S'identifier - S'inscrire - Contact

L'escroquerie Mélenchon

L'enthousiasme récent des commentateurs et des sondeurs pour Jean-Luc Mélenchon est un signe qui ne trompe pas. Celui que tous honnissaient en 2005 pour avoir courageusement défendu le NON est devenu présentable depuis quelques semaines.

Par p_delvaux • Actualités • Mardi 10/04/2012 • 7 commentaires  • Lu 3458 fois • Version imprimable


En présentant un programme euro-compatible, lui et ses amis vont, au premier tour, servir de sas à ceux qui avaient voté NON pour soutenir Hollande au deuxième tour. Et ce dernier sait de quoi il parle quand il dit que cette élection présente bien des similitudes avec celle de 1981 et que ceux qui le soutiendront seront appelés à avoir toute leur place dans sa majorité et son gouvernement  (sur I Télé, ce matin).  Le dispositif ressemble de plus en plus à celui de l'Union de la Gauche en 1981 et les alliés PCF du Parti de Gauche sont rodés à l'exercice.  Sans doute Jean-Luc Mélenchon ne sera pas lui même ministre pour sauvegarder les apparences et parce qu'il a un autre plan en tête. Mais aucun de ses comparses du Front de Gauche ? J'en doute. François Hollande aura à coeur d'avoir quelques cautions ouvrières dans son gouvernement comme, en son temps, le fit Mitterrand avec ses ministres PCF.  Et vu le contenu du programme du Front de Gauche, le mixage avec celui du PS sera aisément négociable pour les futurs ministres "insurrectionnels".  Car, au-delà des déclarations de principe du tribun (très vagues elles-mêmes car noyées dans une indigeste réthorique IIIe République), plusieurs aspects essentiels du programme du Front de Gauche prouvent qu'il ne constitue nullement une alternative sérieuse à la politique actuelle, tout comme le programme du PS.

Sur les questions de Souveraineté, l'organisation d'un référendum sur le MES (Mécanisme Européen de Stabilité) est un minimum mais on imagine mal François Hollande s'y résoudre et c'est à peu près la seule chose concrète sur un sujet aussi essentiel. Sinon, aucune remise en cause étayée des institutions européennes ni de l'euro, même pas pour en faire une monnaie commune et non plus une monnaie unique. Nous continuerons donc à déverser des milliards pour maintenir en survie les banques grecques  !...

Sur la Défense, si on ne peut qu'approuver la sortie du commandement intégré de l'OTAN, il est contradictoire et totalement irresponsable de proner le renoncement à la dissuasion nucléaire et le désarmement. La France n'aurait plus aucun poids nulle part... et avec tout ce qu'elle a déjà perdu !

Sur l'Industrie, la "planification écologique" est un gadget attrape-écolo matiné d'auto-gestion au niveau, nous dit-on, des "bassins d'emploi" (puisé dans la littérature de la CGT comme à peu près tout ce qui concerne le social...).  Avec cela, ce n'est pas demain la veille que l'on créera massivement des emplois industriels détruits par Mauroy et ses amis européistes au profit des multinationales.

On trouve le même salmigondis "deuxième gauche" dans le volet Social du programme FDG avec son inévitable "Sécurité Sociale Professionnelle" basée sur le partage de l'emploi, la formation tout au long de la vie et l'assistanat.  Si, comme le dit Jean-Luc Mélenchon, le CDI doit être la norme, pourquoi, alors, devoir se former tout au long de la vie ?  Adossé à ce que le FDG appelle des "contrats sécurisés de formation et d'emploi" , le CDI pourrait bien devenir ce "contrat unique" tout au long de la vie proné par la CGT et la CFDT...

Seule une réindustrialisation massive et en urgence de la France impliquant des relocalisations pourra sauver le vrai CDI.  Certainement pas la "planification écologique".  Mais cette réindustrialisation implique de s'affranchir au plus tôt de toutes les règlementations européennes garantissant la "concurrence libre et non faussée".  Je ne vois pas cela proposé quand il est écrit par rapport à l'UE : " La France, en tant que pays fondateur de l'Union Européenne, a les capacités de la transformer si elle conjugue action souveraine et bataille d'opinion européenne... A terme, notre objectif est de briser le bloc libéral au sein de l'UE".  Vaste programme, comme disait l'autre...  A la place d'Angela Merkel, je ne serais pas trop inquiet de cette élection française.

