste. Proportionnellement, moins on est riche plus ce qui est donné par la Sécu est important. C'est le contraire de la TVA !
Notons au passage, que c'est cette politique de soutien aux familles qui a aussi permis à notre pays de garder une démographie positive, contrairement à de nombreux pays d'Europe.
Et bien, une députée "socialiste" vient de proposer à l'Assemblée ... de remettre en cause ces fondements de la branche famille et donc de verser des allocations en fonction des revenus.
Ce faisant, c'est tout le système qui est remis en cause !!!!
Et c'est encore une fois les socialistes et le Gouvernement qui vont oser faire ce qu'aucun Gouvernement n'avait même tenté de faire. Interrogée sur le sujet, la Ministre de la Santé Marisole Touraine n'a pas répondu à la question d'un journaliste qui lui demandait : "trouvez-vous que c'est une bonne idée ?" (de remettre en cause l'universalité des prestations famille). Son refus de répondre en dit long ... d'autant qu'elle n'a nullement indiqué qu'elle trouvait l'idée mauvaise.
Comme je le disais dans un billet précédent, Valls et Rebsamen ont rapidement fait des émules ... cette députée "socialiste" en un seul coup se positionne près de la tête, dans le cadre de notre concours du plus réactionnaire et du plus anti-social !
Le concours continue ...