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Jeux interdits

Par Annie Cyngiser • Actualités • Lundi 30/05/2011 • 3 commentaires  • Lu 1676 fois • Version imprimable


Pendant que l’on nous rebat les oreilles à propos d’un pauvre bougre (avec quand même 450 000 euros de revenus annuels, sans compter la fortune personnelle, plutôt maritale) en plein démêlés avec la justice américaine pour cause de pulsions sexuelles d’autant plus incontrôlables qu’il fait partie des «  grands de ce monde », une femme, en France, avance, tranquille, ses pions sur l’échiquier du combat électoral pour la Présidentielle de 2012.

 

Tandis que l’on s’apitoie dans les chaumières sur ce grand séducteur, enchaîné, menotté, livré aux griffes de ses anciens copains et amis qui l’ont conduit tout droit à un des postes internationaux des plus flatteurs ( et dévastateur pour le tiers monde et la Grèce , quoiqu’en disent certains du haut de leur casquette d’experts), une candidate, en France, risque d’emporter une jolie mise puisqu’elle seule semble, pour le moment, dire à un pays ses quatre vérités. Quitte à mettre en sourdine – pour le moment-les conséquences véritables des valeurs, vision du monde et intentions politiques qui sont les siennes : liberté d’expression anéantie, délit de faciès et racisme légalisé, incapacité à résoudre les drames de l’économie capitaliste libérale, disparition de toute culture autre que «  travail, famille, patrie ».

 A croire que la nostalgie d’un ordre nouveau, que les effluves pétainistes qui enrobent le fascisme rampant actuel iront, dans moins d’un an, en satisfaire plus d’un : un peuple en mal de boussole, les yeux rivés sur son porte monnaie, son accession à la propriété privée et sur les écrans du divertissement.       

Que Marine Le Pen tente de multiplier ses chances en lançant ses affidés sur Facebook à condition qu’ils s’assurent, tout comme elle, d’un franc parler allant droit au cœur de tous ces « petits blancs en souffrance » qui composent une bonne partie de la France, et le tour risque d’être joué ! 

N’a-t-elle pas raison en dénonçant une très vieille loi du capitalisme : créer un volant de chômage suffisamment important pour faire baisser les salaires ? Importer de la main d’œuvre étrangère pour produire les mêmes effets… renforcés ? Et aujourd’hui, modern style oblige, pour faire passer à la trappe la destruction quasi-totale du Code du travail et tous les droits acquis ?

Ne se soucie-t-elle pas au même titre que notre chère Gauche, si ce n’est plus, de la situation économique désastreuse des pays d’origine de tous ces émigrés et de leurs terribles conditions de vie ?

 Ah, bien sûr, la digne fille de son père, plus experte, plus stratège ( et plus sympathique a-t-on dit à la télé) rappelle bien qu’en matière de guérison, elle n’en connaît qu’un, de remède : faire encore et encore des enfants ( des têtes blondes, ne nous y trompons pas). Et dit bien que la violence dans notre pays n’est due qu’à tous ces basanés, que les braves français en ont assez et que …et que…..N’empêche !

Pourfendre les gros comptes en banque, dénoncer les abus, les trafics en tout genre, les petites et grosses magouilles des puissants, elle sait ! ça a toujours parlé au cœur des laissés pour compte ! Et aujourd’hui, on ne les compte plus !

La dame a des principes, c’est vrai ; de la morale et même une sorte d’éthique, c’est vrai ! Celle des boutiquiers, des frustrés, de ceux qu’on a roulé dans la farine, de ceux qui n’ont jamais vu que leurs misères à eux ou qui pleurent sur leur pseudo bonheur perdu. Ils sont de plus en plus nombreux, les désillusionnés ! 