Croire que le vote Mélenchon va gauchir la politique de Hollande, c'est se bercer des mêmes illusions que le vote pour l'aventurier Mitterrand avec son PCF qui, une fois de plus en 2012, sauvera un nombre suffisant de circonscriptions grâce à ?...


Pierre Delvaux ,  le 10 avril 2012

Partager cet article


Commentaires

Alors qui? Alors quand? Alors quoi par Nicrus le Mardi 10/04/2012 à 22:06

Cette intervention me fait penser à un slogan publicitaire pour la lessive: il faut laver plus blanc!

 

Pas de Melenchon car trop Hollando et socialo compatible, cela fait des mois qu'il passe son temps à dire qu'il n'ira pas sous aucun prétexte dans un gouvernement PS.

Il est quand même celui qui venant des rangs voir du sérail confortable des nababs du PS, pouvait rester au chaud et obtenir, à nouveau et assez facilement, un poste de ministre.

Non, on peut critiquer Melenchon, comme tout le monde du reste, mais au moins faut il le faire sur de vraies raisons... car si il est parti, il y a déjà 3 ans, en créant le PG, c'était pour marquer la trahison du PS d'avoir appelé à voter oui au TCE mais surtout d'avoir participé à la forfaiture de Versailles...

C'était aussi pour passer à une autre attitude par rapport au capitalisme glouton et destructeur que le PS prétend pouvoir adoucir et reformer à la marge. Melenchon, lui, appelle à une rupture avec ce système. Il appelle aussi à sortir vraiment du capitalisme en reformant en profondeur le mode de consommation et donc de production et en engageant "une planification écologique" et donc industriel et économique...

 

"il est contradictoire et totalement irresponsable de prôner le renoncement à la dissuasion nucléaire et le désarmement. La France n'aurait plus aucun poids nulle part... et avec tout ce qu'elle a déjà perdu !"

 

Melenchon a titre personnel, n'a jamais prôné cela, il dit même l'inverse, il défend par exemple la dissuasion nucléaire, en revanche parce qu'il à une vision démocratique du débat, il dit que au sein du FdG, toutes les positions ne sont pas semblables à la sienne et que sur des sujets aussi sensibles, seul le Peuple souverain pourra trancher par un vote référendaire. C'est vrai la France a beaucoup perdu et notamment avec l'adhésion à l'Otan dont Melenchon dit partout qu'il faut en sortir car c'est devenu un anachronisme mais pire encore une vassalité au USA. En revanche, il prône un renforcement du rôle de l'ONU où la France (là aussi peut être un autre anachronisme) a un siège permanent au conseil de sécurité et un droit de veto...

 

Sur la sortie du traité et des textes européens, je crois qu'il est inutile d'en dire plus, il a toujours était contre, il fustige l'attitude de Papandreou et du PSE...

 

Bon, c'est toujours agréable d'avoir un débat mais là, je sens comme une amertume, un petit coté c'est pas exactement ce que je veux alors bon je préfère casser le jouet plutôt que de m'en servir...

C'est la Fable du Renard et des raisins: ils sont trop verts dit il et bon pour les goujats...

Par ailleurs, en l'état actuel des rapports de force politique à gauche dans notre pays, qui pour remplacer valablement Melenchon? Et je ne parle évidemment pas d'une candidature de témoignage qui pour aussi sympathique et juste soient-elles, ont prouvé depuis 1974 leurs totales inutilités à changer la vie des français et à faire triompher la classe ouvrière et la Gauche...

Amitiés de gauche camarade.




