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Ils disent : « Les indépendantistes de Catalogne… »

Par Jean-Paul Damaggio • Actualités • Lundi 26/11/2012 • 0 commentaires  • Lu 1957 fois • Version imprimable


Il serait étrange que l’énorme crise économique espagnole ne se traduise pas aussi par une crie politique. Pays basque, Galice et maintenant Catalogne donnent de cette crise un visage complexe que les médias travestissent à souhait. Alors que la Catalogne s’était montrée nettement moins indépendantiste que le Pays basque voilà qu’après une puissante manifestation le 11 septembre, le mot « indépendance » est venu occuper les premières pages des journaux. Avec les élections anticipées d’hier, nous vérifions que ce mot est un piège[1] qui met dans le même sac des courants opposés. 

L’échec des indépendantistes centristes

La leçon majeure de cette élection est simple : le parti largement majoritaire et globalement centriste (CiU) a pris une baffe mémorable. En passant de 62 sièges à 50 il s’éloigne fortement de la majorité de 69 sièges, nécessaire pour gouverner.

Il ne peut pas gouverner avec la droite du PP qui gagne 1 siège (de 18 à 19) ni avec les socialistes qui en perdent huit de (28 à 20). Alors quelle alliance ? 

La victoire des indépendantistes de gauche

La Gauche républicaine (ERC) passe de 10 à 21 sièges et récupère ainsi les effets du discours indépendantistes de CiU ! Comme en Galice et ailleurs nous découvrons que finalement le problème majeur est au sein de la gauche ! Le journal La Vanguardia regroupe dans le camp des souverainistes CiU, et trois partis qui se réclament de gauche : ERC, CUP et ICV. Ces trois partis de gauche progressent tous mais une progression en ordre dispersée. Avec un autre petit parti, le PS et le PP, les deux grands partis du pays sont seuls à refuser le souverainisme.

Les deux autres indépendantistes de gauche

ICV (Initiative Catalane et Verts), c’est la version catalane d’Izquierda Unida (IU) où l’union est réalisée avec les Verts. Ce courant passe de 10 à 13 députés ce qui aggrave la crise au sein du mouvement national (IU). Il semble en effet que ce courant de gauche ne gagne que s’il s’inscrit dans une stratégie régionaliste risquant de faire d’IU une coalition de partis régionalistes. D’autant que sur sa gauche vient de naître le CUP qui entre pour la première fois au parlement et qui se définit comme Comité d’Unité Populaire. 

Donc que peut faire le PS ?

Normalement, le parti d’opposition devrait récupérer le mécontentement que suscite le gouvernement de droite. Peut-être parce que la gestion du PS est encore dans les mémoires, ce parti continue de perdre partout (en Catalogne il passe de 28 à 20 députés et passe en troisième position alors qu’il lui arriva de gouverner la région !) et apparaît de moins en moins comme une alternative crédible, sauf que l’autre gauche dont nous venons de voir la division n’est pas en mesure de le remplacer. 

Le mot indépendance… un brouillard bien pratique ?

Quand les journalistes français manipulent le mot « indépendance » on a donc la sensation que loin d’éclairer l’opinion ils cherchent à l’embrouiller. Une embrouille cependant qui arrive beaucoup de monde ! Il masque en effet la crise sociale. Qui peut croire que la source de la crise en Catalogne se trouve à Madrid ? ICV considère que la gauche doit se rassembler pour une initiative sociale mais comment mettre ensemble ERC et le PS ? Surtout si ERC accepte de gouverner avec CiU !

En fait, alors que beaucoup pensaient que le bipartisme était définitif en Espagne, le paysage politique part en miettes, la droite semblent seule capable de tirer son épingle du jeu et les forces économiques qui la soutiennent aussi. 

La gauche osera-t-elle dissiper le brouillard ?

Impossible pour deux raisons : l’explication de la crise par la politique de Madrid a gagné beaucoup de terrain dans l’opinion et il est plus facile d’aller dans le sens du vent ; le mouvement ERC qui se réclamant de la république, fait rare en Espagne, se trouve cependant conforté depuis longtemps dans sa stratégie à la fois à gauche et indépendantiste.

 

En ce 25 novembre, si la démocratie a fait un pas en avant en Catalogne, avec une très forte participation électorale, elle a aussi fait un grand pas en arrière puisque les questions sociales sont passées au second plan quand le chômage y est de 22%. Je sais, on me répondra que non, puisque la gauche marque des points et que l’indépendance… c’est pour sortir de la crise. Je serais curieux de trouver quelqu’un capable de m’en convaincre. JP Damaggio



[1] L’Europe ajoute à ce piège en disant à présent qu’elle ne peut accepter La Catalogne comme nouvel Etat, après avoir accepté la Slovaquie et tant d’autres petits Etats mais aujourd’hui il ne faudrait pas donner des idées aux Ecossais ou aux Flamands.

 

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