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L'idéal olympique mis à nu par la mondialisation

Par Pierre Delvaux • Internationale • Mercredi 09/04/2008 • 0 commentaires  • Lu 1617 fois • Version imprimable


Dans ses innombrables déclarations à l’emporte-pièce, Jean-François Khan rappelle parfois utilement des vérités quotidiennement occultées par les médias. C’est ce qu’il fit une fois de plus dans le magazine de France 5 « C dans l’air » consacré, Lundi 7 avril, à la flamme olympique.

UN NOUVEL ORDRE FASCINANT...

Face à des intervenants ressortant l’alibi de la diversité culturelle pour justifier des interprétations à géométrie variable de la démocratie, l’éditorialiste ramena un peu de courage et d’éthique dans le débat. Dans un premier temps, il souligna l’hypocrisie consistant à se focaliser sur la politique tibétaine de la Chine pour éviter de dénoncer la nature intrinsèquement totalitaire de son régime. Et, dans un deuxième temps, il rappela que le tout se fondait sur une autre hypocrisie : celle consistant à découvrir quatre mois avant les Jeux le choix d’un pays-hôte notoirement connu pour sa violence d’Etat, choix motivé par son utilité économique auprès des USA, de par sa main d’œuvre hyper-rentable et son oligarchie consommatrice de bons du Trésor américains. En conclusion, Jean-François Khan alla plus loin dans l’analyse, expliquant que la Chine tendait à devenir le modèle à suivre pour les plus zélés dirigeants du Capital mondialisé. Axiome repris le lendemain dans Le Monde par Daniel Vernet mais du point de vue chinois et complété d’une fort intéressante proposition : « ... L’intégration dans la globalisation aurait servi à assurer une puissance chinoise propre soit à transformer le système international, soit à construire un contre-modèle concurrent d’un ordre considéré comme occidental dans sa conception de la démocratie... ». La boucle est bouclée. Les deux éditorialistes se rejoignent pertinemment, me semble-t-il, sur ce constat :la fascination des ultra-libéraux pour la Chine actuelle réside dans la potentialité de celle-ci à prendre la relève d’un capitalisme occidental trop faible avec ses peuples.

... MAIS UN SYMBOLE TROP VOYANT

Au-delà de la seule question tibétaine, n’est-ce pas le rejet de ce nouvel ordre mondial qui s’exprime dans le sillage de la flamme olympique ? Dans son immense majorité, la foule parisienne qui voulait éteindre la torche du CIO n’était pas composée d’adeptes du Dalaï Lama. Des milliers d’anonymes avaient repris le symbole de RSF (les anneaux en forme de menottes) pour conspuer l’alliance d’une « world company » sportive et d’un système totalitaire. Et le honteux déploiement de forces de l’ordre faisait la démonstration de cette alliance, attisant le sentiment de révolte. L’image de la police française arrachant les banderoles des mains des manifestants (les molestant parfois, tout comme des journalistes) laissera des traces pour ce qui pourrait être le début d’une vague inattendue.

« VOIR LOIN, PARLER FRANC, AGIR FERME » (Pierre de Coubertin)

De Berlin en 1936 à Munich en 1972 en passant par Mexico en 1968 (1), les Jeux de Pierre de Coubertin ont accompagné les convulsions du XXe siècle dans une constante ambiguïté. Les Jeux de Pékin pourraient marquer la fin de ce cycle en ce qu’ils révèlent un « idéal olympique » imprégné depuis ses origines de valeurs viriles, conquérantes et conservatrices ayant accompagné le développement des impérialismes (2). Le représentant du CIO à Pékin n’a-t-il pas, d’ailleurs, dénoncé « le blasphème de Paris » ?

Pierre Delvaux

Notes :

(1) : la veille du début des Jeux de 1968, le gouvernement mexicain fit exécuter sommairement des centaines d’opposants.

(2) : " L’Olympisme est une religion, c’est-à-dire une adhésion à un idéal de vie supérieure, d’aspiration au perfectionnement ; représenter une élite d’origine totalement égalitaire en même temps qu’une "chevalerie" avec toutes ses qualités morales ; instaurer une trêve des armes "fête quadriennale du printemps humain" ; glorifier la beauté par la "participation aux jeux des Arts et de la pensée". Pierre de Coubertin


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