Malgré le chantage au vote utile…
Le chantage au vote utile, s’appuyant sur l’élimination de Lionel Jospin en 2002, a quelque chose d’odieux. S’il manquait en effet quelques centaines de milliers de voix pour être présent au second au candidat socialiste, ce n’est pas principalement à ses adversaires de gauche qu’il le devait, mais à ses positions. Faut-il rappeler les enseignants matraqués par Allègre durant des années, France Télécom privatisée, l’impuissance affirmée contre les licenciements à Michelin où « l’état ne pouvait rien »…
Si le principal atout de François Hollande est le rejet de Nicolas Sarkozy et de l’UMP que le peuple français veut voir « dégager », le principal soutien de Nicolas Sarkozy est aujourd’hui la mollesse, le flou, l’adaptation à la crise de François Hollande et du parti socialiste qui ont pour obsession les déficits et la dette contre les intérêts du peuple. Et si d’aventure le président sortant devait être réélu, ce qui est bien improbable à l’heure actuelle, c’est uniquement à François Hollande qu’il le devrait, qui un jour dit s’opposer au capital financier, un autre veut le rassurer, qui accepte le MES en s’abstenant et qui affirme vouloir renégocier un traité européen sans préalablement s’y être opposé, qui…
… Je voterai Mélenchon
Au lendemain des élections présidentielles la situation demeurera marquée par la crise qui déjà s’exprime en Grèce, en Espagne, au Portugal et dans l’ensemble des pays d’Europe où sous l’égide de la troïka -la BCE, la Commission Européenne et le FMI- tous les efforts sont déployés pour faire payer les peuples, rejetant dans la misère des bataillons toujours plus importants de salariés, d’ouvriers, d’employés qui perdent leur emploi, voient leur salaire amputés, de jeunes rejetés durablement dans le chômage ou la précarité, de travailleurs qui ne trouvent pour vivre dans le meilleur des cas qu’un « CDD sinon RIEN », de retraités dont les pensions sont diminuées…
La question est donc la suivante : comment se saisir des élections présidentielles pour aider la résistance, rendre plus difficiles les agressions qui s’annoncent ?
C’est pour répondre à cette question que j’ai décidé de voter Mélenchon. Non qu’il soit plus que quiconque un sauveur suprême. Mais pour la dynamique, l’appel d’air, le réveil, le mouvement…
« Ni Dieu, ni César ni tribun », dit en effet la chanson. Ce sont les forces sociales et elles seules, les capacités rassemblées de mobilisation de millions de citoyens dans le pays qui pourront mettre en échec la politique expérimentée en Grèce.
Sur quelques questions fondamentales, la comparaison des positions est cruelle pour le candidat socialiste qui voudrait nous rassembler dés le premier tour. Les principes affirmés par le candidat du front de gauche répondent en effet à des aspirations largement répandues, et expliquent le succès rencontré dans la campagne, au point de surprendre jusqu’aux principaux intéressés.
-> Sur la question centrale de la souveraineté, le combat pour une 6ème république et une constituante souveraine…
-> Sur la question fondamentale du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le rejet du MES, le refus catégorique du traité européen Sarkozy Merkel qui n’est ni amendable, ni acceptable…
-> Sur la question sociale, l’augmentation du SMIC, une réforme fiscale, la défense des services publics, de la protection sociale, des retraites…
-> Sur la question internationale, la sortie de l’OTAN, l’abandon de toutes les aventures qui envoie les troupes françaises se battre à travers le monde…
Il y a dans tout cela une expression qui correspond à l’intérêt du peuple et aux exigences de la nation.
La situation sera différente au soir du premier tour si les citoyens ont massivement soutenu ces propositions. Et le second tour, quel que soit le candidat de la gauche arrivé en tête au premier tour, se présentera sous un jour bien différent. L’élection présidentielle, et les législatives qui la suivent peuvent être un moment important pour la centralisation d’une force qui sera nécessaire demain dans l’action, quel que soit d’ailleurs le résultat des élections ?
Evidemment la situation qui s’ouvrira au lendemain du 22 avril et du 6 mai posera des responsabilités nouvelles à tous ceux qui auront brigué nos suffrages, et notamment au front de gauche. Restera à répondre à quelques questions de fond, dont notamment :
-> l’ouverture pour permettre de dépasser le cartel d’organisation et donner lieu à la création d’un véritable parti, susceptible d’accueillir en son sein ceux qui aujourd’hui sont attirés par la campagne menée, mais qui ne se reconnaissent précisément dans aucune de ses composantes…
-> la question européenne pour mettre en adéquation la volonté de rétablir notre souveraineté et le combat spécifique pour une Europe des nations libres et souveraines, ce qui suppose que soient sérieusement repensée la vision d’ensemble »…
-> la question de l’euro qui aujourd’hui est un carcan contre les peuples…
Et quelques autres qui demandent de dépasser la pétition de principe. Mais en attendant, pour battre Nicolas Sarkozy et créer les conditions politiques les moins défavorables au lendemain des élections, je voterai donc pour Jean Luc Mélenchon.
Jacques Cotta
Lundi 9 avril 2012
Merci. Merci d'avoir pris position. Merci de le faire pour les bonnes raisons :
C'est exactement ça. Ni Dieu, ni César ni tribun.