Ainsi, les plateaux de télévision ont accueilli des témoins, forcément âgés, qui ont vécu l’enfer du Vél’d’Hiv et des camps de concentration.
Plusieurs personnages politiques ont plastronné dans ce décorum, certains ont même adopté une attitude compassionnelle proche de la larme au coin de l’œil.
Cette ironie peut paraître à priori déplacée, mais bien évidemment, elle ne s’adresse pas aux victimes des atrocités de cette époque, mais aux politiques d’aujourd’hui dont l’attitude dans la pratique de leur mandat est, pour certains, peu compatible avec le « plus jamais ça »
Au cours de la présentation du film, l’une des victimes de la rafle a expliqué comment dans les années qui ont précédé la seconde guerre mondiale la culpabilisation des juifs avait été orchestrée.
La pression était été si forte que les enfants, les adolescents et même certains adultes, considéraient en finalité qu’ils étaient des êtres inférieurs ne méritant que le mépris, l’avilissement et la souffrance.
Le port de l’étoile jaune imposé par le régime de Vichy finalisait cet avilissement.
Or, la pratique de certains élus, au cours de ces dernières années, n’est pas très éloignée de la période de culpabilisation des années 30.
Cette fois ci, la population visée est celle appelée de la diversité ou encore considérée comme n’appartenant pas au corps traditionnel français pour reprendre les termes utilisés par le Président de la majorité présidentielle au Sénat.
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Quand, sur la dalle d’une banlieue on crie aux habitants « vous en avez marre de cette racaille, je vais vous en débarrasser »
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Quand, on invente un ministère de l’immigration et de l’identité nationale
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Quand, à la pause d’une réunion de militants, devant un jeune homme de couleur, on s’exclame « quand il n’y en a qu’un ça va, c’est quand il y en a plusieurs que ça pose problème »
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Quand, on fixe des quotas de « reconduite » à la frontière de personnes venant essentiellement du continent africain
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Quand, à plusieurs mois des élections régionales, on organise un débat national sur l’identité nationale dans toutes les préfectures
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Quand, dans une campagne électorale on qualifie de multirécidiviste un candidat de couleur d’une liste concurrente en faisant des amalgames d’homonymie, alors que l’on sait que pour être candidat il faut impérativement jouir de ses droits civiques
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Quand, il y a quelques années, au détour d’un discours électoral, on ironise sur « l’odeur sur le palier »
N’est-ce pas la volonté de stigmatisation d’une frange de la société considérée comme n’appartenant pas au « corps traditionnel français » en l’opposant, par des méthodes peu glorieuses, à la majorité de la population ?
On peut toujours s’apitoyer sur les millions de morts, victimes du nazisme mais au-delà de l’obligation de l’hommage et du respect, rien ne garantit d’un impossible retour de ce phénomène.
Curieusement, comment expliquer le silence de nos élites sur la montée de l’extrême droite en Europe ?
On se souvient des gesticulations, que l’on a pu rapidement qualifier de circonstances, de quelques députés européens, du P.S.E. entre autres, quand en Autriche le parti d’extrême droite dirigé par Jörg Haider devint majoritaire en Carinthie au point d’en présider l’exécutif.
Hélas, la banalisation a vite pris la place du courroux.
Aujourd’hui, qui dénonce qu’en Autriche et au Danemark, la majorité gouvernementale est composée entre autres de militants d’extrême droite ?
Qui dénonce la réhabilitation parfois posthume d’individus lettons qui ont rejoint la Waffen SS avant et pendant la seconde guerre mondiale ?
Qui s’inquiète de la poussée de l’extrême droite aux récentes élections municipales aux Pays-Bas ou le parti xénophobe est arrivé en tête à Almère (187000 habitants) et deuxième à La Haye ?
Qui s’inquiète de l’enracinement de l’extrême droite en Italie constaté lors des dernières élections régionales ?
Qui s’inquiète de la poussée de l’extrême droite aux régionales de dimanche dernier, en Hongrie, qui avec un score de près de 17 % fait son entrée au Parlement ?
Et pourtant, tout ceci se passe au sein de l’Union Européenne !
Cette évolution est tellement banalisée qu’il est aujourd’hui de bon ton de parler de droite extrême voire de droite populiste pour rendre cette idéologie politiquement correcte. La chose est devenue tellement banale qu’un groupe d’extrême droite est désormais constitué au Parlement Européen, sans que cela ne gêne beaucoup de monde.
Certes le droit européen ne dispose pas d’arsenal juridique pour contrer la résurgence de cette idéologie, mais les politiques nationales peuvent apporter des réponses économiques et surtout sociales pour empêcher une frange de plus en plus importante de la population de sombrer dans l’exclusion et le désespoir pour enfin recourir aux thèses racistes et xénophobes proposées plus ou moins explicitement par les partis d’extrême droite.
