La France est donc en « guerre contre le terrorisme au Mali ». Aux actualités on voit F. Hollande se promener au Mali et être accueilli par une foule en liesse brandissant une forêt de drapeaux français tout comme Sarkozy l’avait été en Libye. Est-ce surprenant pour un Président socialiste et « normal » qui agit dans le respect du cadre et de la stratégie de l’Otan, c'est-à-dire des Etats Unis ? Un Président qui décide seul et qui obtient quand même l’approbation des ténors de la classe politique française, du Front National à l’UMP en passant par les Verts et le Front de Gauche même si ces deux derniers ont émis des réserves. Les Verts souhaitent que l’intervention « soit limitée dans le temps et que l’armée française laisse rapidement place aux Maliens et à la « force africaine ». Mélenchon estimait que l’action française « est discutable » et le Pcf annonçait un « grand risque de guerre » (sic) et une mobilisation pour la Paix.
Il est vrai qu’aux temps de l’Internationalisme prolétarien il semblait relativement simple pour les forces de gauche de soutenir les mouvements et les peuples qui luttaient pour leur indépendance, contre l’impérialisme ou pour de nouveaux droits, bien qu’il y ait eu de nombreuses exceptions à cette règle. Par exemple l’Algérie, ce « département français ». Du massacre de Sétif en 1945 au vote des pouvoirs spéciaux en 1956 à Guy Mollet et à Mitterrand, alors ministre de la Justice et qui prôna le recours à la guerre pour une « opération de pacification », les socialistes français ont toujours eu tendance à privilégier la guerre. N’oublions pas aussi que Mitterrand a participé à la première guerre du Golfe, a abandonné la Serbie etc. Mais la direction du Parti communiste français n’a pas été en reste. Elle s’est tout d’abord prononcée pour le maintien de l’Algérie française et contre l’indépendance. La République française était « Une et Indivisible » mais elle omettait que la majorité de la population algérienne n’avait pas les mêmes droits que n’importe quel autre citoyen français. Seule une poignée de Trotskistes (les Pablistes désavoués par la 4ème internationale), des militants de toute obédience et d’intellectuels, les « porteurs de valises », ont accompagné les Algériens pour leur indépendance contre la politique coloniale française bien avant le revirement de la gauche. Bref l’Internationalisme laissa souvent la place à la défense des intérêts de la France.
L’imbroglio malien
Formé à l’école du Mitterrandisme, que pouvait faire d’autre François Hollande que de revêtir sa tenue militaire, contredisant même ce qu’il avait exprimé en Octobre 2012 : «Nous ne mettrons pas les bottes sur le terrain » ? (Stephen W. Smith, London review of books, 24 janvier 2013). Mais « Qui » soutenir dans cet imbroglio malien ?
Le Mali
Un peuple de 15 millions d’habitants, 23 ethnies regroupées en 5 grands ensembles : mandingue (Bambara, Soninké, Malinké, Bozo), Pulaar (Peul, Toucouleur), voltaïque (Sénoufo, Minianka, etc.) saharien (Maure touareg, Arabe). Les 9/10ème de la population africaine sédentaire se concentrent dans le Sud du pays essentiellement agricole.
Une vie politique compliquée, éclatée en une pléthore de partis : 120 partis déclarés en 2009 pour 14 formations représentées à l’Assemblée Nationale (2007/2012) et différents regroupements pour les élections : Alliances, Blocs, Convergences, Rassemblements, Unions, Solidarités. Malgré tout, un « Centre malien pour le dialogue inter partis et la démocratie », a fini apr être créé en 2008 sur une plate-forme regroupant 52 partis politiques (dont les 14 représentés à l’Assemblée nationale) et qui a pour but de contribuer à la « promotion de la démocratie et du multipartisme au Mali en vue de consolider l’unité et la cohésion nationale, par le renforcement du dialogue entre les partis et de leurs capacités institutionnelles et organisationnelles ».
Les salariés étaient organisés en deux syndicats principaux : la Confédération Syndicale des Travailleurs du Mali (CSTM) créé en 1998, le plus important, et avec laquelle la CGT entretien des contacts puis l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) fondée en 1963. Mais la création de la « COPAM » (Coordination des organisations patriotiques du Mali) favorable à la junte et hostile à toute intervention de l’extérieur vient brouiller une éventuelle réaction unitaire du mouvement syndical.
