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La globalisation, c'est la lutte des classes

Loi travail à l'italienne

Par la-sociale • Internationale • Dimanche 20/03/2016 • 0 commentaires  • Lu 2110 fois • Version imprimable


Nous publions ici un extrait de l'intervention de Diego Fusaro lors de l'émission "La Gabbia" sur La7. "Loi travail' en France, "Jobs Act" en Italie: les problèmes sont évidemment les mêmes.

G : Alors, je commencerai par Diego Fusaro. Ce que nous avons dit, longtemps avant, c’est que les nouveaux leaderships, y compris au centre-droit, sont deux leaderships qui vont démobiliser – comme nous l’avons dit abondamment – la vieille distinction droite-gauche, désormais c’est : pour l’Europe ou contre l’Europe, pour l’establishment ou contre l’establishment, l’immigration ou l’identité, etc. et donc « Europe et capitalisme », c’est ton livre, ton essai. À la lumière de tout ce que nous avons vu, essayons de le remettre à l’intérieur de cette architecture de l’Europe, parce que cette entreprise en quelque manière est commandée par la finance.

Diego Fusaro : Certainement, en effet aujourd'hui nous sommes totalement au-delà de la vieille dichotomie entre droite et gauche et la véritable dichotomie à l’intérieur de laquelle devrait se structurer le débat politique est celle de l’acceptation du fanatisme économique avec la dictature de la finance opposée à sa contestation effective, c’est cela aujourd’hui la véritable dichotomie. Celui qui accepte le fanatisme économique, classiste, planétaire, organisé par le pouvoir et les puissants et celui, au contraire, conteste ce pouvoir en se plaçant du côté des opprimés, si on veut utiliser les vieilles catégories. Ceci est le point fondamental et, cependant, qui se situe véritablement dans ce contexte ? Je crois qu’aucune des forces et pas plus évidemment celles qui se situent à droite de celle qu’on vient d’évoquer, n’est réellement en mesure de structurer une puissance anticapitaliste, parce que, si parfois elles prennent des positions justes sur le thème de l’Europe, après, il manque toujours une grammaire commune qui assume la nécessité de la lutte contre le fanatisme économique financier comme horizon, et c’est pour cette raison que s’il y a bien certaines prises de position justes il manque toujours une revendication claire et consciente en défense de la démocratie, des droits sociaux, qui, et ce n’est pas un hasard, sont démantelés les uns après les autres. Mais il est certain en effet que désormais la distinction entre banquier et usurier est purement nominal, parce que les banques aujourd’hui fonctionnent en permanence sans rapport avec la classe moyenne et la classe laborieuse qui sont détruites par des opérations usuraires du système bancaire mondial. C’est la raison pour laquelle, si vous me permettez, à propos de la maison qui est pour moi un droit fondamental inaliénable de tout être humain, qui doit venir bien avant le marché, les banques et toutes ces turpitudes, aujourd’hui le modèle effectif est celui qui produit un déracinement mondial en vertu duquel non seulement ne seront pas accueillis et intégrés les migrants, ce qui serait une chose juste et bonne, mais encore, nous-mêmes serons déracinés parce que l’objectif est de produire une population mondiale d’atomes déracinés comme les migrants contraints à n’avoir ni maison ni patrie, ni culture ni droits sociaux : c’est cela le modèle du déracinement capitaliste. Je vous dirai, au-delà des bavardages, pour quelles raisons le « Jobs Act », qui déjà fait rire avec ce nom anglophone qui trahit les origines de notre peuple, est un attentat contre le monde du travail, contre les travailleurs et leurs droits, pour deux raisons très simples : il promet un travail pour un temps indéterminé de manière abstraite et en fait implique la possibilité d’un licenciement immédiat – comme il ressort de ce qui a été dit ci-dessus – pour les travailleurs, donc premier attentat contre le monde du travail et poursuite de l’œuvre de flexibilisation du travail qui est une tendance qui a déjà été engagée depuis longtemps : Paquet Treu, Loi Biagi et ainsi de suite. Le second attentat contre le monde du travail dont personne ne parle réside dans le fait que depuis janvier 2016, grâce au magnifique « Jobs Act », il n’est plus obligatoire que soit présent sur les postes de travail le registre des accidents ; je ne sais pas si vous vous rendez compte de la gravité de cet attentat contre le monde du travail et ici c’est un attentat de classe : les dominants grâce à une gauche vendue au capital sont en train de massacrer les travailleurs. Alors ici apparaît clairement toute la limitation du système du libre échange et de l’évangile de la compétitivité pour deux raisons essentielles : premièrement la loi du libre échange est celle par laquelle on trouve toujours quelqu’un pour travailler pour un prix encore inférieur et donc la qualité ne compte pas : qu’arrivent des oranges d’un autre pays à un niveau de coût plus bas et on les achète ; deuxièmement la globalisation signifie le fait que, si nous l’acceptions – et c’est un choix politique – d’un seul coup les travailleurs italiens, français, allemands, qui ont des droits acquis par les luttes revendicatives, doivent rivaliser avec les millions de travailleurs chinois sans garanties et sans droits. Et qu’est-ce qui arrive ? Que les travailleurs chinois obtiennent aussi des droits ? Rien de tel. Les nôtres perdent leurs droits. Donc c’est bien un processus de classes, c’est la lutte de classes que vous appelez globalisation.


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