Auteur du livre « L’ECONOMIE EN RUINE, la finance et la fin d’une histoire », Denis Langlet nous a fait parvenir cet article sur la phase actuelle de la crise. Ecrit à partir des éléments rassemblés dans son dernier ouvrage, il aborde les derniers développements de la crise en cours.
Grèce, dette des Etats et contagion
L’examen de la succession des crises du système capitaliste permet d’établir un constat. Comme celles qui l’ont précédée, la crise financière a été le prélude à une crise de surproduction avec destruction massive d’emplois et de produits manufacturés. Les conséquences sociales sont aujourd’hui immenses et simultanées sur tout le globe. Le rebond d’activité constaté depuis le dernier trimestre 2009 ne peut et ne doit pas masquer la profondeur de la crise. Le déstockage, les centaines de milliards de dollars et d’euros injectés dans les circuits financiers et l’aide à la consommation sont à l’origine de ce rebond. Les millions de licenciements à l’échelle mondiale n’ont pas d’incidence économique immédiate sur le revenu disponible des ménages surtout dans les pays industrialisés. Il y a un décalage dans le temps dû aux acquis sociaux : caisses de chômage, durées des préavis, indemnités de licenciements. Mais ces millions de licenciements modifient déjà toute la situation sociale et vont peser de plus en plus sur la situation économique. De plus le renflouement des banques a un coût : l’endettement des Etats et, dans son sillage, le retour de l’inflation, les plans d’austérité et la relance de la spéculation sur les dettes publiques, les matières premières et les dettes des entreprises. Les investisseurs ont été renfloués de leurs actifs dits « pourris » et ont pu bénéficier de gains de productivité réalisés malgré la récession. La suppression massive des emplois à un niveau supérieur à la baisse des commandes, le blocage des salaires, la prise en charge par les Etats du financement des périodes de chômage partiel, les exonérations fiscales et sociales, les aides directes, tels les plans automobile en France et aux USA, les prêts à faibles taux pour l’amélioration de la trésorerie des entreprises ont fortement et dès 2009 contribué à faire baisser le coût du travail et augmenter la marge absolue. Encouragements à la surexploitation et à la spéculation, ces mesures sont elles-mêmes génératrices de relance de la crise. Elles répondent aux exigences des marchés. Ainsi, le journal Le Monde rapporte dans son édition des 8 et 9 janvier 2010 les propos suivants de Bill Gross, président de Pimco, un des plus gros fonds d’investissement au monde spécialisé dans les transactions d’obligations : « Les investisseurs internationaux ont la possibilité de choisir et privilégier des emprunts d’Etat et autres actifs là où l’inflation est stable et la rigueur budgétaire en place. » Mais selon Xavier Timbeau, directeur du département analyse et prévision du centre de recherche en économie de sciences po (OFCE), la crise économique ne fait que commencer à cause de trois dynamiques négatives :la montée du chômage, la faiblesse de l’investissement et l’explosion des déficits publics. « La sortie de crise n’est ni pour 2010 ni pour 2011. » Les Echos des 23 et 24 avril 2010.
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Bien utile votre article, merci.