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Ils ont osé!

Par Bernard Germain • Actualités • Vendredi 17/10/2014 • 0 commentaires  • Lu 1935 fois • Version imprimable


À l’initiative d’une députée socialiste, l’idée d’une mise sous conditions de ressources des allocations familiales a été reprise récemment, et le Rubicon est franchi lors de la discussion du budget 2015 de la Sécurité Sociale. À compter du 1er juillet 2015, la mesure rentrera en application.

En apparence, on pourrait croire que ce n’est qu’une «mesurette» puisqu’elle ne permettra que quelques centaines de millions d’€ d’économie. Ce serait une grave erreur de penser cela, car comme nous allons le voir, les conséquences de ce tournant sont catastrophiques.

Et pourtant … qu’avions-nous entendus précédemment ? Parmi toutes les déclarations faites sur le sujet, nous pouvons rappeler ces paroles :
«Je reste très attaché à l’universalité des allocations familiales qui sont aussi un moyen d’élargir la reconnaissance nationale à toute la diversité des formes familiales. Elles ne seront donc pas soumises à conditions de ressources»
Qui avait dit cela ? … Un certain François Hollande durant la campagne présidentielle de 2012 !

Deux ans plus tard, c’est l’inverse qui est décidé et sera mis en œuvre dès l’été prochain.
Ce choix est une décision historique qu’aucun Gouvernement n’avait osé prendre avant l’existence du funeste gouvernement Valls. Il y avait bien eu les espérances de Barre, celles de Juppé, les tentatives de Jospin-Aubry, les propositions du rapport Minc ou plus récemment celles de la commission Attali. Mais personne n’avait été jusqu’au bout soit par peur des conséquences politiques, soit en reculant devant la mobilisation, notamment des associations familiales.

En mettant les allocations familiales sous conditions de ressources, le gouvernement Valls touche aux fondements de notre société, ce qu’on appelle le modèle français et son pacte républicain. Cette conception d’une société solidaire qui avait été mise en place au sortir de la seconde guerre mondiale sous l’égide du Conseil National de la Résistance (CNR). C’est toute la portée de cette décision. Elle est donc historique au sens propre du terme.

Les imbéciles incurables du gouvernement Valls et de la majorité socialiste, vendus qu’ils sont au capital financier et à la doctrine ultra libérale de Bruxelles, prétendent qu’ils vont dans le sens de la justice sociale et d’une meilleure répartition. Même cela est totalement faux.
En effet, sur un strict plan comptable, supprimer ces allocations à certaines familles ne permettra pas de donner plus à celles qui sont plus modestes. Cette idée de transfert n’est nullement à l’ordre du jour. Non, il s’agit simplement de faire baisser les «dépenses» mais en aucune manière de redistribuer.
Par ailleurs, si ces tenants de la «justice sociale» voulaient réellement la pratiquer, il n’avait qu’à faire la grande réforme de l’impôt proposée par François Hollande et remettre en cause toutes les niches fiscales, les exonérations et cadeaux en tous genres faites aux riches et surtout l’impôt anti social et parfaitement injuste qu’est la TVA qui frappe durement les plus pauvres.
Cela ils ne l’ont pas fait et ne le feront pas, car c’est un gouvernement et une majorité qui aiment l’entreprise et le business … pas les pauvres !

Reste que prendre toute la mesure de la décision prise, implique de bien voir que ce n’est qu’un début. Aujourd’hui ce sont les allocations familiales, mais demain ce sera sans aucun doute l’Assurance Maladie …etc. Le même raisonnement libéral peut parfaitement s’appliquer.
Et pourquoi pas aussi l’école ? Ce serait la fin de l’école publique et gratuite.
C’est donc à un dynamitage des fondements de notre société solidaire auquel nous assistons. On voit où tout cela commence, mais personne ne sait vraiment où cela s’arrêtera …

Au plan politique, la situation est non moins stupéfiante. C’est la Droite qui s’alarme de cette décision gouvernementale. Le porte-parole du groupe UMP à l’assemblée ayant même déclaré qu’il s’agissait d’un «massacre des fondements de notre société solidaire» … ! Ce qu’il dit est vrai mais c’est le monde à l’envers. C’est totalement surréaliste et donne la mesure de la crise politique dans laquelle nous sommes.

Quant au Parti Socialiste, la faute qu’il vient de commettre lui sera fatale et en tout cas ne lui sera pas pardonnée. En touchant au «feu sacré», il a commis l’irréparable.
Durant des décennies les sociaux-démocrates, sous diverses appellations et dans de multiples pays, ont tour à tour vendu de l’espoir et du rêve aux couches populaires et à leur électorat. Leur pratique du pouvoir a aussi été marquée par des mesures impopulaires, et même anti-sociales. Mais à chaque fois l’électorat de «gauche» pardonnait et revotait pour eux, notamment au motif que «de toute façon c’est mieux que la Droite». Ce ne sera plus le cas.
En effet, jamais un gouvernement censé représenter et défendre les couches populaires et moyennes n’aura été … dès le premier jour de son élection, aussi à l’opposé de ce qu’il avait promis. Et cette fois, aucune mesure n’a été prise en faveur des couches qu’il représente. Dès le début sa politique et ses décisions ont toutes été pour le «camp d’en face» et la finance. Il ne peut rien invoqué de positif qui serait à porter à son crédit.
De cela il sera puni et c’est tant mieux. Les résultats des municipales et des européennes ont déjà été un avant-gout de son avenir électoral. La suite sera certainement terrible pour lui, mais ce sera amplement mérité puisqu’au lieu d’en revenir à ses promesses de campagne, le Président, le Gouvernement et sa majorité n’ont fait que continuer de plus belle et même d’amplifier leur dérive libérale sans rivage à droite.

Dans cette situation pour le moins complexe, il n’est qu’une chose à faire … nous mobiliser.
Rien n’est joué. Tout dépendra de la réaction face à ces mesures réactionnaires. La société toute entière est placée à la croisée des chemins. Le choix est simple : abdiquer devant ces agressions libérales ou se mobiliser pour défendre nos valeurs et le type de société solidaire que nous voulons préserver.
Il reste encore des mois avant la mise en œuvre de cette forfaiture. Cela donne la possibilité d’être à l’initiative d’actions, de mobilisations ou de nous associer à ce qui ne manquera pas de se développer. Sans sectarisme et surtout sans se demander si c’est de gauche ou de droite, car ce combat n’est ni de gauche ni de droite, il est le combat pour défendre notre société solidaire et éviter qu’elle ne sombre dans les «eaux glacées du calcul égoïste» apanage du libéralisme débridé.


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