Une économie fragile. 36% de la population en dessous du seuil de pauvreté. Une terre d’émigration principalement en France. La dévaluation du F. Cfa par Mitterrand en 1994, sous le prétexte que tout cela devenait trop lourd à gérer pour le Trésor français a eu pour effet de bloquer les projets de développement faute de financement. A laquelle s’ajouta la baisse du prix des matières premières comme le coton et l’arachide les deux cultures principales du Mali. Seule l’extraction minière, l’or et certains minéraux, permettaient à quelques enclaves de mieux survivre. Mais il existerait dans le sous sol du nord du pays revendiqué par les Touaregs, des gisements uranifères prometteurs. Ce qui n’a pas manqué d’ouvrir quelques appétits.
Un réchauffement climatique, une diminution des réserves d’eau, une démographie soutenue, voilà qui aggrave la désertification mais aussi génère des conflits entre ethnies pour la gestion de l’eau.
Un Islam, résultat d’un syncrétisme entre la tradition africaine et l’islam. L’influence des Frères musulmans notamment égyptiens est très présente et oblige les confréries à se défendre face à un militantisme religieux belliqueux.
La zone revendiquée par la rébellion Touareg (menée par un ex colonel de Kadhafi), couvre près de 800000 km2 d’un pays qui a la forme d’un sablier avec un goulot d’étranglement qui sépare le nord du sud.
Il va sans dire que les maliens ont été fortement secoués par cette agression.
« Qui » soutenir ?
Un président de « transition » bafoué, Dioncounda Traoré ?
L’ancien Président Amadou Toumani Touré avait administré d’une manière relativement paisible le pays jusqu’en mars 2012 malgré quelques révoltes sporadiques au nord du Mali. Lorsqu’il est renversé par une junte militaire dirigée par Sanogo parce qu’il n’aurait pas su gérer le conflit avec les Touaregs. La situation crée par le putsch commença alors à inquiéter les occidentaux. La CEDEAO était même intervenue et avait nommé D. Traoré comme Président de transition avec l’accord de Sanogo pour au moins 1 an, le temps d’organiser des élections. Traoré a été par la suite lui-même agressé par des éléments de la junte en mai 2012.
Un militaire putschiste, le capitaine Amadou Haya Sanogo ?, formé aux Etats unis, qui est l’initiateur du coup d’Etat du 22 mars 2012. Il est certain que l’arrivée de la force française va mettre un frein à ses ambitions. Mais il vient d’être nommé « Président du comité militaire des forces de défense et de la sécurité (sic) », d’’une armée déliquescente et divisée ente loyalistes et putschistes. Avec cette nomination on fait de lui l’homme fort qui peut attendre son heure.
Une sédition Touareg au nord du pays et des touaregs divisés ?
Des groupes de Touaregs au nord du Mali ont toujours été soutenus par les Libyens ou les Algériens. Libyens qui finançaient les régimes locaux comme des projets de développement et permettaient une relative stabilité dans la zone sahélienne. La guerre et la chute de Kadhafi ont autorisé les mercenaires de l’ex armée libyenne et de nombreux groupes originaires d’Algérie, de Mauritanie, du Niger et du Mali à s’armer, s’entrainer sur le territoire libyen et ils ont essaimé dans la région en se livrant à de nombreuses exactions.
Les Touaregs ont plusieurs fois posé au gouvernement de Bamako la question d’un territoire autonome dans le nord. En 2006, rebelles touaregs et gouvernement malien avaient signé à Alger de nouveaux accords qui ont été contestés au Mali car ils entérinaient le retrait de l’armée nationale malienne d’une grande partie de la zone nord du pays. Ce qui aurait favorisé leur déploiement. Or les Touaregs sont divisés en plusieurs groupes.