Ne pas voter Hollande n'oblige pas à voter Mélenchon. par p_delvaux le Mercredi 11/04/2012 à 19:54

Merci pour votre commentaire.  Je respecte le choix de ceux qui ont décidé de voter Mélenchon mais j'y vois un illusoire moyen de se rassurer à l'occasion de cette élection en cherchant désespérément une alternative parmi les candidats de gauche et une grave erreur politique qui aura des conséquences redoutables de par la déception générale qui s'en suivra, s'ajoutant à celle toujours présente des années Mitterrand.  Dans la situation de crise actuelle, seule une véritable rupture avec la politique de l'UE peut nous sauver, incluant le retour à la souveraineté monétaire. Or, ce n'est pas ce qui est proposé dans le programme du FG. Il s'agit, comme il est cité dans mon article "de conjuguer action souveraine et bataille d'opinion européenne... au sein de l'UE" .  Si le parlement de Strasbourg était en mesure d'inverser le cours ultralibéral de l'UE, cela se saurait et nous n'en serions pas là où nous sommes. Tout le monde connait aujourd'hui le caractère fantoche de ce parlement qui ne peut rien imposer à la Commission de Bruxelles. Quant à convaincre les technocrates de la dite commission ou les gouverneurs de la BCE d'appliquer une politique respectueuse des souverainetés nationales, c'est leur demander de se tirer une balle dans le pied et, même dans la tête. C'est bien ce que je repproche à JLM et ses alliés : un discours critique dans les principes et un programme arrangeant avec le système. On est au-delà de l'ambiguité, plus proche de la schizophrénie. Prenons l'exemple de la politique de Défense puisque vous l'évoquez. Vous me dites que JLM défend la dissuasion nucléaire "à titre personnel". Je veux bien mais le programme dit bien autre chose : "Nous agirons pour la dénucléarisation, pour le désarmement multilatéral et contrôlé de tous les types d'armement..."  C'est un point trop important dans une élection présidentielle pour le tenir dans l'ambiguïté et l'imprécision. Mais tout est à l'avenant dans ce pas de deux entre les discours insurrectionnels de JLM et le programme du FDG.  J'ai regret à le dire mais, avec toutes les réserves que nous pouvons partager sur eux, il y a plus d'alternative réelle et de précision dans les programmes de Nicolas Dupont-Aignan et de Marine Le Pen. Je ne voterai pas pour eux car le premier ne fera qu'un trés faible score et la seconde parce qu'elle véhicule encore des choses inacceptables mais je crains que la prudence politicienne de Mélenchon, son incapacité à aller jusqu'au bout de ce qu'il avait porté en 2005 n'entraîne beaucoup plus de Français qu'on ne le dit vers la candidate FN. Dans tous les cas, sans jouer les Cassandre, je pense que le vote Mélenchon ne peut permettre que de se rassurer quelques semaines en s'appuyant sur une pensée de Gauche hors du monde d'aujourd'hui, en attendant des lendemains très proches qui m'inquiètent beaucoup. Je n'ai pas voté Mitterrand en 81, connaissant le personnage et lisant toute sa fausseté dans ses yeux, ce n'est pas pour voter aujourd'hui pour "le bruit et la fureur". Chers amis, nous essayons avec ce site de dégager (modestement, à notre niveau) les nouvelles formes politiques correspondant au monde actuel. Il me paraît vain et incohérent de voter pour un candidat aussi fossilisé que JLM. Je respecte le choix de chacun mais moi je n'aurai pas de regrets. Je n'aiderai pas les alliés non-dits de Hollande à aider celui-ci à poursuivre la politique déjà menée par Sarkozy.


Re: Ne pas voter Hollande n'oblige pas à voter Mélenchon. par Claude_Rochet le Jeudi 12/04/2012 à 22:37

 J'approuve l'analyse de Pierre Belvaux. Il faudrait y ajouter les positions aberrantes de Mélenchon sur l'immigration, qui outre la constitution de l'armée de réserve du capital, est une arme pour cantonner les pays du Sud dans le sous-développement.
Il ne remet pas en cause le dogme de l'euro, l'Union européenne, le libre-échange reste partiellement justifié - et confondu - avec l'internationalisme et son discours sectaire et ethniciste sur le "peuple de gauche" est fondamentalement anti-républicain.
La seule question qui vaille est celle de notre souveraineté et de la réindustrialisation du pays.
Je voterai donc pour Nicolas Dupont-Aigan, qui, loin d'e^tre une candidature de témoignage, est l'amorce d'une force de refondation républicaine.