Dans les syndicats- hors des syndicats-dans les cités dortoirs, dans les pavillons mal embouchés, dans les écoles et les lycées, dans la queue pour le loto ou le tiercé, au plein milieu des embouteillages ou dans la campagne désertée, mise à l’étal des convoitises. Puisque tout est à vendre, la chair, la poste, une place à la mairie….Allons-y !

 Et comme nous n’en sommes plus à une illusion près, comme il fait bon vivre en croyant en la probité ceux qui n’ont pas encore gravi toutes les marches du pouvoir, comme les souliers du FN ne sont pas plus encrassés que d’autres, juste la souillure de quelques villes (Orange, Marignane, Toulon, Vitrolles pour le sud...) pourquoi certains n’iraient pas, de bonne foi, tenter leurs chances et donner leur voix, écœurés comme ils sont par les Himalaya de mensonges tout azimut, de non dits, de baratins pseudo savants ; ivres, comme ils voudraient l’être, de nouvelles promesses et d’espoir de « s’en sortir » ?
 

Des journalistes, bon teint et dans le vent, et sur une radio des plus sélectes, France Culture pour ne pas la nommer, n’hésitent pas à reprendre à leur compte un terme inventé par des lieutenants d’extrême droite : le « résistancialisme » afin que tout soit bien équivalent, bien symétrique entre résistance et collaboration ! Quitte à écraser ainsi sous la rubrique « idéologie »- un «isme », revêtu d’une consonance Saint Germain des Prés, rien que ça !- des vies sacrifiées à libérer un pays du nazisme et de ses troupes d’occupation. De quoi alléger du même coup, grâce à ce bien vilain mot, les dernières mauvaises consciences et les mauvaises conduites à venir. Du pareil au même, et tout ne devient qu’une petite différence d’opinion ! Pourquoi se gêner vraiment ?  

Les prochaines élections, comme au loto, je vous le dis ! Alors, pourquoi ne pas jouer, à l’occasion de ce référendum populiste, un nouveau numéro ?

        L’Allemagne en 33 n’a pas fait pire ! 

                                                               Annie Cyngiser

                                                               Le 28 mai 2011

 

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Commentaires

par regis le Mercredi 01/06/2011 à 03:17

Quelle chose me ravit dans votre texte et quelque chose me chagrine. Essayons de préciser quoi et quoi.

Dire que la cheftaine à la flamme tricolore n’est surtout pas la solution à l’heure où les cartes sont brouillées est une vérité absolue. Qui peut croire qu’un parti prenant appui sur des nostalgiques de l’occupation, des tenants de l’Algérie « française », des groupuscules d’extrême droite peut produire une politique différente de ses fondamentaux ?

Dans quel parti, un responsable national figure sur une photographie avec le salut et le drapeau nazi ? De même lorsque son habile président, habitué des tribunaux pour la même idéologie, sous-entend une identité immonde entre les africains et les singes à propos des dernières élections, ce qui n’émeut pas fifille (d’ailleurs où est le journaliste la mettant en demeure de condamner ces ignobles propos ?)

Tout cela est vrai mais attention à l’ « antifascisme », ces gens essaient de donner le change  démocrate ou républicain et il y a une telle déliquescence politique….

Surtout que la nouvelle « guide » -et il faut souligner qu’elle n’est qu’une héritière -, a, de son propre chef, effacé –du moins de son site internet- toutes les baisses d’impôts en faveur de riches et les mesures politiques allant de pair pour énoncer, personnellement, sans aucun étayage, la sortie de l’Europe et de l’euro voire des mesures en faveur des « petits ».

Le problème, à mon sens, se situe plus au niveau de ceux qui se disent socialistes ou communistes, font le contraire et qui acquiescent à l’ordre « européen ».