Le MNLA « Mouvement National pour la Libération de l’Azawad » a utilisé la confusion née du putsch militaire de mars 2012 pour passer à l’acte en occupant « l’azawad ». Ils étaient soutenus auparavant par les Français qui leur avaient même offert une représentation à Paris, au risque de paraître aux yeux des maliens soutenir la rébellion touareg et donc d’opter pour la partition du pays
L’occupation manu militari n’a pas été appréciée par Paris. Mais, ce n’est pas le seul groupe armé sur le terrain. Il y a d’autres groupes à l’islamisme radical qui se revendiquent d’Al Qaida, du salafisme et qui veulent supplanter le MNLA et imposer la charia jusque dans le sud du pays. Le groupe « Ansar Dine » (« déviance politique du MNLA » mais fréquentable, selon Alger) par exemple. Ou l’AQMI (AlQaida au Magrheb Islamique) et le MUJAO (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest, issu d’une scission de l’AQMI) qui sont associés a des groupes liés aux narco trafiquants qui ont remplacé le commerce trans-sahélien et trans saharien traditionnel par des marchandises d’un tout autre acabit (armes, drogue, otages etc.). Ils recrutent surtout parmi les différentes ethnies africaines maliennes, des jeunes sans travail, sans avenir et dont le jihad en l’absence de toute autre possibilité pour assurer leur subsistance et celle de leur famille dans une nature particulièrement ingrate est devenu un gagne pain de manière durable.
L’ACQMI comme le MUJAO ont bénéficié du retour des mercenaires libyens après la fin de la guerre. C’est ainsi que le MUJAO a pu prendre le contrôle de la ville de Gao perdue par les touaregs du MNLA en Juin 2012. Comme quoi « nos brillants stratèges militaires» devraient d’abord avant toute intervention « musclée » penser àce qui peut se passer après leur engagement.
Les autres acteurs aux partitions différentes
La CEDEAO (Comité Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest), n’a pas bonne presse au Mali. Les Maliens lui reprochent la médiation au moment du putsch qui n’aurait apporté aucune solution pérenne. Ils se souviennent du rendez-vous d’Ouagadougou dont ils sont sortis plus divisés qu'unis sur le sort de leur pays. L’entente s’était seulement réalisée sur le mode de désignation d’un Premier ministre de transition.
L’Algérie a été relativement ambigüe jusqu’à l’attaque du site gazier d’In Amenas. Alger a besoin de sécuriser sa frontière qui s’enlise dans les sables du sud proches des gisements pétrolifères et gaziers, pour l’essentiel extraits par des compagnies étrangères, dont des compagnies américaines. C’est l’une des raisons de l’hostilité d’Alger à toute intervention militaire étrangère surtout occidentale, car elle craignait une déstabilisation à ses frontières sud. D’autre part elle se pensait en interlocuteur privilégié de Washington pour la région. Elle devait donc prouver qu’elle était capable de contrôler la zone. C’est à ce titre qu’elle aurait privilégié ses relations avec le groupe Ansar Dine en lui laissant le libre accès à son territoire. L’attaque du site a montré à l’Algérie qu’elle devait modifier son approche des groupes Touaregs. Sinon l’espoir d’être reconnue par Washington comme la puissance régionale dominante pouvait s’évanouir. Bouteflika a reçu la visite de F. Hollande à Alger des 20 et 21 Décembre, après celle d’Hillary Clinton en Octobre, ce qui a rendu plus facile certainement l’acceptation par la suite du survol du pays par l’aviation française et la fermeture de sa frontière avec le Mali.
Les Usa.
Bien entendu, ils sont présents et bien présents de l’Atlantique à la mer Rouge et l’Océan indien. Là où ils n’ont pas de base formelle, ils ont semé de très petites unités de renseignement. Mais aux yeux de l’opinion publique internationale, ils ne peuvent intervenir militairement ouvertement partout. Ils activent donc « leurs supplétifs » quand il le faut, comme l’Angleterre et la France en Libye, ou la France au Mali, en mettant à leur disposition armement et technologie militaire de pointe comme les drones.