Re: Ne pas voter Hollande n'oblige pas à voter Mélenchon. par Nicrus le Lundi 16/04/2012 à 23:52

 Bon là, on touche le fond de la betise et de l'anti progres social...
Donc plutot que Melenchon pas assez ceci ou cela dans divers domaines mais quand même de gauche et social et surtout avec une politique tournée priotirairement vers la classe ouvriere, un vote pour un pisse froid de droite, symbole de la droite rancie et obsolete... De Gaulle est mort il y a plus de 40 ans camrade et depuis, sais tu, le monde a changé...
C'est bizarre parfois la course à la politique du pire pour eviter le "pas parfait"...


Re: Ne pas voter Hollande n'oblige pas à voter Mélenchon. par Claude_Rochet le Mardi 17/04/2012 à 16:50

 Marx est mort depuis 150 ans camarade, et tu sais le monde a changé.


Du prétendu enthousiasme des éditocrates pour Mélenchon par la-sociale le Jeudi 12/04/2012 à 17:09

La lecture de cett revue de presse établie par Acrimed suffit pour se rendre compte de la réalité de l'enthousiasme des éditocrates pour Mélenchon. La haine et le mépris de classe suintent de partout. Ce n'est parce que les commentateurs médiatiques parlent de l'emballement pour Mélenchon que c'est vrai...


Malhonneteté ou besoin de lunettes ? par xavier44 le Mardi 17/04/2012 à 11:20

A lire cette analyse, on a la triste impression que son auteur n'a ni lu le programme du Fdg ni écouté les diverses intervention de son porte-drapeau sur tous les sujets qui sont évoqués ici.

Sur la Souveraineté: où avez vous lu que le Fdg comptait continuer la politique de la Troika ? le Fdg veut justement arrêter cette politique qui consiste à prêter aux banques qui elle-mêmes prêtent ensuite aux Etats à un taux supérieur en prêtant directement aux Etats sans passer par les banques.
Par ailleurs, le Fdg veut un audit de la dette. Et ce qu'il veut pour la France, il le veut pour les autres pays.
Il est donc totalement faux d'écrire que sous un gouvernement de Gauche, la politique actuelle de la TRoika continuera.

Sur la défense: le Fdg veut oeuvrer à un désarmement MULTILATERAL. Il n'est aucunement question de désarmer de façon unilatérale !
Jean-Luc Mélenchon a par ailleurs indiqué qu'en l'état actuel, la dissuasion reste et restera le socle de la stratégie de la défense nationale.

Sur la planification écologique: il s'agit de faire procéder à tous les secteurs d'activité (pas seulement l'industrie) une mutation vers un mode de production respectueux de l'Homme et de l'environnement. Cette planification n'est en rien un gadget mais au contraire le processus indispensable pour répondre en enjeux environnementaux des prochaines décennies. La Terre s'épuise, nous en avons tous concience maintenant, et si nous continuons à vivre et produire comme nous l'avons fait durant les 50 dernières années, nous allons au devant de conflits et de catastrophes dont les conséquences généreront de nouveaux désastres. Quant à l'auto-gestion, il s'agit dans doute dans votre esprit de l'exemple régulièrement donné par le Fdg des scop dont le modèle économique fait ses preuves chaque jour partout dans le monde. Il s'agit d'un modèle mais il y en a d'autre évidement et il n'est nulle part écrit qu'un seul modèle doit être utilisé.
Social: vous vous demandez pourquoi faut se former tout au long se sa vie si on a un CDI ? pouvez vous m'expliquer le rapport entre le type de contrat de travail et la formation continue ?

Sur l'UE et la "concurrence libre et non faussée": Jean-Luc Melenchon et le Fdg répètent sur tous les plateaux de radio, de tv et dans les rassemblements qu'ils sortiront du traite de Lisbonne. Donc n'ayez crainte, votre voeu sera exaucé.

Jean-Luc Melenchon et le Fdg ne veulent pas gauchir la politique de Hollandreou car comme ils l'ont dit et répété (mais décidement je me demande si vous n'étiez pas dan le coma ces derniers mois), le programme du Fdg et celui de Hollande (il ne s'agit pas de celui du PS, la précision est importante) n'ont rien à voir l'un avec l'autre. Ils sont même incompatibles.

Le Front de Gauche a vocation à prendre le pouvoir. Et il y parviendra. Car il propose la seule véritable alternative démocratique au dogme libéral dont même le PS se fait implicitement aujourd'hui le porte-parole.



Archives par mois


La Sociale

Il Quarto Stato