Les citoyens, quel que soit leur pays, attachés au progrès social, démocratique, environnemental, ont tout intérêt à se mobiliser pour sortir le plus vite possible, unilatéralement et directement, de l’euro et de l’Union européenne. L’un ne va pas sans l’autre. Il s’agit d’une lutte dont l’objectif doit être clairement annoncé, celle de la reconquête de la souveraineté, notamment monétaire. Les plans B et l’article 50 du traité de Lisbonne (qui permet soi-disant de sortir « légalement » de l’UE) sont des diversions qui ralentissent la marche et obscurcissent les esprits.
Les raisons les plus importantes sont les suivantes :
1.- La zone euro n’a jamais été et ne sera jamais une « zone monétaire optimale ».
Dans les années 1960, des économistes ont défini cinq critères pour qu’une zone monétaire soit qualifiée d’ « optimale ». Aucun n’était réuni à la création de l’euro, ni dix ans après : accord politique (large convergence sur les priorités de la politique macroéconomique) ; structures économiques suffisamment proches ; diversification de la production ; mobilité géographique des facteurs de production ; budget central important et mécanismes de redistribution.
Dès son origine la monnaie unique ne pouvait pas fonctionner correctement, elle ne le pourra pas plus demain.
2.- L’euro empêche l’équilibre des balances des paiements et le progrès des salaires
Habituellement, les pays connaissant un déficit de leur balance des paiements (différence entre la valeur des marchandises, services et capitaux qui entrent et qui sortent) utilisent l’outil classique de la dévaluation. Cela permet de baisser les prix à l’exportation et de les augmenter à l’importation. Comme la monnaie unique interdit ce mécanisme, les pays ayant un définit de leur balance des paiements organisent la déflation salariale. Autrement dit, ils organisent une énorme pression sur les salaires pour obtenir un résultat similaire à celui d’une dévaluation. C’est pourquoi, structurellement, l’euro est l’ennemi de l’emploi et des salaires.
3.- L’euro aggrave la spéculation et la globalisation financière
Les marchés de capitaux ont commencé à être ouverts par des directives européennes (1988, 1990…). Le but annoncé était de concurrencer le dollar et d’attirer des capitaux en Europe. Mais pour faire venir ces capitaux, il fallait leur promettre des taux d’intérêts élevés. C’est ce qui rend l’euro structurellement « fort ». Les entreprises européennes sont alors poussées à délocaliser et à placer sur les marchés financiers plus rentables que les investissements productifs. Tout ceci, parallèlement, pousse à la baisse de la fiscalité sur le capital et les grandes entreprises.
4.- L’euro n’a tenu aucune des promesses faites par ses partisans et ne les tiendra pas plus à l’avenir.
L’euro « fort » divise l’Allemagne (qui y a intérêt), et les autres pays (qui cherchent à le faire baisser). N’y parvenant pas, ils écrasent les salaires et l’emploi, délocalisent, transforment l’euro en rouleau compresseur de la protection sociale pour être « compétitifs ». Une politique monétaire unique s’est appliquée à des situations nationales différentes.
Les taux d’intérêt vont du simple au quintuple selon les pays. « Bouclier » de carton-pâte, l’euro attire la spéculation car il est engagé dans une course effrénée à l’attraction des capitaux. L’union monétaire devait déboucher sur l’union politique ; en réalité l’inverse s’est produit, partout les forces nationalistes, xénophobes, racistes, d’extrême droite progressent dans l’Union européenne (UE).
5.- L’euro confirme toutes les tares qui avaient été dénoncées par ceux qui avaient défendu le « non » à la monnaie unique lors du référendum sur le traité de Maastricht en 1992.
L’euro n’avait pas qu’une vocation monétaire, il était un prétexte pour forcer la main aux États et les contraindre à s’engager dans une voie fédéraliste. Il devait être la pièce centrale de la « dictature » des marchés financiers et de l’instauration d’un ordre monétaire néolibéral. La Banque centrale européenne (BCE) échappant à tout contrôle démocratique, l’euro était conçu comme vecteur de l’accélération de la circulation du capital au service exclusif des intérêts des classes dominantes.
6.- Les mauvaises « solutions ».
Certains veulent un nouveau traité, ou le renégocier, pour que, notamment, la BCE achète directement des obligations des États. Ce n’est pas crédible, en tout cas dans un délai bref. Car pour changer les traités il faut obtenir l’accord des Vingt-Sept. Comment croire que ces pays, dirigés par la droite ou la « gauche » social-libérale, se transmutent brutalement pour mener des politiques différentes à l’échelle européenne par rapport à celles qu’ils mènent dans leurs pays respectifs ?
7.- Si la sortie de l’euro est la condition nécessaire à des politiques favorables au peuple, elle n’est pas suffisante.
Il faudra, en France :
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Annoncer le défaut de paiement et restructurer la dette.
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Dévaluer.
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Financer une partie de la dette publique par la politique monétaire.
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Nationaliser les banques et les compagnies d’assurance.
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Démanteler les marchés financiers spéculatifs, fermer les marchés obligataires, organiser le dépérissement de la Bourse.
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Contrôler les changes et les mouvements de capitaux.
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Lancer une nouvelle politique économique fondée sur le droit opposable à l’emploi, des mesures protectionnistes dans le cadre universaliste de la Charte de La Havane, une mutation écologique du mode de production.
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Agir pour une monnaie commune.
Un pays qui appliquerait ce programme susciterait l’enthousiasme et un puissant effet d’entraînement.
"Agir pour une monnaie commune.'
je ne comprend pas ce que vous voulez dire.
Après avoir expliqué les méfaits de l'euro, vous voulez le réintroduire sous le nom de "monnaie commune" ? en règle générale les partisans de cette solution veulent réintroduire des parités fixes entre les monnaies concernées ... ce que fait parfaitement l'euro ! Certes au départ il y a dévaluation, mais pour revenir aussitôt au carcan des parités fixes.