Sur le plan des libertés d’abord, avec la loi sur l’état d’urgence, la réforme du code de la nationalité, la réforme constitutionnelle sanctionnant un durcissement autoritaire de la cinquième république qui menace directement les libertés syndicales, associatives et politiques. Sur cette question on trouvera une série d’articles sur notre site, dont notamment les interventions du meeting d’unité du 23 janvier à Paris « pour la levée de l’état d’urgence ».
Mais c’est le plan social et politique qui aujourd’hui mobilise les énergies présidentielles, gouvernementales et socialistes. Avec une rudesse incroyable tout ce beau monde est en train de dynamiter le code du travail au point de soulever l’admiration de Monsieur Gattaz, le patron du MEDEF.
150 ans en arrière !
Pêle-mêle ce sont tous les acquis principaux que les salariés ont arrachés de longues luttes durant des décennies que le gouvernement socialiste est en passe de liquider au nom habituel de la « modernité », de la « création d’emplois », de la « flexisécurité ». Intéressant langage orwellien où tous les mots importants sont utilisés pour indiquer le contraire de ce qu’ils signifient en réalité.
- Alors que ce gouvernement se vante de maintenir les 35 heures, la semaine de travail peut être portée à 60 heures !
- La loi veut introduire les accords de compétitivité « offensifs », c’est à dire la possibilité de moduler le temps de travail librement !
- La loi veut également permettre de moduler librement le salaire pour une durée de 5 ans !
- La loi doit rendre aussi trés avantageux pour l'employeur le icenciement de tout salarié qui refuserait d’être ainsi passé à la moulinette, pour cause réelle et sérieuse, c’est à dire sans aucune des garanties minimales présentes jusque là dans les licenciements économiques.
- Les indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif doivent être plafonnées. Application d’un simple barème et plus aucune possibilité pour le juge d’apprécier une situation concrète, de juger en fonction des responsabilités réelles.
- Le développement des référendums dans les entreprises pour faire passer des mesures refusées par les organisations syndicales est prévu. Le chantage à l’emploi a donc de beaux jours devant lui.
- Les accords de gré à gré avec les salariés pour instaurer les forfaits jours sont appelés à se développer…
- Les astreintes non travaillées seront considérées comme des repos et donc non payées….
- Le temps de travail des apprentis est porté à 10 heures par jour au lieu de 8 et à 40 heures par semaine au lieu de 35 sans accord de la médecine ou de l’inspection du travail…
Après l’ANI, après les lois Macron et les milliards de cadeaux faits aux entreprises sans contrepartie notamment sur le terrain de l’emploi, le dynamitage du droit du travail vient parachever l’œuvre sociale de François Hollande. Et donner la cohérence de la politique « sécuritaire » du gouvernement.
L’utilité de l’état d’urgence !
Cette politique de liquidation sociale permet de comprendre l’acharnement gouvernemental qui s’affirme depuis les attentats du 13 novembre sur "l’état d’urgence".
Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a vendu la mèche en indiquant que l’objectif était d’installer des forces armées sur le territoire susceptible d’intervenir en tout point dans un délai maximal de 20 minutes.
Sachant que la loi se propose d’agir pour contrecarrer « tout trouble à l’ordre public », notion dont on s’accordera pour reconnaître son caractère pour le moins vague et général, qui serait donc visé par les ambitions du ministre de l’intérieur ? Des terroristes dissimulés un peu partout sur le territoire ? Ou bien plutôt les centaines de milliers de travailleurs de toutes catégories, pour lesquels les lois antisociales du gouvernement socialiste signifient une régression insupportable et produiront donc des affrontements inévitables !
Sans aucun doute, à 20 minutes de tout point du territoire il est vraisemblable de trouver des ouvriers qui refusent leur licenciement, des paysans qui ne veulent pas crever, des professions qui refusent de disparaître sous le coup de la déréglementation généralisée imposée par Bruxelles, mise en place par Hollande lorsqu’il ne devance pas simplement la volonté de l’Union Européenne.
Ce n’est pas la guerre contre « Daesh » qui est en cause, mais bien plutôt la guerre sociale préparée par les lois socialistes que l’Etat se prépare à assumer. Certaines des décisions et déclarations politiques prennent là toute leur valeur. La condamnation des « Goodyear » veut sonner comme un avertissement à l’attention de tout salarié qui relève la tête contre la dictature financière qui menace les vies et les familles. Les réactions contre ceux d’Air France traités de « voyous » par le premier ministre, coupables de défendre leur emploi et de s’opposer aux plans sociaux, résonnent comme une menace directe d’un appareil d’état qui ne peut cacher son inquiétude de voir la plaine s’embraser…
Spectacle pitoyable !
Le monde politique de « gauche » comme de « droite » ne semble obsédé que par les échéances présidentielles de 2017, incapable de répondre à l’urgence qui s’exprime immédiatement sous nos yeux. Jusqu’à Jean Luc Mélenchon qui endosse le costume bonapartiste de la 5ème république pour annoncer en guise de réponse aux sujets du jour sa candidature pour les prochaines présidentielles.
Pour des millions de françaises et de français qui subissent chaque jour et qui n’en peuvent plus, la question n’est pas l’échéance électorale de demain mais la capacité de résistance aujourd’hui pour mettre en échec les lois gouvernementales aux effets catastrophiques.
Alors que la plupart des candidats potentiels de « gauche » et de « droite » rivalisent pour savoir qui en 2017 ira plus loin l’un que l’autre dans l’horreur politique, économique, sociale et démocratique, dans la lignée des présidents successifs de la 5ème république dont François Hollande, voilà les « sceptiques » ou autres « frondeurs » qui se font entendre pour demander une primaire à gauche sans qu’aucun d’entre eux n’ait été capable de prendre ses responsabilités pour mettre en échec le gouvernement Hollande Valls, du moins pour tenter de le faire en mobilisant dans le parti socialiste contre la politique gouvernementale. Tous ces « sceptiques », « frondeurs » ou « simples militants de la primaire » assument ainsi un rôle de rabatteur pour le futur candidat officiel de la « gauche » au prétexte du danger de voir la droite ou l’extrême droite l’emporter. Mais le danger, c’est aujourd’hui, dans la politique mise en œuvre par ce gouvernement. Et qui évite de reconnaître les termes du débat mérite une défaite annoncée d’ambitions plus tournées vers des objectifs personnels que vers une vision politique collective.
Toute politique qui ne met pas au centre la nécessité d’en finir avec la 5ème république et ses institutions anti démocratiques, autoritaires et bonapartistes, d’en finir avec la dictature de l’U.E. et l’euro qui servent le capital financier au détriment du travail et des travailleurs manuels et intellectuels, toute politique qui s’affirme comme tentative de replâtrage du système mérite un échec cuisant.
Dans l’opposition aujourd’hui à la politique menée par Hollande, Valls, le parti socialiste et soutenue par Sarkozy, Juppé, « les républicains », les Le Pen et le FN, n’est-il est urgent de bâtir une force dont le premier objectif serait la déroute du système, condition pour aller vers la république sociale ? N’est-ce pas cela en effet que demandent –à l’image de Sanders aux USA- les millions de françaises et de français qui rejettent la politique et les politicards de tous bords assimilés –à juste titre- à un système oppresseur et sans avenir ?
Jacques COTTA
Le 21 février 2016