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Qu'est-ce que l'UE? Qu'est-ce que l'Europe? (suite)

Réponse à Raoul Marc Jennar, par Robert Duguet

Par la-sociale •  • Vendredi 30/12/2016 • 2 commentaires  • Lu 1861 fois • Version imprimable


Je n’ai pas grand-chose à redire à la description que Raoul Marc Jennar fait de l’Union Européenne, ce monstre technocratique à la solde de «  l'idéologie néolibérale et aux lobbies du monde des affaires et de la finance ». L’auteur décrit assez précisément les mécanismes de fonctionnement de cette prétendue Europe qui remet en cause les intérêts vitaux des peuples qui constituent l’UE. Il oppose la vision d’une Europe de la souveraineté des peuples, constituée sur leurs traditions démocratiques propres, les nations. Soit. C’est une vision sans doute alléchante mais bien abstraite : à aucun moment dans l’article Raoul Marc Jennar n’utilise le terme de « capitalisme » pour parler du mode de production qui organise tous les rapports sociaux et humains dans la société actuelle. L’auteur parle des effets produits sur la vie des peuples, sans doute avec précision, mais jamais de ce qu’il convient de détruire pour libérer l’Europe de ces monstres.


L’Europe de la souveraineté des peuples ? Le droit des peuples à disposer de leur destin ? L’auteur écrit :

« La réaction souverainiste véhicule à la fois un sursaut démocratique contre une oligarchie européenne qui entend imposer ses choix de société et un sursaut identitaire qui rejette une uniformité négatrice des spécificités historiques, culturelles et linguistiques de chaque peuple et son mode de vie. L'UE, c'est même bouffe, mêmes fringues, même sabir, mêmes paysages urbains. »


Définir la nation comme une communauté de destin, comme l’indiquait le texte « qu’est-ce qu’une nation ? » tout à fait remarquable de Renan, bourgeois éclairé en 1876, à l’aube de la 3ème république et 5 ans après l’écrasement de la Commune de Paris, c’est rester dans le cadre de la démocratie bourgeoise. C’est-à-dire de ce que le capitalisme progressiste ou républicain autorisait au prolétariat. Il faut revenir au rôle que les classes sociales jouent dans le processus de production capitaliste et à la perspective historique que le mouvement ouvrier avait commencé à ouvrir aux lendemains de la première grande boucherie impérialiste de 1914, et ce dans le prolongement de la révolution d’Octobre dont nous allons bientôt fêter le centenaire. Les quatre premiers congrès de l’Internationale ouvraient la perspective des Etats Unis socialiste d’Europe, ce n’était pas une clause de style. Depuis cette période qui sera caractérisée par la trahison de tous les mouvements révolutionnaires, dès lors où ils visaient la reconstruction de la société humaine sur d’autres bases que celles que nous promet le capitalisme pourrissant, nous restons aujourd’hui l’arme au pied en face d’une réalité que nous ne parvenons pas à modifier :

  • La bourgeoisie a abandonné depuis plusieurs décennies la forme républicaine de l’Etat, gangue juridique et institutionnelle de l’Etat national. En France cela  a pris la forme, sous la houlette de Charles De Gaulle, d’un bonapartisme inachevé, où un seul homme arbitre les conflits entre les classes sociales, en fait impose la volonté des classes dominantes. Inachevé car la nation bourgeoise a une histoire, notamment à la sortie de la dernière guerre, la bourgeoisie, sauvée par De Gaulle, a fait d’importantes concessions à la classe ouvrière. La soumission à l’Union Européenne vise à finir de détruire ces acquis de civilisation.
  • La classe des producteurs est aujourd’hui sans représentation en capacité de prendre la direction de la société. Nous vivons aujourd’hui une décomposition des organisations qui ont structuré le salariat comme classe politique dans le capitalisme, décomposition sans doute sans précédent dans l’histoire du socialisme. Et depuis les années 1970, aucune force politique à gauche des deux internationales, la social-démocratie d’une part et les mouvements communistes soumis au système stalinien d’autre part, n’ont été en capacité d’incarner une alternative.

Que l’on cherche dans la situation actuelle à s’accrocher aux branches parce qu’on voit que tout part en quenouille, c’est une réaction que l’on peut comprendre. Mais se réfugier dans la Nation pour résister à l’Union Européenne, à ce qu’elle fait et à ce qu’elle nous promet, me semble bien vain dès lors où on ne pose pas les problèmes en termes de reconstruction d’une perspective historique, le socialisme.


Si la perspective c’est d’interroger les candidats à l’élection présidentielle, cher Raoul Jennar, c’est bien mince ! Et si au bout du compte il s’agit de trouver des vertus à la candidature Mélenchon, moyennant quelques engagements du candidat sur l’Europe, pour moi c’est non ! La présidentielle qui s’avance est une misérable farce.

 


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Commentaires

Europe, Réponse à . Jennar par M. Dguet par ADH le Jeudi 05/01/2017 à 11:27

A part contester (dernier alinea), et sritiquer un supposé soutien à Mélenchon, à part viser un idéal, quelle proposition concrète avez-vous ? C'est bien de raisonner, mais à un moment donnée il faut arrêter des étapes. Sinon ça reste de la pure spéculation.


Prédation capitaliste par Louis Peretz le Dimanche 08/01/2017 à 18:17

 "

  • "La classe des producteurs est aujourd’hui sans représentation en capacité de prendre la direction de la société. Nous vivons aujourd’hui une décomposition des organisations qui ont structuré le salariat comme classe politique dans le capitalisme, décomposition sans doute sans précédent dans l’histoire du socialisme. Et depuis les années 1970, aucune force politique à gauche des deux internationales, la social-démocratie d’une part et les mouvements communistes soumis au système stalinien d’autre part, n’ont été en capacité d’incarner une alternative."
  •  Ce que tu dis est exact. La disparition de forces politiques salariales, les syndicats donc, provient me semble-t-il, de l'abrogation, dans les années 70, d'une loi qui interdisait les entreprises, notamment les grands groupes de sous-traiter leur production, notamment dans des filiales sauf exception. Ce qui a divisé la classe ouvrière géographiquement et techniquement, dont la pression en cas de grève était également divisée.
  • D'autre part, comme je l'ai écrit dans un chapitre de mon dernier livre, la montée des inégalités conduites par l'austérité au niveau actuel, provient aussi de la même période où la loi du 3 janiver 1973 a interdit à l'Etat de faire marcher la "planche à billets"  pour financer ses déficits; Ceci en l'obligeant à emprunter aux banques. Or elles n'avait qu'un souci, supprimer l'inflation. Tout est venu de là car la technique utilisée, n'a été efficace que sir le pouvoir d'achat de la population diminuait en francs constant. Technique anti-Keyneysienne, reprise par le traité de Maastricht comme tu le sais. Tout est venu de là. Je le démontre. Cherches les responsables...



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