En France, le formidable taux d’abstention et l’inquiétante mais néanmoins prévisible, remontée de l’extrême droite aux dernières élections régionales ne semble pas davantage émouvoir nos élites. Au soir même de ces élections, elles n’ont pas rechigné à entrer dans le jeu proposé par des journalistes sur les plateaux de télévision et de radio. Face au succès des listes du PS et de ses alliés du 2ième tour, la question centrale était de savoir qui sortait individuellement vainqueur de ces élections ? Martine Aubry pour son quasi grand chelem ou Ségolène Royal qui a réalisé le meilleur score ? Et tout ceci dans l’objectif « bien compris » de 2012 !!!
Autre exemple de lâcheté, quand sous l’argument du devoir de mémoire, on organise, pour des classes d’adolescents, des visites de camps de concentration, l’exercice est incomplet. On oublie de dire comment on en est arrivé à cette horrible situation, et surtout, c’est encore plus grave, on se garde bien d’expliquer ce qu’il faut faire pour ne pas retomber dans ces errements.
Aujourd’hui encore, la pratique de culpabilisation d’une frange de la société reste le sport favori d’une certaine classe politique.
Autre exemple, actuellement, certains discours politiques se donnent pour objectif de « bourrer le crâne » des jeunes générations sur la question des retraites, expliquant qu’il est irresponsable de laisser aux futurs adultes un passif financier abyssal.
Ce discours est dangereux car il confine au racisme anti-vieux et irresponsable car il ne règle rien de la question des retraites. L’objectif est autre, en voici la preuve.
Au lendemain de la déroute de la majorité présidentielle, (car c’est plus la défaite de l’UMP/NC qu’une victoire du PS et de ses alliés) au cours de la matinale de France-Inter, Nicolas Demorand interroge Dominique Seux (Les Echos) :
- Quelles vont être les incidences des régionales sur l’économie ?
- L’économiste libéral répond sans sourciller « aucune incidence, les réformes prévues se feront, surtout une »
- Et Demorand de demander, laquelle ?
- La réforme des retraites, précise Seux.
- Pourquoi, interroge le journaliste de France-Inter ?
- Pour rassurer les marchés financiers, confirme l’économiste.
- Et résorber les déficits publics ? interroge de nouveau Demorand.
- Pas du tout, assène Seux, cela n’aura aucune incidence.
Voilà qui a le mérite d’être clair. Les réformes sociales, en l’occurrence, n’ont pas pour objectif de régler des problèmes sociaux, mais de détruire le système de protection sociale dit à la française basé sur le principe de la répartition, pour le livrer au marché.
Et tant pis si les rangs de la misère grossissent risquant d’alimenter l’électorat de l’extrême droite.
Le moment venu on s’en arrangera d’une manière ou d’une autre, semble dire les funambules de la politique.
Alors la question se pose, les exemples Autrichiens, Danois, Hollandais … feraient-ils école ?
Pour le peuple la question est donc celle de l’alternative politique ?
Hélas, elle ne semble pas venir du côté du Parti Socialiste.
Quelques semaines avant les régionales, se sentant pousser des ailes présidentielles, la première secrétaire du parti de la rue de Solferino n’a t’elle pas donné un gage pour le recul de l’âge de la retraite ?
Pour la fille du « père la rigueur » de 1983, le jeu consistait à prendre de court sa concurrence interne, quitte à être désavouée par le parti qui d’ailleurs recadra le discours, plus sur la forme que sur le fond. Quelques uns de ses membres déclarant « que ce n’était pas le moment de faire cette déclaration » !!!
La preuve c’est que quelques jours plus tard, son prédécesseur aujourd’hui Maire de Tulle, lui aussi ambitionnant de devenir locataire de l’Elysée, se déclara prêt à un recul de l’âge légal de la retraite.
La course au « présidentiable correct » est donc lancée au PS.
Et comme pour donner un gage supplémentaire aux marchés financiers, début avril, la « spécialiste » des questions sociales au PS n’a rien trouvé d’autre que de proposer, sous couvert d’égalité, d’augmenter la CSG des retraités qui paient cet impôt au taux le plus élevé. N’est-il pas scandaleux qu’un parti, qui se dit socialiste, fasse de telles propositions quand, en pleine crise économique et surtout sociale, la finance retrouve des marges équivalentes, voire supérieures, à celles enregistrées avant 2008 ?
En fait, pour celles et ceux qui usurpent le qualificatif de socialiste, l’objectif est davantage d’être financiaro-compatible que socio-compatible.
Contrairement à ce que certains socialistes laissent croire, l’idéologie sociale/libérale n’est pas abandonnée.
Nous ne somme pas surpris, c’est pourquoi nous ne tomberons pas dans le piège du concept de « gauche solidaire »
Il nous incombe de mettre la pression pour que l’alternance possible soit une alternative réelle.
Voilà pourquoi tout ce beau monde nage et surnage dans le marigot des faux-culs en précisant qu’ils sont plus que cela : des « faux-culs dangereux ».
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