Daumier, Corps législatif, 1834
Ce serait risible si ce n'était dramatique, ou pitoyable. Au lendemain de l'élection européenne, que nous disent les hommes politiques et les éditorialistes de tous bords ? "Un résultat dramatique, un choc, un séisme, un tsunami... La France devenue la honte de l'Europe, avec un FN à 25 % des exprimés..." On peut le lire sur le Desk (comme on dit en provençal) d'Orange : "les éditorialistes tentent de comprendre un résultat qui les sidère".
Ah bon ? De qui se moque-t-on ? Le taux d'abstention et les scores des uns et des autres étaient pourtant annoncés et commentés sans surprise depuis des semaines. Que nos dirigeants politiques ne nous fassent pas avaler qu'ils n'étaient pas avertis.
De toute façon, question riposte, la couleur a été annoncée subito presto. Tant du côté de notre Président et de son néo-premier ministre, que du côté des responsables européens, pas question de modifier ne serait-ce que d'un poil la politique qui a conduit à ce désastre. Au contraire, il faut appuyer sur le champignon, pour mieux réussir...
Quant à nos fins politiques hexagonaux, totalement fascinés par l'échéance de la Présidentielle de 2017 et démangés par le désir de garder la bonne place, ils se la jouent fins stratèges.
À droite, on demande la dissolution : victoire assurée et cohabitation qui mettra François II à genoux.
"Pas du tout", avancent quelques gourous du dit François II, "on dissout, la droite passe, elle se plante dans la crise pendant trois ans et on ramasse la mise en 2017".
Cependant que des rats quittant le navire présidentiel estiment le Président grillé pour 2017 et postulent déjà...
Mais, pour François II comme pour celui (ou celle) qui dirigera enfin le bateau ivre de la droite, un FN à 25 % est une bénédiction : "si je me retrouve face à Marine au seconde tour de 2017, tous les gogos démocrates seront obligés de voter pour moi, et vogue la galère".
On en pleurerait.
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