SANS PERSPECTIVE POLITIQUE LA MORALE N'AIDE EN RIEN par Pierre Delvaux le Mercredi 01/06/2011 à 18:15

Nous  Nous partageons le diagnostic sur la l’habile tactique de Marine Le Pen qui instrumentalise la crise mondiale à rebours. Cependant, la seule dénonciation de la
manœuvre ne saurait constituer la riposte nécessaire. Si le FN n’existait pas, il ne fait guère de doute que la crise actuelle aurait vu apparaître en France
un mouvement ou un parti du même style. La perspective de voir un parti populiste accéder au pouvoir ne se combat pas par une posture morale.
Tout d’abord, il est fallacieux de taxer le FN de fascisme et de comparer l’échéance présidentielle à l’élection d’Hitler. Les comparaisons historiques
abusives finissent toujours par se retourner contre leurs auteurs. Crier au loup à tout propos finit par dissuader de s’en défendre quand il est réellement là.
Et que ce soit pour la France d’aujourd’hui ou pour l’Allemagne des années 30, je réfute la culpabilité collective des peuples. Le peuple allemand
n’est pas pour moi responsable du nazisme car en 1933 il n’y avait plus de peuple allemand mais un pays terrorisé, éradiqué de tout ce qui constitue
une nation : multipartisme, syndicats libres, presse libre, associations, etc… Cela m’amène à un parallèle différent à faire avec les deux périodes :
le rôle de la social-démocratie. S’il y a un danger il est là. Je ne suis pas le seul à l’avoir pointé sur ce site. Qui ouvrit la voie aux nazis sinon
les dirigeants social-démocrates qui choisirent de défendre les intérêts de l’oligarchie allemande, n’hésitant pas à faire assassiner leurs « camarades »
Rosa et Karl ?  Et que font les actuels dirigeants socialistes ? Ils se drapent dans les plis de la vertu antifasciste face à Marine Le Pen et, dans le même temps,
brandissent un programme d’application pure et simple du pacte de stabilité-austérité européen dont chacun peut voir aujourd’hui qu’il sape l’équilibre
social et démocratique de tous les pays européens. C’est l’hypocrite logique du pompier-incendiaire. Alors, bien sûr, on ne peut que condamner les scories
xénophobes du FN mais si le PS et l’UMP poursuivent leur pas-de- deux pour sauvegarder la politique mondialiste qui précipite nos concitoyens dans la
désespérance et la rage, les postures morales ne suffiront pas à détourner ces derniers de la seule à proposer clairement une alternative…

 

           Pierre Delvaux


Frémissement populaire? par pm le Jeudi 02/06/2011 à 22:02

Je suis d'accord avec les 2 commentaires précédents. Le populisme d'extrême droite se nourrit de l'intégration des partis de gauche à l'économie capitaliste. La desindustrialisation  et la privatisation des services publics dont ils ont été les fers de lance déstabilisent la société. La politique elle-même est en pleine déliquescence, inutile de faire un dessin. En Espagne, quel est le sens du mouvement des indignados? Difficile de se faire une idée lorqu'on n'a pas accès à une information véritable, c'est-à-dire à autre chose que les sempiternels commentaires de l'affaire DSK. Vu de loin, on a l'impression d'un mouvement de jeunes sans réelle perspective politique, sans autre mot d'ordre que le rejet de la classe politique espagnole. Celle-ci est la même que la nôtre qui effectue son "pas de 2" pour reprendre l'expression de P.Delvaux. Ce pas de 2 résume toute la vie politique européenne. Pendant une période la droite gouverne et applique les directives de Bruxelles jusqu'à générer un rejet à l'écoeurement amenant la gauche au pouvoir. Celle-ci assure la continuité juqu'à écoeurer elle aussi l'électorat et amener le retour des conservateurs. Les élections nationales en Europe se suivent et se ressemblent. Chacune est une défaite cuisante de l'équipe sortante et la victoire électorale du camp adverse apparaît comme un trompe-l'oeil masquant le rejet du "libéralisme". Faut-il voir dans le référendum islandais et dans la mobilisation des indignados un signe encourageant de renouveau des mouvements populaires? Difficile à interpréter pour le moment. A suivre.



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