Sur le plan plus général du Moyen Orient, on pourrait dire que la politique de G. W. Bush junior de remodelage politique de cet ensemble de pays par les « guerres préventives » contre « les forces de l’axe du mal » est devenu un dogme pour l’administration américaine. Elle a éliminé S. Hussein, Kadhafi comme elle cherche à éliminer Bachar el Assad le Syrien et Ahmadinejad l’iranien. Il ne s’agit pas de défendre ces hommes cruels et sanguinaires qui ne savent répondre à leur peuple que par le sang et l’emprisonnement ou la torture, mais de remarquer que la stratégie prônée par G.W. Bush s’est d’une certaine manière réalisée même si les révoltes de la jeunesse et des peuples pour le pain, le travail et la liberté n’étaient pas exactement ce qu’elle attendait. Les Américains sont directement responsables de la situation dangereuse au Moyen Orient avec leur guerre en Irak, en Afghanistan et indirectement en Libye et au Mali par l’intermédiaire des Anglais et des Français, mais aussi par leur soutien inconditionnel à Israël comme celui à leurs autres alliés, l’Arabie Saoudite et le Qatar qui financent et diffusent un islam sunnite rigoriste décidé à vaincre le chiisme de l’Iran et de la Syrie soutiens du Hezbollah et du Hamas.
La France
Pourquoi la France ne s’est-elle pas donnée, dès le début 2012, les moyens de la diplomatie pour des solutions négociées entre toutes les parties quels que soient les efforts à fournir et le temps à prendre ?
Voilà comment Jeune Afrique (21/28 janvier 2013) relate la façon dont aurait été prise la décision de la guerre : « Il faut une demande expresse de Bamako à Paris pour formaliser l’intervention française à venir, sans quoi les Algériens, les Russes et les Chinois risquent de s’y opposer… le 10 (janvier) Traoré envoie une lettre à F. Hollande pour le supplier d’intervenir militairement. En même temps Bamako envoie une autre lettre au secrétaire général de l’ONU, au ministère français de la Défense. Formellement F. Hollande n’a pas encore fait le choix de la guerre ». Le soir même, fort heureusement « F. Hollande et Barak Obama se parlent ». Ce dernier n’a pas d’informations alarmantes, mais il dit au Président Hollande qu’ « il lui fait confiance. Simultanément le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, fait demander au Conseil de sécurité de l’Onu une réunion de toute urgence ». Le 11 Janvier l’armée française est en action à Konna.
Il est vrai que la résolution 2085 de l’ONU votée le 20 Décembre 2012 n’autorise pas la France à intervenir, mais essentiellement « le déploiement d’une force internationale au Mali » et indique « que la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA) actuellement en gestation prendra toute mesure utile pour aider à reconstituer la capacité des Forces de défense et de sécurité maliennes et pour aider les autorités de Bamako à reprendre les zones du nord de son territoire. » Elle invite aussi « Les États Membres, y compris ceux du Sahel, ainsi que les organisations régionales et internationales à fournir un appui coordonné à la MISMA », (Mission internationale de soutien militaire au Mali sous conduite africaine ) qui avait été prévue pour Septembre 2013 et qui était en cours de constitution et donc pas vraiment prête à intervenir, bousculée par la décision française.
Il est vrai aussi que la France a différents intérêts à défendre non seulement dans la zone du Sahel, mais aussi dans toute l’ex Afrique Occidentale. Pourquoi ? Elle tient à conserver son rang de puissance politique et militaire. Intérêts Politiques, avec l’appui des voix des pays de sa zone d’influence, primordial pour conserver son rang à l’O.N.U. Intérêt politique face à l’Allemagne : si toi Allemagne, tu as le pouvoir économique, moi la France, j’ai une vision et un rôle politique international qui me permet d’intervenir dans les conflits et de continuer à porter mes idéaux de liberté et de démocratie. Elle a aussi des otages à libérer. Intérêts politiques et culturels pour le maintien et le partage de sa langue et résister à l’envahissement du monde par la culture et la langue anglo-saxonne. Et des intérêts économiques bien sur. Nombreuses sont les Entreprises françaises présentes en compétition avec les Groupes américains ou même chinois.
Un néo impérialisme en action ? Certes, en cas de crise, le capitalisme a toujours résolu ses contradictions par la fuite dans la guerre. Et de nombreuses conflits armés ont existé et existent toujours mais à la périphérie de l’Europe. Hormis celui de la Yougoslavie, où les Nations européennes rejouèrent leurs alliances historiques d’avant la deuxième guerre mondiale et qui s’est terminé par le démantèlement de l’union yougoslave, la guerre ayant été préférée à la négociation. On a du mal à croire qu’il s’agit d’une intervention vertueuse et généreuse en faveur du peuple malien pour son intégrité territoriale et sa souveraineté nationale. D’autre par la France a réintégré l’Otan et en tant que telle elle participe aux desseins de la puissance prééminente et ne peut disposer de ses forces militaires sans que l’Otan et les Etats Unis ne soient avertis. On peut aussi douter de sa capacité à tenir seule une guerre, avec une armée dont le budget a été largement amputé, dans un monde globalisé ou la concurrence est âpre et dure au moment même ou elle subit une profonde crise d’identité confrontée à une Europe qui conduit les peuples à la faillite et à un suicide collectif financier, économique et politique.
Une intervention militaire de la France, pour la refondation du pays et de ses institutions, selon le souhait de certains politiques à droite comme à gauche, JP Chevènement et bien d’autres ? A proscrire. Le collectif Afrique du Front de gauche, pour sa part, vient de se déterminer « contre la guerre », « pour une clarification des objectifs stratégiques », pour que la souveraineté sur le territoire « soit du ressort de l’armée malienne » et que toute intervention africaine « soit placée sou mandat de l’Onu » (mais c’est le cas ici, non ?), « les solutions politiques devant primer sur les logiques guerrières ». D’accord. Pourquoi alors cette ambivalence dans le texte ? : « la reconstruction d’un Etat, d’une démocratie, d’une souveraineté (..), la renégociation des droits du peuple touareg, doivent aller de pair avec un processus national constituant impliquant le peuple malien lui-même. », le terme est vague, il laisse entendre qu’il pourrait y avoir d’autres participants au processus. Or la refondation du pays ne peut être que l’œuvre des seuls maliens sans aucune autre ingérence que ce soit. C’est à eux seuls de décider quand, comment et pourquoi et pas seulement leur offrir de « s’impliquer ».
D’autre part, où est donc passée la mobilisation pour une VIème République qui mettra fin aux pouvoirs exorbitants du Président tel que définis par la Vème Constitution ?
Encore faut-il mobiliser le peuple français qui devrait être à même de juger du bien fondé ou non de cette guerre sur laquelle l’exécutif, lui-même, n’a pas été consulté. Pour l’instant les Français sont relativement indifférents à la guerre au Mali, même s’ils ont été touchés par la « ferveur » de l’accueil malien, préoccupés qu’ils sont par leurs problèmes internes (chômage, récession, etc.). Il ne faudrait pas cependant que cette guerre s’éternise et qu’elle commence à coûter cher, en hommes comme en financements. Le gouvernement tente de les rassurer en leur promettant pour Mars, puis Avril, (et ensuite ?), le retrait des troupes, or il y a un sérieux risque d’enlisement, car les « forces africaines » sont encore majoritairement dans les limbes.
Les américains ne viennent-ils pas de sonner la fin de partie en suggérant qu’il était temps de déployer les casques bleus dont le financement sera assuré par l’ONU ? (le Monde du 15 mars 2013).
L’intervention de la France aurait pu être crédible et dénuée de toute arrière pensée, si le gouvernement Hollande avait fait campagne lors des élections ou annoncé sa volonté de retrouver l’autonomie ou la sortie de la France de l’Otan. Mais rien ne s’est dit sur cette présence de la France dans l’Otan. La seule guerre acceptable et préférable à l’usage des canons, est celle pour le développement du pays. C'est-à-dire la guerre contre la misère, pour l’éducation, la santé, le soutien des cours des matières premières par le biais d’une politique de redistribution équilibrée des gains provenant de l’exploitation des richesses du Mali, etc.
Les Français doivent mesurer le danger de cette politique interventionniste, s’emparer du débat et trancher en connaissance de cause, d’autant plus que l’on voit se profiler à l’horizon une autre intervention britannico-française : la Syrie.
Mars 2013
Revue de presse Mali 2013 : " 27/03/2013, La France en guerre « préventive » au Mali « contre le terrorisme » ?, La Sociale"